L’affaissement de la mémoire
Par Touhami N'heri
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Touhami N’heri, docteur en langue et littérature françaises de l’Université Paris-Est et spécialiste du théâtre classique, est professeur de lettres modernes en région parisienne. Poète, dramaturge et romancier, il explore dans ses œuvres la complexité des passions et les conflits émotionnels profonds qui façonnent les relations humaines. Inspiré par l’histoire de sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, il écrit "L’affaissement de la mémoire" pour témoigner de l’érosion progressive des souvenirs.
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Avis sur L’affaissement de la mémoire
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Aperçu du livre
L’affaissement de la mémoire - Touhami N'heri
Préface
La mémoire est fragile, fragile comme une architecture invisible qui soutient notre existence, nos liens, notre identité. Lorsque cette structure s’affaisse et s’effondre, ce n’est pas seulement une personne qui se perd, mais aussi les souvenirs partagés, les émotions vécues, les repères qui nous ancrent dans le monde. Ce roman, L’affaissement de la mémoire, raconte cette lente érosion à travers l’histoire de Jeanine, une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, et de ceux qui l’aiment.
Dans ces pages, nous assistons à la lutte silencieuse et douloureuse de Pierre, son mari, et de Simon, leur fils, contre l’oubli. Ils se battent pour maintenir vivante une part d’elle, pour refuser que les souvenirs se dissolvent, même quand Jeanine elle-même n’est plus capable de se souvenir. À chaque oubli, à chaque mot effacé, c’est une partie d’eux qui s’effondre aussi.
Mais cette histoire n’évoque pas seulement la maladie. Elle est aussi une exploration de l’amour. Cet amour qui persiste, qui refuse de céder malgré l’inévitable. La mémoire peut s’effriter, se dérober, mais l’amour reste là, comme un pilier, même quand tout semble s’écrouler autour de lui.
À travers des récits poignants, des dialogues intenses et des moments de silence déchirant, L’affaissement de la mémoire interroge ce que signifie aimer quelqu’un qui s’efface devant nos yeux. Comment continuer à exister face à l’absence progressive de l’autre ? Comment résister à l’inéluctable ?
Ce roman est une invitation à réfléchir sur la mémoire, la perte, et la manière dont l’amour tente de transcender la destruction. Il rend hommage à ceux qui, dans l’ombre de la maladie, continuent à aimer avec une ferveur inébranlable, même quand les souvenirs s’effritent et que les visages familiers deviennent étrangers.
La mémoire demeure donc le fil invisible qui tisse nos vies, reliant chaque instant vécu, chaque relation forgée, chaque amour partagé. Mais que se passe-t-il lorsque ce fil commence à se défaire, lorsque les souvenirs se désagrègent, emportant avec eux l’identité de ceux que nous aimons ? L’affaissement de la mémoire plonge au cœur même de cette érosion lente et dévastatrice, en retraçant la trajectoire d’une femme, Jeanine, engloutie par la maladie d’Alzheimer, et de sa famille qui assiste, impuissante, à son effacement progressif.
Cette histoire ne se limite pas à une lutte contre la maladie, elle est avant tout une exploration de l’impact profond et souvent silencieux que l’Alzheimer inflige aux proches. Pierre et Simon deviennent des témoins d’une perte qui ne cesse de s’accumuler. À chaque oubli, à chaque nom que Jeanine ne parvient plus à prononcer, c’est une partie d’eux-mêmes qui s’effondre aussi. Dans l’intimité des gestes du quotidien, ces hommes voient s’éloigner la femme et la mère qu’ils ont connue, remplacée par une présence qui vacille entre l’ici et l’ailleurs, entre la réalité et un passé qui s’efface.
Dans ces pages, le lecteur a l’occasion de découvrir que l’Alzheimer ne détruit pas seulement les souvenirs d’une personne, mais aussi la structure même des relations familiales. L’équilibre familial, autrefois fondé sur des bases solides d’amour et de réciprocité, se transforme en un combat inégal contre l’oubli. Pierre doit apprendre à aimer une femme qui ne se souvient plus de leurs moments partagés, tandis que Simon lutte pour accepter le fait qu’il ne soit plus reconnu comme le fils qu’il a été.
Cette épreuve fait apparaître un paradoxe cruel : plus Jeanine s’enfonce dans l’oubli, plus son entourage se sent dépossédé d’elle, et pourtant, leur amour s’intensifie, comme une flamme vacillante mais obstinée. La maladie d’Alzheimer dévore tout, mais elle ne peut effacer la force de l’attachement que Pierre et Simon portent en eux, bien que ce lien soit mis à l’épreuve jour après jour. Chaque geste, chaque parole devient une tentative de maintenir Jeanine dans un espace de tendresse, malgré l’oubli qui ronge leur quotidien.
Il est crucial de comprendre que cette maladie n’est jamais un fardeau porté seul. Ce sont les proches, invisibles acteurs aux yeux du monde, qui endurent une transformation émotionnelle déchirante. Au-delà du désarroi de voir l’être aimé s’éteindre progressivement, il y a la culpabilité de ne pas pouvoir le retenir, de ne pas savoir comment l’aider. L’affaissement de la mémoire explore donc cette souffrance muette, ce poids insupportable que la famille porte en silence, tout en essayant de préserver l’image de celle ou celui qu’ils ont tant aimé.
Mais cette histoire n’est pas uniquement une tragédie. C’est aussi une histoire de résilience, de dévouement, et de ce qu’il reste quand la mémoire s’efface : l’amour. Un amour qui ne connaît ni le temps ni l’oubli, un amour qui persiste même lorsque les souvenirs disparaissent. À travers le regard de Pierre, nous voyons qu’aimer quelqu’un qui s’efface est une manière de résister à l’inévitable, de trouver un sens, malgré tout, dans l’absurde.
Enfin, ce roman est une invitation à plonger dans cette réflexion intime sur la mémoire, la perte, et la manière dont la famille, malgré la dévastation, continue de tenir. Ces pages sont également une invitation à comprendre l’épreuve invisible mais si réelle que des milliers de familles traversent chaque jour. Et peut-être, en nous rapprochant de ces personnages, pourrions-nous percevoir un écho de ce que signifie réellement aimer quand tout s’effondre.
Certains lecteurs pourraient trouver dans ces pages un écho de leurs propres émotions, une trace de réconfort ou un espace de réflexion. Et peut-être, au-delà du récit de Jeanine, comprendre un peu plus profondément la force de l’amour quand tout le reste semble s’effondrer.
Enfin, ce roman s’adresse particulièrement à ceux qui luttent dans l’ombre, à ceux qui portent la mémoire des autres quand elle faiblit, et à ceux qui transforment le chagrin en amour inépuisable. C’est tout simplement un hommage à la mémoire de ceux qui s’effacent, et ceux qui les portent en eux, même après leur départ.
Chapitre 1
Le premier oubli
Paris s’éveillait sous la lumière douce et dorée d’un automne paisible. Les premières feuilles jaunies s’éparpillaient le long des trottoirs, portées par une brise légère qui murmurait entre les façades haussmanniennes. Les grands platanes bordant les avenues laissaient filtrer des rayons de soleil obliques, dessinant des ombres mouvantes sur les pavés encore humides de la rosée matinale. Au loin, on entendait le grondement régulier des voitures, le son feutré des talons résonnant sur les dalles de pierre et les voix étouffées des passants qui se hâtaient, enveloppés dans leurs manteaux, dans la fraîcheur naissante d’octobre.
Dans le XVIe arrondissement, où les immeubles bourgeois s’élevaient comme des sentinelles silencieuses, un calme apaisant régnait. Le quartier, avec ses boutiques de luxe et ses cafés et restaurants chics, semblait vivre au rythme lent des saisons. Les odeurs mêlées de café frais et de pâtisseries chaudes s’échappaient des boulangeries, se mêlant à l’air vif du matin. Quelques joggeurs, passant devant les grilles majestueuses du Trocadéro, profitaient de ce moment de quiétude, tandis que le ciel, d’un bleu pâle, s’étirait au-dessus des toits d’ardoise.
Depuis les fenêtres du quatrième étage de l’appartement haussmannien des Martin, la vue s’étendait majestueusement sur les jardins du Trocadéro comme un tableau vivant. La vaste esplanade, ornée de fontaines scintillantes, s’étirait en direction de la Seine, encadrée par des sculptures imposantes qui semblaient veiller sur la ville. De là, on apercevait les allées parfaitement alignées, où les promeneurs matinaux, emmitouflés dans leurs écharpes, déambulaient tranquillement, profitant des premiers rayons de soleil d’octobre. Le murmure apaisant des jets d’eau, entrecoupé des cris lointains des enfants jouant près des bassins, parvenait parfois jusqu’aux oreilles de ceux qui, comme Jeanine et Pierre, observaient ce spectacle quotidien depuis leur balcon.
Au-delà du Trocadéro, se dressait la silhouette imposante de la tour Eiffel, majestueuse, presque intemporelle. Ses immenses piliers de fer s’élevaient avec élégance au-dessus du Champ de Mars, cette vaste étendue de verdure qui contrastait avec l’architecture rigide des bâtiments environnants. Les feuilles des marronniers qui bordaient le parc avaient commencé à rougir et à tomber, recouvrant les pelouses d’un tapis coloré, comme un ultime hommage à l’été qui s’éteignait doucement. La Seine, juste en contrebas, miroitait sous la lumière d’automne, serpentant paresseusement à travers la ville.
Chaque matin, Pierre s’attardait quelques instants devant cette scène, savourant la sérénité qu’elle dégageait, un calme qui semblait parfois éloigner les préoccupations du quotidien. De son point de vue privilégié, il pouvait suivre du regard les péniches glissant silencieusement sur l’eau, les touristes s’agglutinant autour de la tour Eiffel, émerveillés par sa grandeur, et les Parisiens pressés qui traversaient le Champ de Mars pour se rendre à leur travail. Tout semblait si petit, presque insignifiant, depuis ce belvédère en hauteur.
Le soir, lorsque la tour s’illuminait, et que ses scintillements se reflétaient dans les grandes baies vitrées du salon, une ambiance feutrée enveloppait l’appartement. Les murs ornés de moulures délicates et les parquets en point de Hongrie paraissaient se réchauffer à la lumière dorée des lampadaires parisiens. C’était un univers à part, où le passé et le présent se mêlaient, ancrant la famille Martin dans une routine douce, mais solide.
Ces paysages urbains, si proches et pourtant si lointains, avaient accompagné Jeanine et Pierre durant des années. Ils avaient été les témoins silencieux de leurs conversations matinales, de leurs silences partagés, de leurs espoirs et de leurs voyages.
C’est dans ce cadre raffiné que vivait le couple Martin, depuis des décennies, dans un grand appartement haussmannien qui surplombait les rues pavées. Leur existence, tranquille et aisée, avait longtemps été rythmée par les petites routines du quotidien et les grandes joies partagées en
