CHUCK LEAVELL S’EN DÉSOLE EN SOURIANT : L’INTERVIEW EST TERMINÉE ET L’ON N’A MÊME PAS EU LE TEMPS D’ABORDER UN SUJET CHER À SON CŒUR, LES ARBRES. Il y aurait eu à dire, il est vrai. L’homme possède une réserve forestière de deux mille cinq cents hectares dans l’Etat de Géorgie, a publié trois ouvrages sur le sujet et obtenu moult distinctions. Les arbres, pourtant, attendront une prochaine entrevue car ce parfait gentleman sudiste, soixante-dix ans cette année, officie également dans une autre… branche. Où il a engrangé aussi quelques petits succès. Intronisation au sein des Allman Brothers à vingt ans, au moment où l’ensemble de Macon, Géorgie, était le plus populaire des Etats-Unis, recrutement, à trente, par un groupe britannique présentant certaines références : les Rolling Stones. Sur scène, Chuck Leavell est depuis quarante ans ce personnage barbu et souriant qui achève son solo sur “Honky Tonk Woman” d’un coup de savate dans les aigus, mais il est en réalité le directeur musical des irréductibles Anglais… Notons aussi un groupe seventies à redécouvrir (Sea Level), plusieurs albums solos, ainsi que des piges pour Eric Clapton, George Harrison, The Black Crowes, John Mayer ou David Gilmour, sa présence au générique valant souvent toutes les cautions.
Beatles et Rolling Stones
ROCK&FOLK : Vous souvenez-vous de votre réaction lorsque vous avez appris que les Rolling Stones cherchaient à vous recruter ?
Très bien ! C’était en 1981. Ils avaient entendu parler de moi par l’intermédiaire de Bill Graham, qui avait été le promoteur de nombre pour les Stones, qui voulaient essayer de nouvelles personnes. A ce moment-là, Sea Level avait splitté, les demandes pour des sessions d’enregistrement se faisaient rares, ma femme venait d’hériter d’un bout de terre et j’avais un intérêt grandissant pour les arbres et la conservation de l’environnement. Je me produisais avec un petit trio dans mon secteur, et en rentrant un après-midi à la maison, je dis à ma femme : “” Elle m’a écouté très patiemment, puis m’a dit : “” Je pensais qu’elle plaisantait, mais elle m’a donné un numéro à rappeler, et deux heures plus tard j’expliquais à Ian Stewart que j’étais très honoré mais que j’avais un concert dans un club le samedi soir, et est-ce que je pouvais n’arriver que le dimanche ou le lundi ? Il m’a répondu : “” Le jour suivant, j’étais dans l’avion ! L’audition s’est très bien passée, et s’est prolongée sur trois journées au lieu d’une. Mais je n’ai pas été embauché à ce moment-là : Stu et Ian McLagan ont fait la tournée (), puis en décembre, Stu m’a rappelé : “” J’ai donc commencé officiellement en 1982.