The Who Conflits de générations
C’EST UNE DOUCE NUIT D’AUTOMNE californienne, mais l’air est lourd car les feux font rage sur les collines au-dessus de Los Angeles. Dans un gigantesque amphithéâtre sur North Highland Avenue, des dizaines de milliers de babyboomers, à l’abri de l’incendie, s’installent dans les travées encerclant une scène couverte d’arcs monumentaux blancs de style Art déco. Les serveuses en petites blouses à carreaux vendent des bouteilles de vin pour une centaine de dollars et la fumée épicée des joints désormais légalisés se mêle à celle des forêts brûlant aux alentours.
Dans le monde hypermonétisé du rock dit classique, le Hollywood Bowl fait “stade comble” et les Who ont beaucoup à offrir à leur généreux public: pour démarrer le spectacle, ils interprètent un éblouissant traveling de leur opéra rock , qui célèbre cette année ses 50 ans, suivi de quelques vieux succès comme “Who Are You”, “Substitute” et une version acoustique de “Won’t Get Fooled Again”. Entre les deux, ils intercalent une chanson rarement jouée comme “Imagine a Man” de l’album de 1975, ou un petit défi, comme l’une des chansons de leur nouvel album , “Hero Ground Zero”, faisant référence au prochain roman de Pete Townshend, ou la chanson solo “Ball and Chain” sortie en 2015 (sous le titre “Guantanamo”). La phrase (“Il y a de la fumée dans la forêt”) établit un lien dramatique non planifié avec la situation que traverse la Cité des anges; et alors que Roger Daltrey chante à gorge déployée, Townshend l’interrompt sans avertissement. , s’énerve l’homme à la Stratocaster dorée, et le groupe s’arrête de jouer: CSC, c’est l’abréviation de Contemporary Services Corporation, le nom de l’entreprise de sécurité dont les sbires sont apparemment en train de frapper des fans devant la scène. , lui répond Daltrey. Dans son besoin typique d’auto-contradiction, Townshend rétorque: Même s’il le niait plus tard –
