“Dans une telle époque de laideur, la vraie protestation, c’est la beauté”
MAI 1966. En guise de troisième album, Phil Ochs sort “In Concert”, un live où il chante ses nouveaux brûlots, “Ringing Of Revolution”, “Love Me, I’m A Liberal”, “Cops Of The World”… Au cas où son positionnement ne serait pas assez clair, il fait imprimer au dos de la pochette des poèmes de Mao Tsé-toung. Il envoie au leader chinois le disque, avec à l’intérieur un chèque de cinquante dollars, en rétribution des poèmes. Le chanteur attend avec impatience la réponse du dictateur, qui lance alors les purges de la Révolution culturelle: va-t-il aimer cette musique, ces textes, voir en eux l’œuvre d’un frère d’esprit, d’un fan? Aucun signe de sa part. Le chèque ne sera jamais encaissé. Pour se venger, le chanteur s’en va donner une interview à Cavalier, le concurrent de Playboy, clamant: “Les Vietcongs ont raison, nous devrions soutenir Hô Chi Minh comme le dernier rempart en Asie contre la Chine communiste.” Le folksinger se produit sur scène pour soutenir Eugene McCarthy, candidat démocrate en faveur du retrait au Vietnam, avant de déclarer un peu plus tard: “Je n’aurais jamais dû, il ne valait rien.” Plus qu’un chanteur engagé, Phil Ochs est un artiste désaxé. Il s’est souvent planté, politiquement? Pas musicalement: trésors historiques, ses chansons sont d’une beauté bouleversante.
Phil entame “The War Is Over”, la police charge, sirènes, hélicoptères, matraquages, castagne: un succès
Etudiant dans l’Ohio, Philip vénère à la fin des années cinquante les mêmes idoles qu’une bonne partie de ses camarades: Elvis Presley et James Dean. Il adore aussi John Wayne, mais ce qui le démarque,