Chapitre 1 Emmanuel Macron: le super-héros et les nuls
« Il n’y a pas de sujet de paternité! » Ce 7 décembre, en fin d’après-midi, Emmanuel Macron le répète à quelquesuns de ses ministres, juste avant un dîner de têtes avec les ténors de la majorité. Il le sait, si la réforme des retraites est menée jusqu’à son terme, quelles que soient les concessions faites aux organisations syndicales ou à la droite, il en sera le démiurge. Et si elle échoue, il sera le coupable. C’est pourquoi, pour le président de la République, ce ne sont pas les 65 ans, écrits bleu sur blanc et en gras page 13 de son programme présidentiel, qui constituent « un totem » – « C’était surtout celui d’Alexis Kohler… », décrypte un membre du gouvernement –, mais bien le projet lui-même. Le marqueur de son mandat, le remède contre tout procès en chiraquisation. Est-il encore, malgré l’usure du temps passé au sommet de l’Etat, malgré l’absence de majorité absolue au Parlement, malgré la fatigue du pays, malgré les forces du conservatisme, en mesure de « transformer » la France? Ne serait-ce que de la moderniser? L’un de ses interlocuteurs privilégiés le dit à sa manière: « J’ai l’impression qu’il y a un hiatus entre sa volonté d’action et de transformation, qui est totale, et la réalité du climat politique. »
Qu’importe. Emmanuel Macron a décidé de jouer son second mandat en six mois. « Six mois aussi incertains que déterminants », reconnaît un ministre à Bercy, tant dans la capacité du chef de l’Etat à modifier les équilibres politiques que dans la marque qu’il laissera pour sa postérité. Retraites, immigration, mise en application de la réforme de l’assurance-chômage, refondation du système de santé, énergies renouvelables, fin de vie, institutions… Le quinquennat sera réformiste ou ne sera pas, c’était la promesse du président-candidat. Le premier semestre 2023 en décidera, en avait-il seulement le choix? A plusieurs de ses proches il l’a suffisamment seriné: soit les mesures les plus difficiles sont