’armée austro-hongroise est commandée depuis 1906 par le feld-maréchal Franz Conrad von Hötzendorf (1852-1925). Issu de petite noblesse, passé par l’académie militaire thérésienne (car fondée par l’impératrice Marie-Thérèse en 1751) de Vienne, il appartient à une génération tout entière acquise à l’alliance allemande… tout en la supportant mal. Il s’efforce d’ailleurs d’introduire les méthodes prussiennes dans les états-majors et écrit lui-même les règlements d’entraînement et de campagne. Partisan, G&H ) est issu d’une longue lignée de soldats entrés dans la noblesse par la petite porte. Élevé dans le corps des pages impériaux, il est le seul futur commandant de Front à ne pas être passé par l’académie militaire impériale de Saint-Pétersbourg. Il sert dans d’obscures garnisons avant de se faire remarquer par son courage pendant la guerre russo-turque de 1877-1878. Un second mariage lui donne les relations pour revenir dans la capitale. Il intègre alors l’école des officiers de cavalerie, puis y enseigne la tactique. Ce qui lui laisse le loisir de penser la guerre et de faire le tour des états-majors des grandes armées européennes. Il voit à nouveau le feu face au Japon en 1904-1905. Après la défaite, il est au premier rang de ceux qui appellent à la modernisation de l’armée et, en premier lieu, du corps des officiers. Sportif et sobre – chose rare dans l’armée russe –, il s’efforce d’élever le niveau tactique de ses officiers en introduisant des mensuels. Général de cavalerie en 1914, Broussilov commande la 8e armée en Ukraine. Il est sans doute le seul chef d’armée à ne pas connaître la déroute. Durant l’été, il bat les Austro-Hongrois et prend Lemberg (Lviv) puis la forteresse de Przemysl. Contraint à la retraite par les reculs de ses collègues, il se retire habilement des Carpates. De tous les chefs russes, il est sans aucun doute celui qui connaît le mieux son adversaire, le seul qui garde un moral intact et, loin de tout schématisme, s’efforce d’adapter en permanence ses procédés tactiques.
