nfant, chaque poussée d’autonomie occasionnait chez moi une fierté indicible: que je noue enfin mes lacets ou coupe ma purée avec un vrai couteau à bout rond et soudain je me sentais pousser des ailes d’albatros sur mon dos de poussin. J’en rougissais de bonheur et sûrement mes parents en soupiraient de soulagement. J’ai appris ainsi à lire, à écrire, à rouler sans les petites roues, à nager sans avoir pied, à dresser la table, puis à prendre le bus, à passer mes examens. À ce stade, je ne rêvais plus que d’une chose: habiter dans mon propre studio et devenir adulte et choisir à quel moment de la journée je mangeais une crêpe au Nutella – juste avant le dîner si je voulais, ha ha ha libre, je suis libre. C’est avec les premières factures EDF que j’ai compris que l’autonomie avait un prix et que l’âge adulte
