À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Formé en sciences et techniques, Fernand Maillet a su enrichir son parcours grâce à une solide expérience en créativité, entrepreneuriat et management. Auteur de plusieurs essais, il partage un regard novateur et une expertise qui nourrissent le débat contemporain.
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Aperçu du livre
Émancipation - Fernand Maillet
Chapitre I
L’individuel
Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir.
Pensées, Pascal
Mythe et Tragédie
Dans l’antiquité lointaine, le rapport de l’individu au monde, par lequel son existence se nourrit d’affects, est d’ordre poétique⁴. L’individu habille le réel perçu à l’aide des productions imaginaires que lui délivre l’impensée⁵ par l’entremise de son intuition, comme réponses aux affects qui l’assaillent.
L’affect est la réaction interrogative de l’être confronté au présent de son existence, et qui a besoin de rencontrer du sens pour se résoudre en expérience de lui-même. Le sensible interroge l’intelligible par un « geste⁶ de penser » qui confine à la question existentielle lorsque le futur de l’être s’assombrit en se confrontant à sa finitude. La sensibilité propre à la Nature humaine, à la fois corps et esprit, est alors source de désordres intérieurs, de désarroi, de souffrances.
Ce « geste de penser » est au cœur du rapport de l’individu au monde parce qu’il en irrigue tous les aspects dont l’étendue est incommensurable, tandis que sa prégnance taraude ainsi infiniment l’esprit naissant à la réflexion d’un regard sur lui-même lorsque l’expérience de lui-même lui échappe. Confronté aux limites de son entendement, à sa finitude, l’individu est en proie au désarroi, s’il ne s’en détourne d’un déni de pensée.
Alors l’esprit côtoie la profondeur béante de l’être, c’est-à-dire Chaos (Faille, Béance, en grec). Chaos est synonyme de néant, de vide, c’est à dire d’absence de toute chose, et en l’occurrence d’absence de réponse. En nommant cette perception primordiale du tréfonds de l’être en proie à lui-même, la mythologie grecque l’a extériorisée en l’érigeant en principe.
La mythologie grecque a fait de Chaos le principe primordial en le plaçant à l’origine de tout, avant que naisse la lumière, source de vie, qui n’est autre que le sens que l’individu rencontre dans son rapport au monde par l’entremise de son entendement. Chaos est donc « infiniment plein » de potentialités indifférenciées.
De Chaos à la Lumière, l’individu franchit les portes de son être en se reliant à l’Autre, qui n’est pas Soi, par la manifestation de ses facultés (éprouver, agir, comprendre, dire…).
De Chaos est née la Lumière, et avec elle l’ombre. Plus généralement, toute chose est advenue à l’existence en se distinguant de son contraire, et en manifestant ainsi le principe de dualité qui irrigue la vie de l’esprit, comme « émancipation primordiale » depuis Chaos.
Ainsi, Gaïa (la Terre) s’est distinguée d’Ouranos (le Ciel).
La puissance du mythe tient à l’ambiguïté sur laquelle il repose en confondant ce qui est présenté d’ordre phénoménal (naissance de la Terre et du Ciel) comme œuvre de puissances divines.
Par les mots et les images qu’il fait naître, le mythe offre cette voie intérieure d’ordre poétique, qui ouvre sur le monde en délivrant l’individu de ses troubles existentiels, parce qu’il y trouve par l’entendement, les ressorts nécessaires d’adaptation de son être au monde et à son environnement avec lesquels il fonde son existence à la foi spirituelle et corporelle.
Comprendre le monde et son environnement, c’est alors primordialement en accepter la représentation telle qu’elle se manifeste à l’esprit au travers du mythe en lui reconnaissant comme vertu la capacité à répondre à la souffrance de l’être en s’émancipant de Chaos. C’est souscrire à la puissance des mots et des images.
Le mythe peuple le monde de divinités comme autant d’aspects du rapport de l’individu au monde en le guidant dans sa vie par l’hommage qu’il leur rend, tandis que cet hommage est le reflet de son esprit acquis au sens délivré par le mythe. Le rite y pourvoit.
Le mythe a comblé la béance constitutive de Chaos par un « geste de penser » dont la vraisemblance apporte à chaque individu la lumière d’un sens doté d’une portée universelle.
L’existence rencontre alors l’assurance d’une continuité, d’un prolongement capable d’ensemencer le futur en faisant naître l’espérance⁷ pour surmonter les tendances funestes des effets de la dualité de l’être qui porte l’ombre de la finitude. L’individu s’émancipe de lui-même, c’est-à-dire de Chaos qui habite son monde intérieur, en s’ouvrant au monde extérieur par lequel il rencontre ses facultés et accède au développement de son être. Une voie d’existence par laquelle s’expriment ses potentialités.
Au travers du rite, le mythe intercède par l’esprit auprès de la Nature humaine divinisée pour en obtenir la clémence face aux souffrances que promet l’existence.
Par la Tragédie, la mythologie grecque a livré l’Homme à sa propre réflexion, tandis que les divinités ont été secondarisées⁸ par un « geste de penser ». Ce « geste de penser » est porté par la dimension poétique⁹ du mythe que la Tragédie magnifie. La représentation théâtrale, par la vraisemblance de l’imitation¹⁰ du réel, induit chez le spectateur une résonance affective de sa propre Nature humaine.
La Tragédie traduit la dimension aporétique de l’existence, à la fois promise à la liberté et aux prises avec le destin¹¹, sans qu’intervienne la morale qui oppose le bien au mal : « … la tragédie est donc l’imitation d’une action noble… faite par des personnages en action… qui, par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre¹²… »
Cette résonance de nature anthropologique qu’engendre « un réel qui n’est pas » est libératrice des tensions intérieures¹³, et salvatrice. Alors, l’individu s’émancipe des effets de la « condition humaine » par une négociation secrète avec la Nature qui lui fait oublier, un temps, les souffrances induites par sa finitude.
S’émanciper de Chaos en traversant le mythe pour rencontrer le monde, c’est simultanément explorer la profondeur de la Nature humaine pour y découvrir ses potentialités et la dimension tragique de l’existence.
La voie du Cosmos
Les mythes cosmogoniques expliquent comment la vie sur terre a émergé du dualisme primordial¹⁴, par la lutte entre deux principes antagonistes dont « … le résultat de leur travail est néanmoins un tout harmonieux et équilibré qui combine leurs influences complémentaires¹⁵ ».
C’est dans la Grèce antique que la méthode dialectique est apparue pour guider le dialogue. Elle consiste à confronter les idées, distinctes, voire contradictoires, à la recherche d’un équilibre ayant valeur de vérité-connaissance. Il en va ainsi du « raisonnement » comme un nouveau mode de penser par lequel la « Raison » a progressivement émergée dans l’esprit des savants présocratiques¹⁶ pour s’incarner chez Socrate en lui donnant accès à « l’universalité » de la pensée. Platon puis Aristote développeront la pensée abstraite¹⁷ comme capacité de l’esprit humain lui ouvrant l’accès à la Connaissance.
Durant cette période de quelques siècles, le mode de perception du monde, chez les Grecs, est marqué par une révolution de la pensée, qui se propagera telle une « onde de cognition », chez les Romains, puis au travers de l’Histoire de l’Occident, et trouvera une résonance chez Descartes avant de s’épanouir durant la Révolution industrielle, comme une énergie créatrice qui se libère par cette « rupture d’impédance » que représente la transition¹⁸ entre spiritualité et matérialité. Il en résultera le développement des artefacts qui peuplent notre environnement quotidien.
Si les prémices de la question existentielle chez l’individu sont consubstantielles de ce que la naissance de l’humanité a déposé en lui d’intime, les réponses qu’il a apportées, individuellement puis collectivement, ont suivi son développement mental acquis au fil du temps au travers des interrelations avec ses semblables, jusqu’au conditionnement social qui traduit le lien invisible, et existentiel, entre l’individuel et le collectif.
Dans les temps archaïques, la réponse apportée à cette question existentielle était une explication de la formation et de l’évolution du monde construite à partir des objets mentaux disponibles, ce qui a donné naissance aux cosmogonies, dont l’origine du mythe de Prométhée se perd dans la nuit des temps¹⁹. Cette approche empruntait au champ accessible de l’imaginaire, le fondement de sa vraisemblance, tandis que le mystère résiduel de sa révélation était endossé par la personne du Sage, dont la relation avec des forces occultes était apodictique. En même temps, l’incarnation du Pouvoir empruntait aux héros divinisés les fondements symboliques de sa légitimité.
La rupture de la pensée qu’a opérée l’époque de Socrate manifeste l’émergence de la « Raison ». Il ne s’agit plus de s’en remettre à l’omniscience à laquelle la Sagesse est censée donner accès pour expliquer le monde, mais d’admettre que cette Sagesse est un idéal inaccessible à l’Homme, lequel ne peut que tenter de comprendre la nature en exerçant les facultés de son esprit.
L’esprit mû par la « Raison » s’émancipe de son substrat mythique par la révélation de « l’ordre » qui parcourt l’univers.
Alors, du Chaos primordial, « infiniment plein de potentialités indifférenciées », a émergé Cosmos²⁰ qui désigne « l’univers ordonné et harmonieux », tout en pointant, selon la dualité primordiale, le sens opposé de « désordre », que le terme latin « chaos » a endossé par un glissement sémantique du terme grec khaos.
À l’impensée du quoi, voire du pourquoi (Chaos), se substitue la pensée du comment (Cosmos).
Les mots, outils de la pensée
Les mots et l’intime de Soi
Le mot que l’on dépose sur la page blanche pour envelopper la fragilité d’une pensée encore informe l’écrase parfois avant même qu’elle ait délivré tout son sens. Chasser l’impudent pour délivrer le prétendu sens, nous renvoie à une dialectique que nous devons assumer pour tester la persistance du sens que l’intuition contingente d’un nouveau mot révélera, à moins que le néant s’en empare et nous détourne de notre ambition.
Mais les mots précipitent la pensée en sommant notre être de conclure, forcé d’abandonner à l’intuition du lecteur cet indicible hiatus au réel… par une ultime négociation de justesse avec nous-même.
Nous pourrions alors penser que par cette introspection, les mots nous parlent de nos maux dont la souffrance endurée du fait de la finitude de notre entendement révèle notre être : « dis-moi où tu as mal et je te dirai qui tu es ».
En réalité, lorsque la pensée s’épanouit dans les mots en s’achevant dans une forme, les maux disparaissent, le silence s’installe dans l’esprit comme un champ libre prêt à accueillir la fragilité d’une nouvelle pensée, en offrant un instant d’apesanteur, de grâce et de gratitude.
Notre esprit erre ainsi sur les rives de l’impensé en scrutant un horizon invisible dans l’attente salvatrice des lueurs d’un éveil²¹. L’avènement du mot juste est jouissance.
Les mots et l’ouverture au monde
Le langage nous offre les mots, comme des outils, pour appréhender le réel en le mettant à notre portée cognitive. L’universalité des mots nous donne accès à la singularité de nos pensées, tandis que nos pensées sont le produit de notre affectivité. L’affect est aux prises avec le « conditionnement social » dont l’effet transcende la conscience.
Depuis le Chaos qui nous hante en nous obligeant, notamment lorsque nous sommes en proie à l’oisiveté et au désœuvrement, jusqu’au pouvoir d’achat qui nous contraint, les mots nous accompagnent au fil de la transmutation du temps en action visant à nous affranchir individuellement et collectivement des souffrances que promet la condition humaine.
La régression à l’infini de ce modèle auto-référencé, fait du langage le dépositaire de ce que la « nature humaine » a sédimenté d’affects avec le temps en produisant du sens, au travers des notions, des concepts et des idées portés par les mots comme outils forgeant la pensée : au commencement étaient les mots…
L’usage des mots révèle la réalité d’une époque. Certains mots sont devenus désuets, et ont quitté le langage courant, d’autres ont émergé pour répondre au besoin de saisir une réalité nouvelle (intelligence artificielle, réseaux, virtualité…) en forgeant de nouvelles notions, de nouveaux concepts²². Quant aux idées, elles convergent en « courants de pensée » en suivant le relief axiologique des événements. Ce bouillonnement sémantique force la cognition avec les limites du panel d’affects qui l’a engendré.
Il en va de la langue comme de tout formalisme qui part à la conquête du réel pour le subsumer. Le langage des mathématiques permet à la physique de raconter la nature en produisant des théories scientifiques. Mais ces théories évoluent (ou sont susceptibles d’évoluer) dans le temps avec les notions qui les sous-tendent.
L’organisation sphérique de l’univers élaborée par les Grecs verra son fondement (le modèle géocentrisme) remis en question par la Révolution copernicienne, le soleil est au centre de l’univers.
Ce nouveau modèle, aux inspirations multiples, confirme et prolonge l’idée d’un univers ordonné et harmonieux. La vision de Copernic eut à s’émanciper des croyances et préjugés dans une société encore largement dominée par l’obscurantisme.
Un des cas emblématiques²³ de révolution de la pensée est celui qui fait passer de la perception de Newton à celle de Einstein dans l’interprétation de la notion de gravité, c’est-à-dire le passage de l’idée de « force » à l’idée de « déformation de l’espace-temps²⁴ ». Alors, l’histoire racontée par la physique n’est pas la même, tandis que le champ de la Connaissance en est étendu, comme celui de son exploitation.
Une telle révolution de la pensée correspond à un changement de paradigme traversant l’univers des mots pour produire une nouvelle vision, un nouveau modèle, c’est-à-dire une nouvelle manière d’interpréter le monde. Ce changement de paradigme correspond à une émancipation de l’esprit qui l’accomplit.
S’interroger sur la nature de ce changement revient à tenter de décrire le processus à l’œuvre ainsi
