Les jours où j'ai tué Emma
Par Hervé Gagnon
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À propos de ce livre électronique
LES JOURS OÙ J'AI TUÉ EMMA est une histoire d’amour autant que de science-fiction. Basé sur un fait vécu, ce récit (plus autobiographique qu’on pourrait le penser !) repose sur la théorie des multivers, c’est-à-dire la coexistence d’une infinité d’univers parallèles où toutes les variantes possibles de tous les événements existent. Il suffit de trouver le bon…
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Aperçu du livre
Les jours où j'ai tué Emma - Hervé Gagnon
Après
Il y a des amours prédestinés. Quand on a de la chance, on croise le sien à l’adolescence et il sert de fondation à la vie qu’on construit. Quand on a moins de chance, on ne le croise pas. Quand on n’a vraiment pas de chance, on le croise sans cesse et on le perd chaque fois.
Je m’appelle Frédéric Morin. Fred pour les intimes. En 1978, j’avais quinze ans. En 1978, j’ai tué Emma. Je ne l’ai pas fait exprès. Mais je l’ai fait plusieurs fois. Chaque fois a été pire que la précédente. Et si c’était à refaire, je recommencerais sans hésiter.
L’événement 1.0
C’était le 4 septembre 1978 – la première journée de la quatrième secondaire. Et le début du reste de ma vie.
Je connaissais Emma depuis plusieurs années, mais ce jour-là, c’était comme si je la voyais pour la première fois. J’avais l’impression que la foudre m’était tombée dessus et que j’en étais resté sonné.
Pendant tout le secondaire, Emma avait fait partie du décor, en quelque sorte. Chaque année, nous faisions plusieurs travaux d’équipe ensemble, avec d’excellents résultats. Même façon de travailler, même sérieux, même curiosité. Emma était la partenaire idéale. Les filles m’intéressaient, évidemment. Beaucoup, même. Pourtant, dans mon cas, intérêt ne rimait pas avec succès. J’étais intelligent, mais timide, et à quinze ans, ce n’est pas l’intelligence qui séduit. Règle générale, je jouais donc le rôle ingrat d’ami de service, celui auquel les filles confiaient leurs peines d’amour pendant que le pauvre gars accrochait un air compatissant sur son visage. La seule avec qui j’arrivais à parler sans être nerveux et maladroit, c’était Emma Boivin. Elle était pour moi l’équivalent d’une cousine ou d’une voisine à qui on ne pense pas comme ça. Et c’était réciproque. Les discussions étaient agréables, les blagues et les taquineries étaient drôles. Point. Aucun de nous deux ne se posait de questions et tout restait simple.
Je n’avais pas revu Emma depuis juin, car elle passait tous ses étés au chalet familial, perdu dans le bois, quelque part à l’autre bout de la province. Je ne sais pas ce qui a pu se passer pendant les vacances, mais ce matin-là, elle est revenue métamorphosée, transfigurée, lumineuse.
Il était huit heures vingt-cinq et comme tout le monde, je cherchais frénétiquement le local du cours d’histoire qui commencerait dans cinq minutes. Le couloir était bondé d’élèves bruyants qui allaient dans tous les sens, aussi perdus que moi. Une école secondaire, avant le début des cours, c’était comme une gare à l’heure de pointe : tout le monde courait comme des poules sans tête dans une sorte de chaos organisé, et le niveau d’anxiété était égal au niveau d’excitation.
Quand je l’ai aperçue à travers la foule, au bout du couloir, au troisième étage, j’ai cligné des yeux, certain d’halluciner. Je me suis immobilisé si subitement qu’un gars m’est rentré dans le dos et j’ai failli me retrouver étendu de tout mon long. Emma m’a vu aussi, et elle est venue vers moi tout naturellement, comme elle le faisait souvent, mais cette fois, le sourire sur son visage était la plus jolie chose que j’avais jamais vue.
Tandis qu’elle s’approchait, je l’observais, les jambes molles. Elle semblait flotter au-dessus du sol. De toute évidence, elle avait profité de l’été pour grandir de quelques centimètres. Elle était plus mince, plus féline, avec de jolies courbes là où il n’y en avait pas au printemps. Ses cheveux bruns, toujours attachés en queue de cheval, étaient désormais coupés au carré aux épaules et une frange lui couvrait le front. Des lunettes rondes à monture de métal doré étaient perchées sur son nez, et ses yeux bruns, habituellement plissés pour décrypter ce qui était écrit au tableau, étaient maintenant grands et expressifs. Elle était vêtue d’un chemisier en coton indien blanc, d’un jean et de sandales en cuir. J’avais sous les yeux une version nettement améliorée d’Emma Boivin. Une version femme. Rien à voir avec Martine, la petite châtaine au sourire craquant que j’avais essayé d’approcher pendant toute la troisième secondaire, sans l’ombre d’un succès.
Pour la première fois, je voyais Emma comme ça. J’étais déconcerté. J’ai entendu la cloche annoncer le début des cours, mais elle semblait provenir de très loin. Cet été-là, quelqu’un avait eu l’idée saugrenue de remplacer l’habituelle sonnerie par les cinq notes jouées dans le film Rencontre du troisième type. Comme si l’école voulait communiquer avec les extraterrestres.
Ré, mi, do, do, sol.
Emma a zigzagué entre les élèves qui se pressaient dans le couloir, les évitant avec une grâce naturelle, fluide. Elle s’est plantée devant moi, ses manuels et ses cahiers plaqués sur la poitrine. Soudain, j’étais terrorisé et je sentais mon ventre se serrer. Une puissante envie d’uriner était sortie de nulle part. Mon cœur battait fort.
Elle a penché un peu la tête sur la droite comme elle le faisait toujours, mais ce geste ordinaire était devenu adorable et terriblement séduisant. Autour, le vacarme assourdissant du corridor s’était mué en un lointain bourdonnement. Je ne voyais plus qu’elle. Ses grands yeux. Son sourire et sa bouche aux lèvres pulpeuses que j’avais envie de goûter. Son long cou délicat qui donnait l’impression d’être si doux.
– Salut ! s’est-elle exclamée d’une voix chantante et enjouée, un peu plus grave qu’avant. T’as passé de belles vacances ?
Elle dégageait quelque chose de nouveau, d’indéfinissable. De l’assurance ? De la maturité ? De la séduction ? Un mélange de tout ça ? J’étais sans voix, figé devant la déesse qui se tenait là, l’air innocent, et qui tenait mon cœur dans sa main. Je suis certain que j’avais la bouche ouverte comme le dernier des idiots. Un peu plus et un filet de bave me coulait sur le menton. Être dans un tel état pour Emma ?
– Fred ? Youhou ! a-t-elle lancé, amusée, en agitant la main devant mes yeux.
– Euh… Allô, ai-je fini par lâcher, extirpé de ma rêverie.
– Tu pensais à quoi ? a-t-elle demandé.
J’ai dû rougir comme un petit garçon. Il était hors de question que je lui dise la vérité. D’ailleurs, je n’en étais pas certain moi-même, mais ça impliquait des choses qui ne se disent pas.
– Ben, je… je cherche mon local d’histoire.
Je me suis mis à avoir chaud, comme si la température ambiante avait fait un bond de dix degrés. J’ai senti que mon t-shirt – Pink Floyd, Wish You Were Here, évidemment – se mouillait aux aisselles. Heureusement, il était noir. Par un étrange effet de vases communicants, ma bouche, elle, était sèche comme du sable. Sans demander la permission, Emma a arraché l’horaire que je tenais dans ma main droite et l’a consulté.
– C’est là, m’a-t-elle annoncé en indiquant une porte, quelques mètres plus loin. T’as oublié tes lunettes ?
J’ai raté l’occasion de la complimenter sur ses propres lunettes. Je crois que je suis arrivé à former un sourire qui n’avait pas trop l’air d’une grimace.
– Euh, ah. Merci.
– On mange ensemble à la cafétéria ce midi ? a-t-elle repris.
– O-Oui. Bien sûr.
– J’ai le cours de bio. On est en retard ! Bye !
– Bye… ai-je murmuré, en la regardant s’éloigner.
Pendant un fugitif instant, je m’étais imaginé qu’elle poserait un baiser sur ma joue avant de partir. Puis j’ai réalisé que je n’étais pas le seul à admirer la vue. Tous les gars se retournaient sur son passage. J’ai senti une boule brûlante se former dans mon ventre. Je n’ai pas compris tout de suite que c’était la jalousie.
Je me suis dirigé vers le local qu’elle m’avait indiqué. Madame Levasseur, la prof d’histoire, se
