DETROIT ROCK CITY
La ville où Stevie Wonder s’était présenté aux élections municipales
VENU D’AILLEURS, UN GARÇON MAIGRE ET PAILLETE TEMOIGNE DE LA PANIQUE A DETROIT EN 1973. Trois ans après “Aladdin Sane”, Kiss célèbre “Detroit Rock City”, chanson coécrite par Bob Ezrin, où le quatuor maquillé rend justice à ce que l’Amérique produit de plus concret. Pas de truc en plumes à Detroit, mais un petit je ne sais quoi en plus, un soupçon d’élégance dans le son et une attitude plus réelle qu’ailleurs. Il suffit de voir le monument en forme de poing du boxeur Joe Louis pour capter l’énergie qui se dégage de cette ville fondée en 1701 par l’aventurier français (brièvement embastillé) Antoine de la Mothe-Cadillac.
Soul City
Au vingtième siècle, Motor City est une mégalopole industrielle, la capitale de la voiture, ramassée sous l’appellation The Big Three en hommage à ses trois principaux fabricants: General Motors, Ford et Chrysler. Au vingt et unième siècle, on se souvient de la principale ville du Michigan pour sa musique. Ici, Tamla Motown impose le respect. Impossible de sonner plus classieux que ce qui est sorti du petit studio Hitsville USA. A l’époque, avec la , le label est aussi le point de repère du mouvement féministe. Avec des, , , , , , , , ou , Motown propose ni plus ni moins que la meilleure musique du monde. En dix ans, ça ne pouvait guère monter plus haut pour l’entrepreneur Berry Gordy, qui aligne pas moins de cent dix hits dans le top ten. Motown, avec son équipe de compositeurs et producteurs fétiches: William “Mickey” Stevenson, le trio Brian Holland-Lamont Dozier-Eddie Holland ou le créateur de la soul psychédélique Norman Whitfield, mais aussi des musiciens maison comme The Funk Brothers, avec des guitaristes tels Dennis Coffey, reste sur le toit du monde pendant toutes les années 1960 et le début des années 1970. C’est loin d’être tout. A Detroit, il y avait chez King Records le fantastique chanteur , ainsi qu’un autre label R&B et soul, Fortune, plus underground, avec , ou . De l’autre côté de la rue, fait alors beaucoup parler de lui. Le vocaliste a depuis vendu des millions de disques avec des chansons immortelles comme “Turn The Page” ou “Old Time Rock & Roll” (adaptée en français par Johnny Hallyday) au cours d’une carrière s’étalant sur des décennies. Ça ne sera pas le cas pour qui propose, entre 1964 et 1967, un R&B vrombissant qui fait le lien entre le son sophistiqué de Motown et celui des chevelus. Sa version de “Jenny Take A Ride!”, pot-pourri de “CC Rider” et “Jenny, Jenny”, se voit expédiée d’une façon qui avait ébouriffé Keith Richards et Brian Jones. Mitch Ryder sera aussi le dernier à jouer avec Otis Redding, lors d’une émission télé à Cleveland, la veille du crash de l’avion de The Big O. Avec le groupe Detroit, le chanteur blue-eyed soul livrera un peu plus tard une version de “Rock & Roll”, la chanson du Velvet Underground, qui impressionna Lou Reed. Lui qui n’aimait jamais rien considérera la relecture meilleure, et lui piquera le guitariste Steve Hunter pour en délivrer une version immortelle sur “Rock N Roll Animal”.
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