Le bâtiment que vous venez de voir sur la page précédente se nomme Le Signal. Lors de sa construction, à la fin des années 1960, à Soulac-sur-Mer, au nord de Bordeaux, c’était un symbole du développement touristique de la région – un appartement avec un accès privilégié à la plage ! L’immeuble trônait à 200 m de l’Atlantique, protégé de l’océan par une dune. Et voilà que 50 ans plus tard, les vagues s’abattent à quelques mètres seulement – soit une avancée d’environ 4 m par an – et les 78 appartements ont été évacués. Le bâtiment a été détruit l’an dernier, c’est l’une des premières victimes de l’érosion côtière de l’Hexagone.
Et certainement pas la dernière. Un rapport du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) paru en février 2024 alerte : le phénomène va s’accentuer dans les décennies à venir. D’après les modélisations, dès 2050, 5 200 habitations et 1 400 bureaux, restaurants, commerces, campings et hôtels seront directement menacés par le recul du trait de côte sur les littoraux français. Avec un coût total estimé des dégâts potentiels faramineux : 1,2 milliard d’euros.
Le phénomène d’érosion n’est pas une surprise. “Il existe depuis des milliers d’années, souligne Antoine Deburghgraeve, ingénieur Risques côtiers à l’Observatoire de la côte Nouvelle-Aquitaine. Certaines de ses causes sont naturelles, comme le vent