Kaouther Adimi LES PETITS DE DÉCEMBRE
Février 2016, à l’ouest d’Alger. La cité du 11-Décembre de Dely Brahim est un quartier pour militaires, construit dans les années 1980 et jamais achevé. Ici, le temps passe dans un sentiment de relégation, essentiellement devant la télévision, qui diffuse des matchs de foot et des images terribles des ravages causés par la pluie qui emporte les voitures. Les adultes se souviennent des inondations de Bab-el-Oued quinze ans plus tôt et du millier de morts, mais ne disent trop rien. Par peur. Par défaitisme. Au milieu de la cité s’étend plus d’un hectare de terrain vague que les enfants ont transformé en terrain de jeux, et qui, les jours de pluie, se change en mare de boue. Un matin, deux généraux descendent d’une grande voiture noire et arpentent l’espace, en propriétaires. Ce qu’ils sont, d’après les documents en leur possession. Ils se sentent également en sécurité parmi les familles de militaires, comme eux. Quand Adila, une ancienne moudjahida, vient à leur rencontre, ils se réjouissent que la célèbre résistante soit bientôt leur voisine. Et ne voient pas venir la colère des jeunes qui se mettent à les battre sous une pluie battante. Le pays est corrompu, les puissants ne vont pas voler leur seul espace de liberté! pensent-ils. Kaouther Adimi, avec Les Petits de Décembre, rend hommage à l’esprit de résistance d’un peuple, resté intact malgré l’oppression de l’armée, et qui saura jaillir quand la coupe sera pleine. ■
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Alger en février. Ses bourrasques de vent, sa pluie fine, ses températures qui chutent. La ville se noie et noie avec elle ses habitants. On peine à marcher à cause de la boue. On hésite avant de sortir, on n’est jamais assez
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