Nous voici chez vous, à Cassis, face à la Méditerranée. Sommes-nous au centre de la civilisation du vin?
Autour de la Méditerranée, on ne trouve pas un seul bout de territoire sans vin. Tout le monde en fait, c’est incroyable, non? En Amérique latine, tu peux faire des milliers de kilomètres sans voir une vigne. Et pourtant, malgré une zone climatique commune, du point de vue identitaire, la Méditerranée et ses peuples sont schizophrènes. En particulier dans le vin!
Que voulez-vous dire?
La Méditerranée est une mer de fous, entourée de cinglés. Du point de vue de la production viticole, la côte française ellemême, soit 1/25e ou 1/30e de l’ensemble du littoral méditerranéen, est schizophrène. Qu’y a-t-il de commun entre les blancs sublimes de Collioure, à la frontière espagnole, et les vins de Bellet, du côté de Nice? Des racines communes? Rien. Ils n’ont ni même père, ni même mère. Les mêmes écritures solaires, peut-être, mais pas les mêmes terres. Le calcaire à Nice, le schiste en Roussillon… On ne rencontre pas une telle hétérogénéité en Bourgogne.
Quel a été votre premier contact avec le vin?
Ma relation avec le vignoble est issue d’une longue tradition de famille. C’est le châteauneuf-du-pape de mes cousins Giraud. Et les vins du Ventoux que l’on servait en entrée, lors des fêtes de Noël, en famille. Il y avait toujours le même repas à Noël. De la langouste et du sanglier. On servait du blanc puis du rouge. Oh! J’en buvais! Même minot. J’étais fracassé après. On se retrouvait à soixante à table, les tantes cuisinaient, c’était comme ça. Il n’y avait