CHRONIQUE Féministe ta mère
«Habituellement dépourvue de filtre à bouche, ma mère peut, certains soirs, brandir la carte “Philippe”. Comme dans : Faire appel à un ami quand on le sent moyen, ça marche assez bien. Autant que de parler de “néo-féminisme”Ça, c’est Sainte Simone qui l’écrit*. De Beauvoir qui, désormais, aux yeux de tous les Philippe, est une icône du “bon féminisme”. C’est oublier que ce qui semble aujourd’hui parfaitement acquis – l’IVG ou le droit de vote – a longtemps été considéré comme pure folie. Oublier qu’on a rarement fait la révolution en restant poli·es. Que la vraie violence tient bien plus à ce qui provoque la révolte qu’à la nature de ses slogans. Et qu’on a jamais aimé celles et ceux qui voulaient renverser l’ordre établi. Par peur de l’inconnu, crainte d’y laisser des plumes – ou quelques privilèges – et mus par une gigantesque flemme à l’idée de tout repenser pour mieux reconstruire. Il y a toujours eu des Philippe pour expliquer aux Simone qu’elles Tant pis si cette cause, ils n’en connaissent ni l’histoire, ni le fond, ni le vocabulaire. Ça ne les a jamais empêchés d’avoir des certitudes. En fait, rien n’est “néo”, dans cette affaire. Au mieux, on pourra avertir Philippe : le jour où tu penses, sans même vérifier, que c’était mieux avant, tu es devenu vieux. Ça a fait marrer ma mère. C’est ce qu’elle m’a dit avant de raccrocher. J’ai préféré la vanner. Au fond, j’espérais juste qu’elle reste encore un peu. Sans (presque) rien changer. »
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