À LA UNE
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LA RECONQUÊTE. UN PROJET POLITIQUE ENTRE CHRÉTIENTÉ ET ISLAM, DANIEL BALOUP, Armand Colin, 184 p., 24,90 €
![f0091-05](https://article-imgs.scribdassets.com/35z4qnhurkcov9cw/images/file0A1SQC7M.jpg)
Ce petit livre très dense groupe ses cinq chapitres en deux parties bien distinctes. La première établit à grands traits les faits en trois chapitres chronologiques qui vont du Xe siècle à la chute de Grenade, siècles de combats, mais encore plus de coexistence, de tractations et d’alliances. La seconde pose des questions de fond: la reconquête a-t-elle été une guerre sainte? Une croisade? Comment s’est opérée la coexistence entre chrétiens et musulmans dans les territoires repris par les monarchies hispaniques et dans leur zone de contact? Enfin, une conclusion interroge l’expulsion finale des minorités religieuses, les Juifs en 1492, les morisques (musulmans demeurés dans les États chrétiens) entre 1608 et 1610. L’ensemble porte le plus grand soin à établir les très importantes différences de vision et de projet idéologique entre les États hispaniques (opposant le Nord-Ouest au Nord-Est) et ne sépare pas la reconquête du contexte international, qu’il s’agisse des rapports entre papauté et monarchies européennes ou des autres affrontements entre chrétiens et musulmans (conquête de la Sicile, croisades en Terre sainte, progression ottomane). Loin de tout simplisme, Daniel Baloup réussit un petit chef-d’œuvre de clarté sur une affaire pourtant fort complexe, armant ainsi le lecteur contre toutes les manipulations qui s’attachent à la pseudo-tolérance d’al-Andalus ou à la nature d’un soi-disant projet national espagnol de reconquête sur un ennemi irréductible. JL
J’ai capturé Eichmann. Mémoires d’un maître espion du Mossad, Rafi Eitan, Nouveau Monde, 368 p, 23,90 €
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Rafi Eitan (1926-2019) est d’abord un jeune combattant du Palmach, troupe juive clandestine très à gauche fondée en 1948 au sein de l’armée de l’État hébreu. L’année suivante, il intègre le Shin Bet, équivalent israélien de la DGSI. Son mentor? Isser Harel, un ami de famille qui, fait unique dans les annales du pays, dirige jusqu’à 1963 la communauté israélienne du renseignement tout entière. Outre le Shin Bet, le renseignement extérieur (Mossad) et le renseignement militaire (Aman), Eitan s’occupe de la surveillance de l’extrême droite israélienne et s’initie parallèlement à des techniques d’espionnage très intrusives. Après un séjour à Londres pour se familiariser avec l’anglais, il prend le commandement de l’équipe chargée de kidnapper, à Buenos Aires, un des pires bureaucrates de la solution finale, Adolf Eichmann. Le récit de cette mission qui connaît des heurts — notamment avec Harel, venu interférer sur place — occupe