C ’est la quête du siècle. Soigner, un jour, la maladie d’Alzheimer, cette terrible décerveleuse qui ôte aux humains ce bien si précieux qu’est la mémoire des choses et des êtres aimés. Alzheimer, c’est 55 millions de malades dans le monde ; 1,3 million en France ; trente années de recherche ; des essais de molécules par centaines mais pas un résultat.
Jusqu’au 28 septembre de cette année où un communiqué des sociétés pharmaceutiques Biogen (USA) et Eisai (Japon) a enfin fait naître l’espoir. Pour la première fois, un médicament, le lecanemab, testé sur une durée de dix-huit mois, a montré une efficacité validée sur des patients. Oh, un très petit effet. « Le déclin cognitif des malades a été ralenti, et c’est mesurable, même si dans leur vie quotidienne cela n’a pas changé grand-chose. Mais c’est peut-être le début de quelque chose », avance, prudent, le docteur Nicolas Villain, médecin et chercheur à la Pitié-Salpêtrière à Paris. Les patients qui ont participé à l’étude clinique espèrent, quant à eux, gagner un peu de temps avant qu’Alzheimer n’éteigne tout… À Los Angeles, John Driscoll, 80 ans, a été admis dans l’étude lecanemab alors qu’il était « en train de vaciller un peu plus », raconte-t-il à la lettre spécialisée STAT. Ce consultant aéronautique à la retraite voudrait, grâce au médicament, pouvoir à nouveau lire et écrire, profiter de sa femme, de ses enfants et de ses petits-enfants. Grappiller quelques instants de répit.
Peu spectaculaire, l’essai clinique lecanemab n’en est pas moins historique. Cent seize ans déjà que cette pathologie neurodégénérative a été décrite par le neurologue allemand Aloïs Alzheimer à partir de fines