Pour qu’il y ait de grands vins, il faut une rencontre entre un terroir et une main inspirée. Le Languedoc avait besoin de défricheurs pour révéler le potentiel et tendre vers la véritable interprétation du lieu. Alors que la région est cantonnée aux vins de bistrot et laisse d’autres vignobles se partager l’affiche, quelques visionnaires vont oeuvrer pour que les vins de l’Occitanie parlent un nouveau langage. C’est l’époque où Aimé Guibert au Mas Daumas Gassac, Gérard Gauby, Marlène Soria, Laurent Vaillé à La Grange des Pères commencent à faire parler d’eux. Au coeur des Terrasses du Larzac, Olivier Jullien entame, il y a trente-sept ans, une quête à la fois personnelle et collective. Ce vigneron a douté pour avancer, changé tout en gardant le cap, cultivé les paradoxes pour en faire des évidences.
À 20 ans, le monde vous tend les bras. On peut faire beaucoup, sans forcément savoir ce que cela va représenter. Nous sommes en 1985. Les noms viticoles qui résonnent en pays d’Oc sont bien rares. Ce qui poussera Aimé Guibert à prononcer cette phrase un rien vaniteuse, mais finalement clairvoyante: «Je suis l’oasis au milieu du désert». Olivier Jullien a alors soufflé sa vingtième bougie. D’une famille vigneronne, il finit son BTS viti-œno à Montpellier et décide sans trop réfléchir de prendre le chemin du vignoble et de produire ses propres vins. Il fonde alors Mas Jullien. Olivier Jullien a toujours vécu dans un environnement viticole. Son grand-père était président des caves coopératives de l’Hérault. Les vignerons de la région vivent de peu de choses, mutualisent ou vendent en vrac. Ils essaient de se battre pour que leur condition soit mieux considérée, manifestent sans trouver d’oreilles attentives. La famille d’Olivier Jullien ne fait pas exception à la règle. «», se remémore-t-il.