Disques pop rock
Protomartyr
“Ultimate Success Today”
DOMINO
Les râleurs du Michigan sont de retour. Le groupe mené par l’irascible Joe Casey avait, en 2017, publié un album ambitieux (“Relatives In Descent”) qui les avait vu sortir de leur niche de groupe culte. A l’image de son prédécesseur, “Ultimate Success Today” est un album sombre, intense, et absolument passionnant. Le début est exemplaire: “Day Without End” commence sur un tempo élevé, avec un sentiment d’urgence qui s’installe dès les premières secondes. La tension monte peu à peu, les couches d’instruments s’empilent, Casey pose un chant blasé sur des textes cryptiques, un saxophone free jazz fait irruption. Cette montée en puissance est interrompue brutalement pour laisser place à la guitare incisive de “Processed With The Boys”.
Casey devient alors plus agressif dans sa façon de cracher ses aphorismes (“When the ending comes is it gonna run at us like a wild-eyed animal”). L’effet est hypnotique. Protomartyr maîtrise à merveille l’art de créer une tension et de la laisser monter jusqu’à l’extrême. Outre le formidable guitariste Greg Ahee, l’arme fatale du groupe est son chanteur aux allures de professeur de philosophie désabusé qui soignerait sa dépression en évacuant sa colère sur scène. Quelque part entre Mark E Smith et Nick Cave, il chante avec un cynisme désespéré des textes d’une noirceur extrême, avec un sens de la formule éclatant, si bien que chaque chanson contient son lot d’aphorismes taillés pour les recueils de citations (tel “Seld-doubt is a stalking friend” sur “The Aphorist”). Disque sophistiqué qui envoie le post-punk se frotter au jazz, “Ultimate Success Today” dépeint une vision du monde sans la moindre lueur d’espoir. En 2020 comme en 1969, Detroit chante mieux que quiconque le no fun.
ERIC DELSART
Irmin Schmidt
“Nocturne (Live At The Huddersfield Contemporary Music Festival)”
MUTE/PIAS
exerçant comme pianiste, maître de chapelle, concertiste, chef d’orchestre et compositeur de musiques de film, avant d’être un des membres fondateurs de Can. Il fut aussi l’élève de Karlheinz Stockhausen et de György
