Rock and Folk

Réédition du mois

Richard & Linda Thompson

“HARD LUCK STORIES 1972-1982”

Universal UMC (Import Gibert Joseph)

et ses disciples préfèrent avant tout sa période avec son ex-femme, Linda. Ils ont raison, car c’est ce qu’il a fait de mieux, même si sa carrière en solo (dix-huit albums tout de même) n’est pas à sous-estimer. C’est que Richard avait trouvé en s’amuse à dire le musicien. Sur cet album chantait la jeune Linda Peters, rencontrée dans l’entourage de Fairport Convention. En 1972, le couple se marie et enregistre un premier album en duo, l’extraordinaire “I Want To See The Bright Lights Tonight” qui, pour d’obscures raisons, ne sortira qu’en 1974. La critique, qui adorait déjà Fairport Convention, est en extase devant le songwriting de Thompson et la voix de Madame. Les compositions phénoménales s’alignent, parmi lesquelles “When I Get To The Border”, “I Want To See The Bright Lights Tonight”, et deux chefsd’oeuvre qui deviendront des classiques, “The Great Valerio” et, surtout, le démentiel “The Calvary Cross”, dont il livrera sur scène des versions époustouflantes durant parfois près de vingt minutes sans que personne ne s’ennuie une seule seconde. Le suivant, “Hokey Pokey” (1975), est un peu plus léger et joyeux — Thompson a souvent été considéré par les critiques comme une sorte d’ancêtre de Robert Smith — et si les titres sont un peu moins forts que son illustre prédécesseur, des chansons comme “I’ll Regret It All In The Morning” montrent une fois de plus le talent du grand Richard. Et puis, tout d’un coup, le couple se convertit à l’Islam, et au soufisme en particulier. Les deux vendent tout ce qu’ils possèdent, reçoivent des journalistes dans des squats où ils n’ont même pas de chaîne hi-fi pour écouter de la musique, filent vivre dans une communauté, et Thompson décide de ne plus jouer de guitare électrique. Lorsque sort “Pour Down Like Silver” en 1975, sur la pochette, il porte un turban et s’est laissé pousser la barbe. Linda est voilée. Le disque contient de grands moments dont le magnifique “Beat The Retreat”, ou encore “Streets Of Paradise” et “Dimming Of The Day”. Le disque est plus dépouillé que les précédents, l’humeur est méditative. Suivront en 1978 et 1979 deux albums que Thompson n’aime pas, “First Light” et “Sunnyvista”, nettement meilleurs, et limite joyeux. Mais c’est en 1982 que paraît le plus grand disque du couple, le dernier, qui sera le meilleur avec le premier. Une belle façon de boucler la boucle. “Shoot Out The Lights” avait été réalisé une première fois avec Gerry Rafferty, mais les deux Thompson haïssaient la production et l’ont réenregistré avec le fidèle Joe Boyd. Lorsque cette splendeur désolée est sortie, le couple était séparé, ce qui a laissé croire que ce traumatisme était le sujet de l’album, d’autant que la pochette — Richard assis seul dans une pièce vide avec une photo de Linda sur le

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