Quel est votre premier souvenir automobile ?
Certainement la première Dinky Toys qu’on m’a offerte ou que j’ai volée. Mon père avait des amis iraniens aisés qui m’offraient souvent des miniatures allemandes en tôle de marque Schuco. Il y avait une Mercedes W125 de grand prix avec un différentiel et une direction à crémaillère que j’avais démontée pour comprendre comment ça marchait. Mon père était capitaine de bateau avant de se mettre à la peinture et de monter à Paris en 1938. C’est là que je suis né en 1942. Il aimait bien regarder les courses automobiles et m’avait emmené au Grand Prix du bois de Boulogne, juste après la guerre. Il y avait des pilotes comme Rosier sur une Talbot T26. Mon père étant de Livourne, en Italie, nous avions aussi assisté à un grand prix dans les rues de la ville. Pour le môme que j’étais, ces autos étaient monstrueuses, impressionnantes. Ça m’avait marqué.
Comment vous projetiez-vous, à l’époque ?
J’ai eu une scolarité extrêmement médiocre. J’étais bon en italien et en maths, sinon je « séchais » l’école. Je passais mes journées dans le métro. J’étais pote avec les chauffeurs. J’ai toujours traîné. C’est comme ça que j’ai rencontré Jean-Pierre Beltoise, rue Monsieur-le-Prince, dans un café qui s’appelait . C’était un midi, en 1957. Je prenais un café. J’avais 15 ans et il y avait trois mecs de 20 J’avais déjà une idée de ce qu’était une Lotus. J’étais timide, mais j’ai quand même pris sur moi pour leur demander ce qu’était cette Lotus. Réponse : Le lendemain, je me rends sur place, à côté de la boucherie Beltoise. Les trois mecs étaient déjà là : Jean-Pierre Beltoise, Jean-Pierre Bailby, qui travaillera dans la bagnole et dans la moto, et Jacques Guichard, un pote à eux. Et ils me montrent la 203 tôlée de la boucherie Beltoise ! On a fait des tours à fond du côté du Louvre et des Tuileries. Ils roulaient comme des malades…