La violence a enflammé le petit village des Deux-Sèvres où les agriculteurs ont construit une bassine. Reportage
Quatre véhicules de la gendarmerie vont brûler. Avant le rassemblement interdit, les forces de l’ordre ont déjà annoncé avoir saisi des bidons d’essence, des battes de base-ball, des couteaux… Mais les munitions sont loin d’être épuisées. Les black blocs coordonnent et organisent leurs attaques. Un roulement permanent renouvelle la première ligne, alors que le face-à-face tourne au corps-à-corps. Signe de l’intensité des heurts, aucune interpellation n’aura lieu sur place. Le soir même, on compte un gendarme en urgence absolue. Côté militants, trois blessés graves, dont deux entre la vie et la mort. Parmi eux, un homme fiché S.
Un affrontement à jets continus : boules de pétanque, cocktails Molotov, LBD…
Dans ce champ de bataille digne d’un film de Kurosawa, chacun affûte sa stratégie
Les insultes lancent la guerre des nerfs, suivent le jet de projectiles et l’échange de coups… Pendant deux mois, les manifestations syndicales ont surpris par leur calme et leur organisation, mais, depuis le déclenchement de l’article 49-3 et, surtout, le rejet de la motion de censure, la fièvre a explosé. Les réseaux sociaux servent de quartier général, on y prépare les mots d’ordre, on y fixe les lieux des manifestations sauvages. Et les casseurs entrent dans la danse. Il faut les contenir, passer des nuits à courir après les incendiaires. Et éviter les bavures.
La tension monte et les dérapages se multiplient partout en France
De notre envoyé spécial à Sainte-Soline Nicolas-Charles Torrent
Le cortège vient de quitter Vanzay, dans les Deux-Sèvres. Le petit village de 200 âmes regarde s’éloigner des milliers de silhouettes vêtues de noir, bleu marine ou bleu de travail qui convergent à travers champs vers le même objectif : la mégabassine de Sainte-Soline. Beaucoup portent casque et lunettes de ski, en prévision des projectiles et grenades lacrymogènes. Certains ont même prévu un masque à gaz. Il s’agit de l’acte 2 après un premier rassemblement le 29 octobre dernier, qui s’était déjà conclu par de violents affrontements entre manifestants et forces de