Monument historique!
Livré à l’armée de l’Air en juillet 1977, le “Jaguar” A91 fut d’abord affecté à l’escadron de chasse 2/11 Vosges où il reçut le code de fuselage 11-MQ sur la base aérienne 136 de Toul-Rosières. Il demeura avec cette unité jusqu’à, au moins, mai 1981. Durant cette période, il participa, entre autres, à des missions à N’Djaména (anciennement Fort Lamy), au Tchad, de mai à août 1978, dans le cadre de l’opération Tacaud durant la guerre civile tchadienne qui durait déjà depuis 1965. Face aux avancées des rebelles du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat), commandé par Goukouni Oueddeï, la France dépêcha le 27 avril 1978 à N’Djaména, depuis Dakar, une dizaine de “Jaguar” de la 11e EC et deux C-135F. Le A91 était de la partie: deux missions le 19 mai (F045 et F049), une le 20 mai (F052), une le 21 mai (F053), une le 22 mai (F056), une le 23 mai (F059), une le 30 mai (F064) et une dernière le 31 mai 1978 (F069), lors de ce qui fut qui fut appelé “la bataille de Djedaa”.
Opération Tacaud, première blessure
La “bataille de Djedaa” fut une initiative des forces françaises détachées au Tchad. Entre 500 et 600 rebelles du CDR (Conseil démocratique révolutionnaire d’Acyl Ahmat, groupe dissident du Frolinat) avaient été signalés à Djedaa, petite bourgade située en plein centre du Tchad, et faisaient peser une lourde menace sur la ville voisine d’Ati, alors préfecture de la région du Batha, déjà reprise aux rebelles le 18 mai précédent au prix d’un lourd bilan. L’attaque fut conduite par le 3e RIMa (régiment d’infanterie de Marine) avec deux compagnies appuyées par un escadron du 1er REC (régiment étranger de cavalerie, Légion étrangère), une batterie du 11e RAMa (régiment d’artillerie de Marine) et des “Jaguar”.
Le 23 mai, pour la mission F059, la capitaine Jean-Michel Cantin (qui piloterait plus tard des “Mirage” FlEQ5 en Irak) était aux commandes du A91: “Quelques jours auparavant, je venais de prendre mon bap tême du feu à Ati, en patrouille avec Charles Bezat, en appui du 3e RIMa.
Cette fois-ci, je décolle avec l’adjudant Péron pour une intervention dans la palmeraie de Djedaa, à 40 km au nord d’Ati où les forces rebelles du Frolinat se sont repliées. Nous arrivons en altitude, pour économiser le pétrole, après un trajet d’une demi-heure.
Le Bréguet “Atlantic” nous attend et nous guide vers des véhicules dispersés et camouflés sous la maigre végétation. Les marins se sont fait tirer dessus malgré leur altitude, et ils sont montés un peu pour se mettre complètement hors de portée des missiles et des canons de 14.5.
Grâce à la description de l’“Atlantic”, nous entamons nos premières passes au canon de 30 mm, notre armement du jour. Les véhicules nous apparaissent au dernier moment et, avec mon équipier, nous avons pris un écartement important, de l’ordre de 2 à 3 km, pour pouvoir ajuster nos tirs et ne pas nous gêner. Cela nous permet également de varier les axes d’attaque pour compliquer la tâche des tireurs au sol.
Tout se passe bien pour nous, les fumées des véhicules en feu commencent à se multiplier quand
