La France a-t-elle un problème avec l’idée de réformes ? Alors que celle des retraites s’est invitée bruyamment dans le débat, la taxe carbone réclamée à cor et à cri par les économistes est encore dans les limbes. Pourtant il y a urgence, avertit Jean Tirole, Prix Nobel d’économie, qui vient de publier aux PUF une version du rapport sur les grands défis économiques coécrit avec Olivier Blanchard et commandé par Emmanuel Macron. Invité à la première master class organisée par L’Express pour ses lecteurs, Jean Tirole pointe les dangers de ce qu’il appelle « la tempête parfaite », à savoir une superposition de crises : inflation, énergie, pandémie, dette, tensions géopolitiques et bien sûr propagation du populisme à travers le monde. Entretien.
La superposition des crises – géopolitique, climatique, inflationniste, sanitaire – peut-elle déboucher sur une grande récession, alors que les soutiens budgétaires et monétaires se rétrécissent ?
Bien sûr, la situation est inquiétante. Car à chaque crise, nous perdons un peu plus de marge de manoeuvre. Les Etats en sortent systématiquement plus endettés, les frustrations s’accroissent, les inégalités augmentent. Mais il y a de bonnes nouvelles aussi. On savait par exemple qu’il y aurait un jour une grande pandémie mondiale (et il y en aura d’autres), mais le progrès technologique