« LA GUERRE MET L’HOMME À NU »
de le caricaturer en vieux loup de guerre, le corps criblé de cicatrices, chacune racontant un morceau de la grande Histoire. Vietnam, Salvador, Irlande du Nord, Irak, Afghanistan, Sarajevo, Tchétchénie, Somalie… la liste est trop longue pour énumérer tous les conflits qu’il a couverts. Blessé cinq fois, deux fois laissé pour mort au milieu des combats, Patrick Chauvel est un survivant. Contrairement à son ami du même âge – 72 ans – l’Américain James Nachtwey, il ne se définit pas en artiste. « Je suis un journaliste qui prend des photos. Je ne suis même pas un excellent photographe, mais je suis là, devant, comme disait Robert Capa. La photo parfaite, elle ne m’intéresse pas. » On le rencontre chez lui, à Paris. Une paire de Caterpillar aux pieds. Un pansement sur le nez. Il offre un café et fait visiter son bureau à l’étage. À côté d’une grenade jamais désarmée, trône la vieille Bible de la famille, sur laquelle des nazis ont tiré pendant la guerre. La balle a traversé les cinq cents premières pages avant de mourir dans le texte. Elle est encore toute tordue à l’intérieur. Sur une étagère, on remarque son casque siglé SSDD – Same Shit Different Day – mais à part celle qu’il a prise de Bob Marley tirant sur son joint, chez lui en Jamaïque, ses photos ne recouvrent pas les murs. La guerre ne s’expose pas. En tout cas pas chez soi. On s’installe dans le salon, près d’une selle de cow-boy et d’une Winchester ramenée d’un vieux reportage. Patrick Chauvel a foncé aux États-Unis après les présidentielles, persuadé que « ça allait péter ». Il a été extrêmement déçu de constater que la transition à la Maison Blanche ne déclenchait pas de nouvelle guerre civile. Il espère repartir bientôt. Au Mali. En Libye. En
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits