Disques pop rock
Stuart Moxham & Louis Philippe
“The Devil Laughs”
TINY GLOBAL PRODUCTIONS
Stuart Moxham fait partie de ces artistes dont les fans sont plus connus que lui. Les Young Marble Giants, formés avec son frère et Alison Statton, ont eu l’honneur de faire partie des groupes cités comme influence par Kurt Cobain. En France, c’est Nicola Sirkis qui reprit les YMG, ainsi qu’Etienne Daho qui obtint un tube avec son adaptation de “Love At First Sight” (“Paris Le Flore”). Enfin, Alain Bashung, qui avait découvert les YMG par l’entremise de Boris Bergman, adorait partager son enthousiasme pour les chansons fragiles de Moxham. Lors d’années passées dans la semi-obscurité des studios, Moxham a enregistré des disques magnifiques mais restés underground. Notamment avec Danny Manners et Louis Philippe, cheville ouvrière d’El Records puis de Tricatel avec l’album “9th & 13th” sur des textes de Jonathan Coe. “The Devil Laughs” est tout simplement un classique instantané comme le fut le “Colossal Youth”, en 1980. Au fil de l’écoute, on savoure une sorte de pastoralisme dans “Tidy Away” puis le constat existentiel à double sens de “It Goes Like This”. L’auditeur sera marqué par la chanson-titre, de la pop quasi baroque, ainsi que “Head In A Song” et sa mélodie imparable. L’ensemble, à la fois subtil et direct, est issu d’une sélection par Stuart Moxham de chansons enregistrées sur des cassettes, enfermées dans des enveloppes sur lesquelles étaient écrites leurs paroles, “mises en scène” par le Français, excellent arrangeur. Bref, le plus génial des imports anglais depuis les Chelsea boots.
JEAN-EMMANUEL DELUXE
Wire
“10:20”
PINKFLAG/DIFFER-ANT
Wire n’est pas un groupe comme les autres—et surtout pas comme ceux de sa génération, encore trop souvent en activité pour le seul plaisir de cachetonner. Depuis la sortie de “Pink Flag” en 1977—disque classé comme inclassable et matrice des scènes hardcore américaine et post-punk britannique—, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille: séparation, réconciliation, départs, retours, changements de label—jusqu’à créer le sien—et projets parallèles à foison, en particulier pour la tête pensante Colin Newman. Dans un tel labyrinthe, “10:20” fait figure de norme. Deuxi album de l’année 2020 (après “Mind Hive” en janvier), il était à l’origine destiné au fameux Disquaire Day, entre-temps annulé—, à l’instar du final menaçant “Over Theirs”, présent sur “The Ideal Copy” (1987) et “IBTABA” (1989) ici livré dans une version de neuf minutes et conclu par un drone qui vrille la tête. En huit titres, le quatuor dévoile tout son savoir-faire, qu’il joue la carte de la puissance de feu (l’abrasif “Underwater Experiences”) ou celle d’une pop rêveuse où les mélodies s’entichent de mélancolie. Dans ce registre, “The Art Of Persistence”, dont le titre résume à merveille un parcours rocambolesque, est d’une beauté absolue et justifie à lui seul l’acquisition d’un dix-huiti album qui, non content de conjuguer le passé au futur, peut servir de parfaite introduction à l’univers incroyable de Wire.
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