Longtemps, les rois de France ont été réticents à l’idée de se doter d’une flotte. Quand saint Louis franchit en effet par deux fois la Méditerranée pour partir en croisade, il emprunte des bateaux génois. C’est seulement à partir du règne de Philippe le Bel (1285-1314) qu’un effort considérable est entrepris pour bâtir une flotte de guerre, comme l’illustre la fondation du célèbre « Clos des galées », un chantier naval ouvert à Rouen dans les années 1290. Dès les premières années de la guerre de Cent Ans, l’entourage de Philippe VI de Valois caresse l’idée d’utiliser cette flotte, étoffée par des vaisseaux de commerce réquisitionnés, pour des opérations amphibies contre l’Angleterre. Un plan d’invasion en bonne et due forme est d’ailleurs préparé en 1339, mais le désastre naval de L’Écluse en 1340 fait avorter le projet, et pour cause: sur 200 navires français engagés, pas moins de 170 sont détruits. La Manche est une mer anglaise.
Le 24 juin 1340, à L’Écluse (Sluys, Pays-Bas), la flotte française regroupée en Flandres s’enchaîne pour barrer l’estuaire du Zwin. Édouard III, roi d’Angleterre, l’enfonce et coule 170 navires sur 200 – seuls les Génois, meilleurs marins, s’échappent.
Charles V ressuscite la marine
Philippe VI et Jean II font bien quelques efforts pour relever leur marine, mais sans projeter des missions d’envergure: si l’interception d’un convoi sans escorte est envisageable, menacer les côtes anglaises paraît hors de portée. Le roi Jean, échaudé par le souvenir de L’Écluse, aurait même conseillé à son fils de ne jamais faire « armée de mer ». Roi en 1364 et G&H