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Grégory Lemarchal, le petit prince au destin brisé
Grégory Lemarchal, le petit prince au destin brisé
Grégory Lemarchal, le petit prince au destin brisé
Livre électronique214 pages2 heures

Grégory Lemarchal, le petit prince au destin brisé

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À propos de ce livre électronique

Des rangs de la Star Academy au fronton de l’Olympia, il a franchi en un éclair la distance séparant l’anonymat du vedettariat. Et pourtant, ce gamin dont tant d’autres enviaient l’irrésistible ascension n’était pas né sous une bonne étoile, car chanter, pour lui, représentait un combat de chaque instant. Harcelé par la mucoviscidose, ce démon accaparant la moindre parcelle de son souffle, il n’a pu remporter une lutte inégale face au mal qui le consumait et, malgré sa détermination, a finalement succombé au sommet de sa notoriété. Si l’artiste au visage d’ange s’est envolé vers un monde de sérénité, sa carrière, cependant, ne s’est pas arrêtée le jour d’avril où son organisme à bout de force a cessé de résister. Grégory Lemarchal n’a pas quitté le cœur de ses fans et sa voix aux sonorités cristallines n’a pas été réduite au silence. Il continue, par-delà les nuages, à vivre à travers ses chansons et poursuit à sa façon l’éblouissante trajectoire du Petit Prince au destin brisé.

LangueFrançais
ÉditeurAlain-Guy Aknin
Date de sortie16 avr. 2015
ISBN9781311011916
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    Aperçu du livre

    Grégory Lemarchal, le petit prince au destin brisé - Alain Perceval

    VENDREDI 13

    13 mai 1983. Comme chaque vendredi 13, les Français se précipitent dans les bureaux de tabac pour tenter leur chance aux jeux de hasard, cherchant leurs numéros fétiches dans les billets de loterie, cochant fébrilement les dates importantes de leur vie sur les cases des grilles de Loto. Dans la France de 1983, tout se passe plutôt bien. Les vignerons se frottent les mains car la récolte s’annonce de grande qualité pour les vins de Champagne, Bordeaux ou Bourgogne. Les gens de droite ont digéré la victoire de la gauche à l’élection présidentielle deux ans auparavant et ceux de gauche commencent à s’habituer à l’idée qu’ils ont gagné. Dans le domaine musical, d’extraordinaires innovations ont fait leur apparition depuis peu : le Compact Disc et le lecteur laser vont, en mettant au rancart le microsillon en vinyle, relancer de façon spectaculaire une industrie du disque mal en point… Sans être aussi déprimée qu’elle le deviendra vingt ans après, elle en a franchement besoin.

    Peu de temps avant ce vendredi 13 mai, l’équipe de France de football a écrasé celle de Yougoslavie au Parc des Princes, trois semaines tout juste après la naissance d’un certain Franck Ribéry qui fera plus tard un beau parcours sur les pelouses des stades. 1983, c’est l’année où Georges Rémi, dit Hergé, créateur de Tintin, s’en va rejoindre le paradis des dessinateurs tandis que la navette Challenger effectue son premier vol spatial et qu’une gamine québécoise nommée Céline Dion collectionne des récompenses en France et au Canada. Jackie Quartz signe un joli tube avec Mise au point, Isabelle Adjani triomphe avec l’album Pull marine écrit par Serge Gainsbourg, la musique new wave commence à envahir la planète, Michael Jackson cartonne avec Billie Jean et son clip à deux cent cinquante mille dollars… Il s’en passe des choses, en 1983.

    À La Tronche, commune de la région Rhône-Alpes située entre le mont Rachais et les rives de l’Isère, on n’échappe pas à la frénésie du jeu et personne n’a vraiment à l’esprit l’épisode sur le point de se dérouler dans l’une des familles de la localité. Les événements, il faut dire que La Tronche en a vu un certain nombre dans son histoire, surtout pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque des pensions de famille s’étaient fait une spécialité d’abriter des persécutés du nazisme. Elle s’enorgueillit d’ailleurs d’avoir compté parmi ses habitants Éva Péan-Pagès qui, après avoir caché cent vingt réfugiés dans sa villa, a reçu la médaille de « Juste parmi les Nations » décernée par Israël pour avoir sauvé des juifs de la déportation.

    Chez les Lemarchal, on ne se préoccupe ni de recherche du gros lot ni des événements historiques car Laurence, épouse de Pierre, va donner naissance au premier enfant du couple, beau poupon plutôt joufflu auquel on attribue les prénoms de Grégory Jean-Paul. Ils sont comblés de l’arrivée de ce fils aux joues rondes et aux membres potelés, dont la chevelure brune déjà relativement fournie recèle la promesse d’une belle tignasse. Un premier bébé, c'est toujours une joie exceptionnelle, la découverte d’un bonheur dont on ne soupçonnait pas l’intensité, un enchantement et un étonnement de tous les instants auquel Pierre et Laurence n’échappent pas.

    Grégory naît sous le signe du Taureau, ce qui indique généralement une nature efficace et réaliste préférant l’action aux états d'âme, mais sans fermer la porte à la sensibilité. Un Taureau met tout en oeuvre pour atteindre les buts qu’il se fixe, ne lâche jamais prise devant les difficultés et possède un charme dont il sait se servir. Son goût délicat, son sens de l’élégance lui permettent d’apprécier au mieux tout ce qui peut rendre la vie agréable. Dans chaque Taureau, il y a une forte dose de feu, de l’énergie, de la confiance en soi, mais aussi de l’intuition, la sagesse de celui qui se méfie du clinquant et le besoin d’une bonne part de cœur dans les rapports avec les autres.

    En cette année 1983, le prénom Grégory, particulièrement à la mode, est attribué à plusieurs milliers de petits garçons. D’origine grecque, il signifie « celui qui veille » ou « qui est vigilant » et il s’est d’abord répandu, sous la forme grecque Gregorios et la version latine Gregorius, parmi les chrétiens de l’Antiquité, puis un peu partout en Europe, surtout en Russie, en Angleterre et en France, grâce à la renommée du pape Grégoire le Grand. Selon les spécialistes, il dénote un caractère indépendant, rapide, actif, qui séduit grâce à son enthousiasme, craint la solitude, manifeste une réelle joie de vivre et éprouve une grande tendresse à l'égard des siens.

    Tout cela, les jeunes parents ne savent pas encore si cela s’avèrera exact, simplement émerveillés d’avoir donné la vie à ce petit être dont la présence est déjà si forte. Malgré sa personnalité solide et son caractère de battant, Pierre est envahi par l’émotion qui submerge tout nouveau papa. Déjà, il se prend déjà à rêver de ce qu’il pourra vivre avec ce fils en partageant, il l’espère, des moments de complicité et des passions communes, entre autres celle du basket, qu’il pratique assidûment après avoir été chasseur alpin et officier des sports à l'armée. Il va d’ailleurs bientôt devenir entraîneur de l'équipe féminine de Challes-les-Eaux, en Savoie, qu’il réussira à hisser au meilleur niveau national. Mais ce n’est pas son seul centre d’intérêt car il adore également la chanson et ne peut s’empêcher de roucouler à tout instant les grands succès français, surtout ceux de Serge Lama, berceuses un peu inhabituelles qui agacent gentiment l’oreille de Grégory.

    Entre l’énergique Pierre et la douce Laurence, le bébé grandit dans la béatitude d’un enfant nourri de l’air pur de la Savoie et de l’amour de parents éblouis par ses sourires et ses gazouillements. On compte encore son âge en mois, qu’on égrène les uns après les autres comme une joyeuse comptine, découvrant chaque fois une nouvelle expression sur son joli visage, admirant la rapidité de ses courses à quatre pattes dans la maison de Sonnaz, le village où vivent les Lemarchal, s’attendrissant devant ses bêtises maladroites.

    Bientôt, le temps passe si vite, le deuxième anniversaire de Grégory approche, car il a déjà vingt mois. Toujours mignon, espiègle et câlin, il a fait ses premiers pas et parvient à tenir fermement sur ses petites jambes, mais il semble avoir quelques difficultés à respirer ; rien d’inquiétant, sans doute, mais il vaudrait mieux consulter un peu plus en détail que d’habitude.

    À l’issue des examens, le terrible verdict tombe tel un coup de masse : il est atteint de mucoviscidose, une maladie génétique respiratoire d’une extrême gravité. « Mucoviscidose », un terme qu’ils n’avaient jamais entendu auparavant, un jargon médical auquel ils ne comprennent pas grand-chose et dont Pierre espère trouver l’explication dans le dictionnaire. Tournant fébrilement les pages, il peut y lire, en quelques mots d’une terrible brièveté, qu’il s’agit d’un mal souvent fatal. Désemparés face au traumatisme qui les heurte de plein fouet, terrorisés à l’idée que leur fils est désormais un condamné en sursis, les parents vont demander conseil à leur ostéopathe, qui les oriente vers le centre hospitalier de Grenoble, où le Dr Jean-Pierre Gout va prendre en charge Grégory.

    En France, la mucoviscidose touche à peine un enfant sur deux mille cinq cents et c’est une affection que l’on ne sait pas soigner. Elle provoque des problèmes de respiration, une toux chronique, oblige à cracher souvent pour se dégager les poumons et il n’existe pas de traitement pour l’éliminer, les progrès de la médecine permettant seulement d’allonger la vie des malades, dont beaucoup décèdent avant l’âge de trente ans. La mucoviscidose, c’est une vraie saloperie du destin.

    L’association qui essaye de faire avancer la recherche médicale dans ce domaine s’appelle Vaincre la mucoviscidose et c’est vers elle que vont naturellement se tourner Laurence et Pierre. Il leur faut non seulement surmonter leur angoisse, mais aussi apprendre à s’occuper de cet enfant victime d’une injustice de la vie, auquel ils doivent accorder une attention plus soutenue que jamais. Vaincre la mucoviscidose existe depuis vingt ans déjà lorsque les parents de Grégory frappent à sa porte, pleins d’espoir car elle a permis de réaliser des progrès considérables : à l’époque de sa création, un enfant touché par cette maladie avait une espérance de vie de sept ans à peine, alors qu’il y a maintenant des adultes parmi les « mucos ».

    Accompagnant les malades et leurs familles dans chaque aspect d’une destinée bouleversée par ce fléau, elle a pour missions prioritaires de soigner, permettre de vivre mieux, et explique aux Lemarchal qu’une sacrée organisation va être nécessaire dans leur maison pour donner à Grégory toutes les chances de grandir normalement. Il faudra organiser des séances de kinésithérapie respiratoire une à deux fois par jour pour désencombrer les bronches, utiliser des aérosols pour ramollir les sécrétions, administrer, entre autres médicaments, des antibiotiques, et veiller à ce que les repas soient énergétiques.

    Malgré ces contraintes et leurs inquiétudes, ils comprennent une chose, que les médecins jugent d’ailleurs essentielle : dans toute la mesure du possible, Grégory doit mener une vie normale ; or, coup de chance, il semble avoir le caractère pour lutter et ne pas se différencier des autres enfants. Bientôt, Pierre Lemarchal va l’initier au sport, l’aider à se forger un corps solide pour mieux résister aux attaques microbiennes. Très vite, Grégory se passionne pour le basket, dont son père lui transmet le goût, puis, comme tous les gamins, s’intéresse au football, pratiquant les deux au poste d’attaquant, signe évident de sa combativité, de son besoin de gagner, de son désir, encore inconscient, de se surpasser. Le sport, c’est pour lui le moyen de canaliser une énergie déjà débordante.

    Grégory grandit et entre à l’école, comme tous les garçons de son âge. Les spécialistes le disent, la capacité à supporter psychologiquement le poids de la maladie est essentielle et un enfant atteint de mucoviscidose doit mener la scolarité la plus classique. Il ne faut ni traitement de faveur ni apitoiement, garder le secret s’il ne veut pas que les autres élèves soient informés, mais il faut aussi de la compréhension, car les soins prennent une à deux heures par jour tandis qu’il est nécessaire d’aller régulièrement à l’hôpital surveiller l’évolution de la maladie.

    De plus, on doit aménager la classe en veillant à ce qu’il n’y ait ni aquarium, ni plante verte ou bouquet de fleurs, car leur eau peut contenir des germes dangereux. Pour la même raison, il ne doit pas, lors des sorties scolaires, s’approcher des mares ou des lacs et il lui faut une bouteille d’eau minérale toujours à sa disposition, car il a besoin de boire beaucoup mais ne peut le faire au robinet. Tout cela n’est pas simple, mais ses parents le gèrent parfaitement, et Grégory lui-même, compréhensif et déjà responsable, intègre bien ces contraintes qui deviennent des habitudes. Heureusement, il n’aura pas, dans cette belle région de Savoie, à respirer l’atmosphère polluée d’une grande ville, qui serait tellement nocive à ses jeunes poumons. Il n’en reste pas moins que son espoir de vie, dans l’état actuel de la médecine, est de dix-sept ans à peine.

    Tout le monde constate que Grégory n’est pas du genre à se laisser abattre : actif, enthousiaste, décidé à vivre ses désirs de gosse, il manifeste une détermination et une maturité étonnantes pour son âge, résolu à vaincre la maladie plutôt qu’à se laisser dominer par elle. Au groupe scolaire de Pré Hibou, son institutrice Evelyne Deloye garde le souvenir d’un « enfant souriant et enjoué », tandis que ses copines Delphine et Elodie se rappellent qu’il était très drôle, faisait rire toutes les filles, mais… ne s’intéressait pas beaucoup aux cours. Pourtant, malgré la lourde thérapie qui constitue son quotidien, il manque le moins souvent possible et pratique régulièrement le sport : le ski, le basket, le football, devenu pour lui une véritable passion, et même le parapente. Cela ne l’empêche pas, en se nichant le soir dans son petit lit, de s’entourer de tous les jouets en peluche dont il dispose, se plaçant sous leur protection imaginaire car, plus que tout autre, il ressent un pressant besoin de sécurité.

    C’est l’époque où Le Club Dorothée est devenu, sur TF1, le programme culte des gamins, qui y découvrent avec ravissement les mangas, ces dessins animés japonais jusqu’alors inconnus en France. Parmi ceux-là, Grégory est particulièrement fan de Dragon Ball Z et de son héros un peu farfelu Sangoku, petit garçon prodige des arts martiaux qui a vécu seul dans la forêt après la mort de son grand-père et ignore à ce point les bonnes manières qu’il n’hésite pas à faire pipi en public ! Et puis, dès qu’il est en mesure de les comprendre, il dévore les bandes dessinées de Tintin, Boule et Bill ou Astérix le Gaulois.

    L’été, les Lemarchal passent souvent les vacances à Balaruc-les-Bains, charmante station thermale de la Méditerranée entre Sète et Montpellier, au pied de l’Étang de Thau, celui qui, un jour où il le regardait par la vitre d’un train, avait inspiré à Charles Trenet son immortel succès La Mer. Ils y vont à la plage, profitent du soleil, font des balades mais aussi de bons petits repas dont Grégory gardera toujours le souvenir. [TDM]

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    BAISERS AMERS

    La vie suit son cours, paisible et joyeuse malgré les inquiétudes et les contraintes imposées par son traitement quotidien, mais elle est parfois marquée de ces désillusions subies par les enfants en découvrant certaines vérités. Ainsi, Grégory, qui a maintenant 7 ans, apprend avec stupeur que le Père Noël n’existe pas, révélation assénée par un copain décidé à lui faire toucher du doigt la dure réalité commerciale des fêtes de fin d’année. Après vérification, il en voudra à ses parents de ne pas lui avoir dévoilé plus tôt la supercherie : il était le seul de sa classe à croire encore aux bienfaits du bonhomme à la barbe blanche !

    C’est à la même époque qu’une nouvelle venue fait son apparition au foyer des Lemarchal, un joli bébé

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