Une vie bien remplie
Philippe n’a que peu de souvenirs de Cherbourg, sa ville natale. Son père, ingénieur à la SNCF, est en effet muté très tôt en région parisienne pour accompagner les débuts de l’informatisation. En revanche, dans le pâle soleil de début janvier, il se remémore chacune des adresses qui ont fait la légende de « la bande de Maisons-Alfort», cultissime concentration de pilotes de haut vol des années 1970. à 14 ans, le jeune Vassard s’achète une Mobylette. « J’avais un voisin dont les parents étaient charbonniers. Il les avait tannés jusqu’à ce qu’ils lui offrent une Yamaha YAS1, la 125 sportive de l’époque. La prudence était la condition absolue. » à la première chute, interdiction lui a été signifiée de piloter la belle japonaise. « Comme ça le gavait qu’elle ne roule pas, je la prenais régulièrement. Et ça m’a plu », poursuit Phiphi. à Maisons-Alfort, il commence à croiser des motards.
Choukroun, Tchernine et tous ceux qui deviendront les piliers de la bande du coin, qui font l’âge d’or de la vitesse française, deviennent ses amis. Un des voisins des pressings maternels est Gaston Husson. Son fils Gilles possède une Flandria. La rencontre se fait ainsi. Et Gilles le présente à tous ses potes qui courent. Concentré sur ses études de dessinateur industriel, il pense alors qu’il va dessiner des moteurs. Mais finalement, il s’échine sur des charpentes métalliques. à l’époque, Philippe ignore jusqu’à l’existence des courses moto. Il se met à fréquenter la Plage, le café de Maisons-Alfort, QG de la joyeuse bande de motards: Rapidement, le groupe s’étoffe: Les grands rassemblements du vendredi sur la place de la Bastille sont immanquables: Quelques années plus tard, après le Les anciens, qui couraient déjà sur de vrais circuits, évitaient ces chevauchées sauvages considérées comme trop dangereuses. Philippe vend sa « 4 pots» pour s’acheter une Kawasaki S2 (la 350 3-cylindres deux-temps) et s’inscrit à la Coupe Kawa en 1973: “Le grand, il lui manque un bras, et le petit, il n’a plus de jambes…” La bande passe quand même un coup de fil aux parents mais se garde bien de donner tous les détails… Le troisième, Jean-Claude Méliand, se casse la jambe le lendemain.
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