En 167 av. J.-C., au lendemain de la bataille de Pydna, la Ligue achéenne est contrainte de livrer mille otages à Rome en échange de sa neutralité à l’égard du roi de Macédoine Persée. Polybe compte parmi les notables forcés de s’exiler en Italie. Cet ancien hipparque (commandant de cavalerie) acquiert, dans l’entourage des Scipions, une connaissance approfondie des us et coutumes de la société romaine et de ses institutions politiques et militaires. Au terme d’un séjour d’une vingtaine d’années, il se consacre à l’écriture des Histoires, dans lesquelles il explique comment Rome est parvenue, en une génération, à imposer son hégémonie au monde grec, qui présidait jusqu’alors aux destinées de l’oïkoumène – la portion de la terre habitée par les peuples civilisés.
Pour Polybe, une des causes de cette réussite réside dans une qualité morale érigée en tempérament national: il affirme que les Romains, non contents de révérer le courage, placent cette vertu au-dessus de toutes les autres (, 31, 29, 1). Le terme utilisé par l’historien grec, , traduit le latin . Ce mot, composé du préfixe – qui désigne l’« homme » au sens le plus restrictif du terme, c’est-à-dire le mâle de condition libre et pourvu de droits siècle av. J.-C. . Contemporain de l’historien grec, le dramaturge Plaute peut ainsi faire dire à l’un de ses personnages: virtus virtus virtus virtus virtus (, 648-653).