Domaine du Closel Un vin de paysage
Nous sommes entre 1815 et 1816. Après le désastre de Waterloo, Talleyrand et Metternich font assaut de diplomatie culinaire et viticole au congrès de Vienne, l’un avec son vin de Haut-Brion, l’autre avec ses flacons de Schloss Johannisberg ; le Congrès s’amuse, écrivent les gazettes. Emmanuel de Las Cases a, lui, choisi la fidélité en accompagnant Napoléon dans son exil de Sainte-Hélène où il recueille les souvenirs et confidences de l’Empereur déchu. Ancien émigré puis rallié comme quelques monarchistes à Napoléon, ce marquis de l’ancienne aristocratie est promu comte d’Empire, il ne peut donc rentrer en France à son retour ; il doit attendre 1823 pour publier son Mémorial de Sainte-Hélène, mais il en tire gloire et grande fortune. Sa famille hérite du château des Vaults à Savennières, l’époque est à cultiver son prestige par un vignoble, Talleyrand a fait école et les grands banquiers du Second Empire lui emboîteront le pas.
Si le château des Vaults a été bâti au XVII siècle, le fief qui comprend vignoble et jardins est mentionné dès 1495. Après les moines cisterciens, c’est la bourgeoisie d’Angers qui s’installe sur ces bords de Loire, puis des financiers parisiens y investissent et bâtissent de belles demeures flanquées de parcs et arboretums. À Vaults, ce sont les Fourmont-Desmazières, alliés aux armateurs nantais Walsh de Serrant. Le petit-fils d’Emmanuel de Las Cases leur succède et sa fille aînée épouse Bernard du Closel, qui donne son nom au domaine. La propriété est toujours dans les mains de ses descendantes ; sa nièce, Michèle Bazin de Jessey, développe le vignoble et crée la société d’exploitation, puis transmet le flambeau à ses deux filles. C’est aujourd’hui Évelyne de Pontbriand qui gère de main de maître ce fleuron de Savennières, une saga de vigneronnes pour un “Mémorial” viticole.
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