Le 10 février 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans. Alors même que le conflit opposait la France, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, mais aussi la Prusse et les territoires Habsbourg, le premier article du traité concerne les territoires nord-américains. Louis XV cède « le Canada avec toutes ses dépendances » à George III d’Angleterre, sans qu’il soit « libre de revenir sous aucun prétexte contre cession et garantie, ni de troubler la Grande-Bretagne dans les possessions sus-mentionnées ». Durant les pourparlers de paix, ni le roi de France ni le duc de Choiseul ne revendiquent le Canada. Ainsi, dès le 22 février 1762, Choiseul écrit au commissaire britannique Egremont que le roi de France « trouve juste que l’Angleterre conserve le Canada », mais qu’il veut en dédommagement « la restitution de la Martinique et de la Guadeloupe ». Le Canada se réduirait-il donc à quelques « arpents de neige », comme l’écrivait Voltaire dans un courrier envoyé en 1756 au Genevois Jean Robert Tronchin ? Ne serait-il qu’une simple monnaie d’échange à la table des négociations ?
L’Acadie, un premier renoncement
Si abandon il y a eu, il est à examiner à l’échelle du siècle des Lumières. Une première clé de compréhension réside dans la paix d’Utrecht (1713), qui marque la fin de la guerre de Succession d’Espagne. L’Amérique du Nord est alors le théâtre d’affrontements entre Espagnols, Français et Anglais, prouvant l’insertion des enjeux coloniaux dans les conflits européens. À l’issue de la guerre, Louis XIV doit céder la baie et le détroit d’Hudson, l’Acadie et Port-Royal. Il ne conserve que