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De l'homme-animal à l'homme divin: Évolution de la conscience
De l'homme-animal à l'homme divin: Évolution de la conscience
De l'homme-animal à l'homme divin: Évolution de la conscience
Livre électronique513 pages5 heures

De l'homme-animal à l'homme divin: Évolution de la conscience

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À propos de ce livre électronique

Dans cet ouvrage, Éric Marlien, ostéopathe et observateur attentif des souffrances humaines, nous invite à une exploration profonde des expériences de l’âme qui caractérisent notre existence. Au-delà de son riche parcours et de son expérience personnelle, l’auteur puise parmi les innombrables documents qu’il a étudié et se livre à un examen minutieux des douleurs, névroses, émotions débordantes et états d’âme qui touchent chacun d’entre nous.

Ce livre audacieux propose un triple portrait de l’être humain en détaillant ses trois dimensions essentielles. Ainsi, nous découvrons l’homme-animal, incarné dans un corps de chair et animé par des instincts hérités de l’évolution des espèces. Puis nous rencontrons l’homme-personnalité, avec son caractère, son tempérament et sa psyché qui façonnent sa personne unique. Enfin, nous sommes invités à explorer l’homme-spirituel, cet aspect immatériel de notre être, source de vie et de conscience, qui transcende notre pure matérialité et qui donne un sens à notre existence terrestre.

Au fil des pages, en puisant dans l’histoire, les sciences humaines, les philosophies, les religions et les grandes pensées anciennes et modernes, l’auteur déploie une analyse approfondie de chaque aspect de l’humain, révélant les liens étroits entre nos composantes neurologiques, psychologiques et spirituelles. En s’appuyant sur des idées scientifiques et des concepts libres de toute contrainte, une perspective à la fois simple et ancrée dans les problématiques contemporaines et une réflexion inspirante sur notre nature humaine nous sont offertes. L’auteur nous encourage à dépasser les limites qui nous entravent et à embrasser la joie inhérente à notre existence, en traversant courageusement les paires d’opposés que sont le bonheur et le malheur, en proposant de surcroît certaines méditations inédites.

Préparez-vous à un voyage captivant au cœur des mystères et des potentialités de l’espèce humaine.








LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie21 déc. 2024
ISBN9782386256165
De l'homme-animal à l'homme divin: Évolution de la conscience

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    Aperçu du livre

    De l'homme-animal à l'homme divin - Eric Marlien

    Du même auteur 

    Le système nerveux autonome : de la théorie polyvagale au développement psychosomatique. Applications thérapeutiques et ostéopathiques, éditions Sully, 2018.

    • La gestion du stress, éditions Désiris, 2010.

    Quiconque connaîtra l’homme verra que c’est un ouvrage de grand dessein, qui ne pouvait être conçu ni exécuté que par une profonde sagesse.

    –Jacques-Bénigne Bossuet

    Préface

    « C’est toujours un nouveau bienfait, qu’un livre nouveau », disait Léon Bloy.

    Voici donc un nouveau bienfait.

    Nouveau par le ton, nouveau par l’esprit. Toutefois, comme le souligne lui-même Éric, ce n’est pas à une nouvelle anthropologie que nous avons à faire ici, mais à une manière plus claire, plus nette, et surtout plus ouverte, d’articuler nos connaissances sur l’homme.

    « Articuler » devant être pris dans sa double acception, vocale et anatomique.

    On connaît le « tout a été dit » de La Bruyère ; à quoi un philosophe d’humeur badine répondait : « mais comme personne n’écoutait, il faut le répéter ».

    C’est la tâche à laquelle s’est attelé Éric : répéter, redire, dans le langage du XXIe siècle, ce qui a été dit sur l’homme depuis Platon et Zarathoustra.

    Pour cela, Éric ne cesse d’interroger l’homme, et l’histoire de l’homme, afin de trouver — et de prouver — les lois de son évolution.

    C’est là, on l’imagine bien, le fruit d’un labeur considérable, auquel notre auteur ne s’est probablement déterminé qu’en se sentant poussé par une nécessité intérieure.

    Par ailleurs, je suis frappé du ton de modestie et de modération dans lequel est écrit ce livre, tandis qu’un souffle puissant en traverse les pages, et monte vers nous, pour nous inviter à l’optimisme.

    Éric parvient en effet à nous faire partager la conviction qui est la sienne, que l’homme — l’homme vraiment humain — est une espèce en voie d’apparition.

    À cette thèse, il apporte de solides arguments, qui pourraient aller jusqu’à toucher la population des inquiets et des sceptiques, laquelle constitue aujourd’hui dans l’humanité la majorité du genre.

    Non, nous laisse-t-il entendre, une civilisation ne se mesure pas à la rapidité des voyages, ni au nombre de records battus dans la production des biens matériels ; mais, comme le Royaume, elle réside au dedans de nous, et se rattache à certaines forces présentes dans notre âme.

    Ces forces, longtemps endormies, ne s’éveillent pas toutes seules : il y faut l’étroite alliance « des générations et de Dieu », comme disait Barrès : des siècles de perfectionnement sont nécessaires, poursuivis à travers maintes incarnations et tribulations, pour qu’un individu, à un moment de son histoire, se pare tout à coup des qualités de son âme. Une histoire nous est donc contée : celle de la façon dont les forces de la vie et de l’évolution s’y prennent pour faire passer l’homme d’une adolescence impure à une magnifique plénitude.

    Il y a là un thème — au sens musical — qu’on n’entend plus guère dans le dur siècle qui est le nôtre.

    Pour le réécouter, il nous faudrait aller demander à Bergson et à Teilhard de nous faire à nouveau entendre leurs voix. Mais trop d’années se sont écoulées depuis que les yeux de ces deux grands voyants se sont fermés.

    Aussi, il n’est que temps de réorchestrer ce thème.

    Une telle entreprise suppose de se relier à certaines Sources, intemporelles. C’est ce que fait Éric, en remettant au jour, et en nous rappelant l’efficacité des vertus qui se cultivaient jadis dans l’ombre des sanctuaires.

    La large culture de l’auteur le met à la hauteur de cette tâche.

    Cette culture est un confluent : familier avec ce que les sciences naturelles nous apprennent du corps humain, Éric nous apparaît aussi comme ce navigateur qui a beaucoup navigué sur le fleuve des sciences spirituelles, lesquelles, de leur côté, ont tout à nous apprendre sur l’âme humaine.

    Mais cette belle érudition ne nous serait pas si précieuse si elle n’était mise, comme on pourra le constater, au service d’une Vision.

    Vers cette Vision, Eric s’avance, et nous emmène, avec précision et fermeté, soucieux de ne rien énoncer qu’il ne puisse appuyer d’une référence ou d’un exemple.

    C’est que, dans une époque où ce qui se publie dans les domaines de la spiritualité et de l’ésotérisme apparaît souvent superficiel et hâtif, Éric sait combien l’acte d’écrire est sérieux et grave, lourd de conséquences, et qu’il engage infiniment plus que nous-même.

    D’où cette exigence de concentration que suppose de la part du lecteur l’étude de son livre.

    Le lecteur ! Éric ne lui concède rien. Il n’est pas tourné vers lui, ne cherche pas à le séduire, mais, tout entier concentré sur le sujet qui l’occupe, il déroule sa démonstration.

    En quoi consiste-t-elle ? À pointer, dans les passions humaines les plus basses, le signe d’une Présence, la promesse d’une métamorphose.

    Et tout son art consiste à rendre perceptible cette Présence, probable cette métamorphose.

    Le récit d’Éric — car, encore une fois, ce livre se lit comme un récit — vient témoigner que le Royaume des âmes, dont le Christ a dit qu’il est au dedans de nous, est à la fois l’aboutissement, et le point d’un nouveau départ, pour cette quête ininterrompue que la partie la plus avancée de l’espèce humaine poursuit sur toutes les routes intérieures. Le propos est ferme, mais jamais fermé. D’une plume vigoureuse, Éric nous montre comment l’Adam de limon devient peu à peu l’Adam de lumière ; il déroule sous nos yeux le long-métrage de l’évolution créatrice. En suivant sa narration, il nous est possible de voir de quelle façon une humanité baignant tout d’abord au plus épais de l’animalité primitive se redresse ensuite pour s’acheminer inexorablement vers une spiritualité définitive.

    Dans un temps où le pessimisme est la règle, et l’optimisme l’exception ; où « se plaindre » est devenu le plus pronominal de tous les verbes, ce livre arrive à l’heure dite pour faire entendre tout à la fois un chant d’espoir ainsi qu’une pressante invitation au détachement.

    Une des conclusions possibles de ce bel ouvrage est peut-être celle-ci : que la nappe profonde qui alimente le génie humain n’est pas près de s’épuiser.

    Donnez-vous la peine d’entrer dans ce récit, vous que passionnent les mystères de l’homme, ou qui êtes simplement curieux de ce qui est humain, vous ne le regretterez pas !

    Jacques Sourmail

    Avertissement

    En cette période de crispation autour des questions raciales, d’identité, de transidentité, de féminisme, de néo-féminisme et de wokisme, en ces temps où certains s’autorisent à réécrire des passages d’œuvres classiques au nom de valeurs d’apparence libertaire qui cachent mal leur sectarisme et leurs tendances inquisitoriales, la question peut se poser de l’emploi de certains termes lorsque l’on aborde l’écriture d’un ouvrage.

    Pour ma part, j’ai très vite répondu à cette question et assume pleinement l’emploi des substantifs qui désignent les objets principaux du présent essai. Ainsi, j’emploierai « homme » ou « être humain » indifféremment. « Homme » véhicule une vibration, un son, qui serait dilué et perdrait de sa force si je devais préciser à chaque fois « l’homme, ou la femme ». Le mot « homme » vient du latin humus, la terre. C’est précisément cette signification que je souhaite soutenir dans ce livre, en parlant de l’être humain incarné sur terre, un humus à partir duquel peut croître tout autre chose. Selon la légende, le premier être humain fut formé à partir de l’humus de la Terre. L’homme n’a d’autre choix que de marcher sur Terre. Sa bipédie le fait tenir vertical, entre ciel et terre, parce qu’il a également reçu une âme vivante.

    Ici une compensation sera donnée aux irréductibles du genre : « âme » est un mot féminin. Il sonne comme « femme », tandis que « homme » résonne avec le OM, le mot sacré, le verbe créateur.

    En évoquant le parcours de l’homme dans les pages qui suivent, la division des genres, pas plus que celle des races, n’auront la moindre place dans mon esprit. L’humanité est Une !

    Note de l’auteur

    Comme pour vous, peut-être, la question de la mort est venue très tôt me questionner douloureusement. Vers l’âge de sept ans, je connus des moments d’angoisse à l’idée que mes parents puissent disparaître. Simultanément, je me questionnai sur le sens de l’existence, dans une forme que de telles questions peuvent prendre dans l’esprit d’un enfant.

    La religion n’occupait pas une place prépondérante dans ma famille, au sens d’une pratique régulière, mais n’était pas complètement absente non plus. Mes parents étaient en recherche spirituelle, laquelle ne se confinait pas à la seule religion catholique. Je ne suis jamais allé au catéchisme et n’ai reçu comme sacrement que le seul baptême, dont je ne garde bien sûr aucun souvenir. J’étais par ailleurs un enfant assez dissipé, ce qui conduisit mon père à me menacer plusieurs fois de m’envoyer au Tibet chez les moines où, paraît-il, je serais obligé de rester des heures sans bouger. Cette menace représentait la pire des punitions pour moi. Mais une chose m’importait plus que tout : voir Dieu, ou Jésus (je ne faisais alors pas trop la différence), ou bien qu’Il revienne sur Terre ou, encore mieux, qu’Il vienne me chercher car je trouvais l’existence plutôt ennuyeuse.

    Progressivement, grâce aux discussions qui avaient cours chez moi, puis dès l’adolescence à travers mes lectures, je me fis une idée assez ouverte de la religion et de la spiritualité et cette dernière m’apparut comme l’élément essentiel, celui qui pouvait donner un sens à l’existence.

    J’aurais pu embrasser une carrière de prêtre, ou de philosophe mais la première m’apparaissait comme trop contraignante, contraire à l’esprit de liberté qui m’animait, et la seconde comme trop sèchement intellectuelle.

    Le mystère des impulsions profondes qui nous animent et qui président souvent à nos destinées m’a fait choisir un métier centré sur le corps, celui d’ostéopathe. Choix paradoxal car, passée la phase narcissique de l’adolescence et du tout jeune adulte, le corps ne fut jamais l’objet de mon attention première. Mais ce métier, et la carrière d’enseignant que j’ai très vite exercée en parallèle, m’ont obligé à nuancer mes tendances mystiques qui ne s’embarrassent jamais des faits et de la rationalité. Confronté à la vérité des corps qui souffrent d’une part, et à l’obligation d’une démarche expérimentale, logique et méthodique par les diverses fonctions que j’ai pu occuper d’autre part en tant que directeur des mémoires de fin d’études en ostéopathie et responsable de la recherche pendant de nombreuses années, j’ai ainsi pu me nourrir de nombreuses connaissances scientifiques et me forger un mental plus rationnel. C’est ainsi armé que j’ai, de façon parallèle, continué ma quête spirituelle, à la lumière de l’esprit des philosophes et des traditions spirituelles et religieuses qui ont ensemencé la conscience de l’humanité à travers les siècles.

    Ce parcours m’a forgé une spiritualité vivante, incarnée et, chose la plus précieuse, libératrice. Il m’a permis de construire une spiritualité qui est en mesure de nous libérer de multiples conditionnements. Ceux de notre propre histoire personnelle premièrement, conditionnements familiaux, souffrances et traumatismes que nous avons pu connaître dès l’enfance. Ensuite, ceux qui proviennent de notre socioculture qui circonscrivent, au moyen de murs, ce que nous nous autorisons à faire et surtout à être. Murs de la culpabilité, murs du politiquement correct, murs des opinions dominantes et murs du consumérisme sur lesquels sont affichées les possessions censées nous rendre heureux.

    Deux raisons principales m’ont poussé à écrire ce livre.

    La première a trait au domaine qui couvre spiritualité, ésotérisme et les autres branches qui attirent les personnes en recherche d’autres dimensions que celles qu’apportent les valeurs à court terme de l’existence : argent, possessions, satisfaction des sens, excitations émotionnelles de toutes sortes… Un écueil majeur les guette, celui de la spiritualité refuge se déclinant en systèmes et pratiques qui alimentent de nombreux fantasmes.

    Il existe en l’être humain des besoins et des peurs primaires, qui seront décrits dans la première partie de ce livre, sources d’insécurité, d’inhibitions et même de failles narcissiques qui nous conditionnent fortement et dont nous aimerions tous être libérés. Lorsqu’ils ne sont pas identifiés pour ce qu’ils sont, puis assumés et traversés lucidement, ils sont refoulés et peuvent nous conduire dans des voies apparemment salvatrices qui vont nous donner l’illusion de les avoir dépassés. Gare au retour du refoulé comme Freud nous en avait mis en garde ! La spiritualité et les approches connexes sont des candidats de choix pour aspirer ceux qui ne peuvent ou ne savent voir leur réalité en face. Et lorsque la démarche spirituelle se construit sur de tels sables mouvants, elle a toute les chances de s’enliser. À terme, la déception éprouvée est telle qu’elle conduit à la détestation de soi-même qui prend la forme d’une dépression existentielle profonde. Pour ceux qui ne savent s’exécrer eux-mêmes, c’est le monde qui devient alors l’objet de leur détestation.

    J’entends montrer à travers cet ouvrage le fil conducteur qui tisse et relie les différentes parties de l’être humain, depuis ses besoins primaires jusqu’à ses dimensions les plus transcendantes, en passant par ses caractéristiques psychologiques.

    La seconde raison est le fruit de ma pratique en tant que thérapeute du corps, à laquelle s’ajoute mon expérience de la dimension psychologique. Outre les études que j’ai suivies dans ce domaine, je côtoie et forme de nombreux psychothérapeutes avec lesquels j’ai d’abondants et fructueux échanges. Après plus de trente-cinq ans de confrontation avec la maladie et la souffrance, aussi bien physiques que morales, il m’apparaît avec une totale certitude que la guérison est le fruit d’une évolution. Évoluer signifie passer d’un état à un autre. Et en effet, lorsque nous souffrons c’est que nous sommes figés dans un état particulier ; guérir correspond alors à se mouvoir dans un état nouveau. Si mon métier d’ostéopathe implique que l’on requière le plus souvent mes services pour des souffrances corporelles, ce sont bien souvent les tourments de l’âme, causaux ou parallèles à ceux du corps, qui sont impliqués dans le fait de demeurer immobilisé dans l’état de souffrance. Il en va de même évidemment lorsque cette souffrance est purement morale. La vie m’a appris que l’état de figement est d’abord et avant tout lié à notre conscience. La conclusion s’impose alors : ce sont les changements dans la conscience qui constituent le facteur déterminant pour guérir. La guérison, au vrai sens du terme, est donc synonyme d’évolution de la conscience.

    L’évolution de la conscience est précisément le cœur de cet ouvrage que j’ai souhaité partager avec vous.

    Introduction

    Si je regarde dans le rétroviseur de ma propre existence et y ajoute la somme des souffrances morales de mon entourage et celles des milliers de personnes que j’ai reçues en consultation, je pense avoir acquis une certaine expérience des peines, chagrins, deuils, mais aussi des névroses, émotions débordantes, peurs, anxiétés, jalousies, mesquineries et que sais-je encore qui constituent la palette de tous les états d’âme de l’être humain.

    J’ai aussi assisté à de belles choses au sein de la communauté des hommes, nul besoin d’assombrir le tableau plus que nécessaire. Cependant je suis nourri de l’espoir que la famille humaine est potentiellement capable d’en réaliser mille fois plus et de créer un monde où il ferait bon vivre et exister ensemble, un monde dans lequel nature et culture cohabiteraient dans la plus grande harmonie.

    Cette utopie, ou plutôt cette espérance, m’anime et je la crois possible. Mais je ne commettrai pas l’erreur grossière de lui donner un délai ou une borne dans le temps et peu m’importe que cela advienne dans cent ans ou dans dix mille ans ! Nos idéaux ne doivent pas créer une illusion d’optique, gardons en conscience que ce sont des télescopes qui voient très loin en avant. S’ils nous guident par leur vision du Beau ou du Bien à venir, les imaginer à portée de main ne peut conduire qu’à d’amères désillusions pouvant mener au cynisme ou à la misanthropie. Ce qui produirait l’exact opposé de l’idéal qui m’anime.

    Il convient avant tout de distinguer les obstacles qui s’opposent à l’accomplissement de ce à quoi nous aspirons, individuellement et collectivement, puis de se concentrer sur ceux qui sont immédiatement compréhensibles et donc surmontables. Chaque âge, chaque cycle de l’existence comporte ses propres difficultés comme ses propres ressources pour évoluer et nous ne pouvons ni assumer ni gérer celles qui sont à venir encore loin devant nous.

    Notre humanité actuelle, en moyenne et au niveau d’évolution psychobiologique et moral auquel elle est parvenue, rencontre un certain nombre de difficultés, de conflits, de peurs, en un mot d’obstacles, qui se retrouvent à des degrés divers dans les individus qui la composent. La quête éternelle du bonheur se trouve quasiment toujours, et tôt ou tard, entravée d’une manière ou d’une autre. Pour certains, les événements extérieurs peuvent ou semblent jouer le plus grand rôle – nous en discuterons – tandis que pour d’autres, autant dire une majorité dans nos pays modernes, les causes sont aisément identifiables au sein des dispositions inhérentes à notre nature.

    Ce sont elles que cet ouvrage entend présenter, afin de mieux en discerner les racines et les ressorts, puis de tenter d’ouvrir quelques pistes pour apprendre à jouer avec, voire de comprendre comment la force motrice que ces dispositions apparemment préjudiciables contiennent peut se révéler être également l’énergie même pour nous en affranchir. Tel est le paradoxe : ce qui nous limite par nature peut, si l’on sait le comprendre puis le transformer, être ce qui nous fait grandir, évoluer et nous rendre plus libre. J’ai bien conscience que l’objectif est immense et me sens, au début de cette entreprise, quelque peu écrasé par l’ampleur du sujet. Les principales religions, comme de nombreuses philosophies, n’ont-elles pas déjà répondu chacune à leurs manières à ces questions cruciales ? Sans en sous-estimer l’apport extraordinaire, mon ambition n’est pas de me porter à ces hauteurs considérables, ce qui serait folie, mais plus simplement d’apporter un regard plus proche des problématiques que vivent de nombreuses personnes en cette époque moderne (le caractère moderne étant, du fait de l’écoulement temporel, toujours très éphémère). J’emprunterai à cette fin des idées, des découvertes et des concepts qui pour partie sont dits « scientifiques », et d’autres qui s’en absolvent en toute liberté. Fervent admirateur de l’esprit scientifique véritable, celui-là même qui ne s’enferme dans aucun dogme et qui sait que toute formulation du Réel est limitée et en évolution constante, mon admiration n’est pas moindre pour tous les grands esprits qui, au cours des siècles, ont contribué par leur génie à enrichir notre conscience de la grande Vie au sein de laquelle nous avons la nôtre.

    J’ai pris le parti de ne pas citer avec précision toutes les sources dont je me suis inspiré comme il est d’usage dans un ouvrage ou une publication scientifiques. J’ai eu à travailler ainsi auparavant, mais estime ici que cela nuirait à la fluidité de l’exposé. De plus, ma conviction est que ce qui compte pour chacun d’entre nous, c’est ce que nous avons pu vraiment intégrer dans notre conscience au travers de notre apprentissage, et non pas d’être capable de réciter ou de citer les propos de tel ou tel auteur. Ce qui m’importe est une philosophie vivante et vécue, non pas d’être cultivé au sens où on l’entend couramment.

    Le lecteur doit savoir que je ne revendique rien de véritablement personnel. Ma pensée actuelle s’est forgée au cours des dernières décennies à partir de lectures et d’études variées. Elle a été nourrie de la pensée de très nombreux personnages, scientifiques, spécialistes des sciences humaines, philosophes, religieux ou grands penseurs modernes et anciens. Je considère ma propre capacité à réfléchir comme minuscule par rapport à tous ces illustres inspirateurs.

    Que le lecteur veuille bien considérer que tout ce qui d’aventure ne lui semble pas intéressant ou éloigné de la vérité est le fruit de ma propre réflexion. Et que ce qui lui semble enrichissant et digne d’intérêt émane de ces grands personnages. Il se peut qu’une minuscule fraction de ce qui va suivre puisse être considérée comme originale. Dans ce cas, il est possible que l’auteur ait bénéficié de quelques averses fécondes provenant du « nuage de pluie des choses connaissables », pour se référer à ce grand sage Indien que fut Patañjali, le père du Yoga indien. Cette infime inspiration peut aussi avoir puisé à l’inconscient collectif défini par Jung ou encore avoir transpiré de la noosphère, néologisme forgé par Vladimir Vernadsky et Pierre Teilhard de Chardin, et qui désigne la sphère de la pensée humaine. Une nappe pensante issue de toutes les productions mentales humaines qui croît au fur et à mesure de l’émergence et de l’intensification de la conscience.

    Mon intention est de présenter au lecteur un triple portrait de l’être humain. Chacun de ses portraits esquisse une dimension spécifique possédant sa propre logique et, pourvu que l’analyse soit suffisamment élaborée, qui semble expliquer l’homme pleinement. Pour ma part, chaque portrait me semble incomplet s’il n’est pas mis en relation avec les deux autres et si les trois ne n’assemblent pas en un tout cohérent. Alors, autre chose se dessine, de bien plus vaste et de bien plus sensé. Quelque chose qui donne du cœur pour traverser l’existence et en accepter toutes les facettes, les joyeuses comme les douloureuses. Alors, la tragédie humaine n’est plus soit refoulée, soit acceptée servilement ; au contraire, nous pouvons en devenir les acteurs responsables et connaître la joie que nous avons en héritage, une joie qui se situe entre les paires d’opposés que sont le bonheur et le malheur, par nature éphémères.

    Nous commencerons par observer l’homme-animal, poursuivrons notre étude par celle de l’homme-personnalité et finirons notre périple à travers ce qui semble être l’intention de l’évolution : l’avènement de l’homme-spirituel.

    Nombreuses sont les religions et les spiritualités qui considèrent l’être humain comme un esprit incarné dans un corps de chair. Le grand philosophe que fut Henri Bergson écrivait : « La grande erreur des doctrines spiritualistes a été de croire qu’en isolant la vie spirituelle de tout le reste, en les suspendant dans l’espace aussi haut que possible au-dessus de la terre, elles les mettaient à l’abri de toute atteinte. […] Elles ont raison de croire à la réalité absolue de la personne et à son indépendance vis-à-vis de la matière ; – mais la science est là, qui montre la solidarité de la vie consciente et de l’activité cérébrale. Elles ont raison d’attribuer à l’homme une place privilégiée dans la nature, de tenir pour infinie la distance de l’animal à l’homme ; – mais l’histoire de la vie est là, qui nous fait assister à la genèse des espèces par voie de transformation graduelle et qui semble réintégrer l’homme dans l’animalité.¹ » Ces propos nous introduisent tout droit au cœur du présent ouvrage, qui propose un essai sur la constitution de l’être humain ainsi que sur les métamorphoses qu’il subit par le jeu d’un courant évolutif qui emporte toute la vie, celle de l’univers comme celle de toutes ses parties.

    La thèse ici développée montre que l’être humain se décline selon trois grands principes :

    –son corps de chair, à la fois sensible et mis en mouvement par son système nerveux, fruit de l’évolution des espèces, qui lui donne son corps animal et ses instincts : c’est l’homme-animal.

    –son caractère, son tempérament, la somme de ses défauts et de ses qualités, son psychisme qui détermine sa personne particulière : c’est l’homme-personnalité.

    –enfin son esprit, son âme, la source de sa vie et de sa conscience, ce qui est irréductible en lui : c’est l’homme-spirituel.

    Chacun de ces trois aspects est étudié en détail dans ce livre, qui peut ainsi se percevoir comme une étude anatomique, physiologique et pathologique de l’être humain, dans ses composantes neurologiques, psychologiques et spirituelles.

    Ces trois principes dominent successivement la conscience de l’individu au cours d’un processus évolutif spontané et involontaire au début, mais que l’on peut accompagner et favoriser une fois prise toute la mesure de l’enjeu : l’actualisation de l’être humain dans toute sa plénitude. C’est précisément l’objet de ce livre que d’en décrire les étapes, les pièges et les difficultés, et de proposer des pistes pour en favoriser l’avènement.

    Bergson nous offre encore une image éloquente sur laquelle nous pouvons nous appuyer : « Elles [les âmes] ne sont pas autre chose que les ruisselets entre lesquels se partage le grand fleuve de la vie, coulant à travers le corps de l’humanité. Le mouvement d’un courant est distinct de ce qu’il traverse, bien qu’il en adopte nécessairement les sinuosités. La conscience est distincte de l’organisme qu’elle anime, bien qu’elle en subisse certaines vicissitudes.² »

    Cette métaphore du fleuve nous permet d’entrevoir une compréhension de l’être humain particulièrement éclairante. L’eau du fleuve est son essence même, sa cause première, le flux de l’esprit, l’âme de l’homme qui donne la vie et le courant de la conscience. Le sol est la chair, la matière qui reçoit ce courant de vie. Le lit du fleuve, qui fut d’abord torrent puis rivière, est le produit de l’action de l’eau et de la résistance du sol, creusé et dessiné au cours des âges par ce phénomène d’érosion dont la forme, la profondeur, ses tours et ses détours dépendent essentiellement de la nature géologique du sol, de sa résistance, de sa solidité et de la solubilité des roches, de la proportion de matière meuble, de sa pente générale et des obstacles qu’il rencontre.

    La géologie est l’équivalent de notre biologie, avec les contraintes inhérentes à notre corps et à notre cerveau issues de l’évolution animale.

    Produit de l’union des deux, la personnalité humaine se construit et se déploie au fil de l’influence grandissante des eaux de l’esprit sur la terre qu’est le corps. Très imparfaite au début de son évolution, elle trouve la capacité d’agir et de modifier le cours de la rivière. Elle commence par gaspiller cette eau nourricière qu’elle ne peut contenir dans les débuts tant son lit est peu profond, puis va apprendre à en détourner le cours pour son unique profit personnel. Elle comprendra ensuite comment l’utiliser pour irriguer des cultures afin de se nourrir puis d’en faire profiter d’autres qu’elle-même, et saura même créer des retenues pour en intensifier la puissance afin de produire de l’énergie. Fort de cette énergie, l’homme-spirituel devient capable d’éclairer le monde…

    Je souhaite faire part d’une dernière remarque avant d’entrer dans le vif du sujet. Si cet ouvrage se veut généraliste, du fait de mon parcours professionnel d’une part et en raison de mes activités d’enseignement qui m’ont amené à côtoyer des centaines de psychothérapeutes, une partie des idées que je vais partager possèdent une vocation pédagogique destinée à tous ceux qui ont en charge, d’une façon ou d’une autre, les difficultés morales et psychologiques de leurs prochains. J’estime également avoir une idée assez précise de la palette des plaintes d’ordre psychologique des individus de notre société actuelle d’une part, et des paradigmes principaux de l’approche psychothérapeutique moderne d’autre part. Cependant les idées présentées ici risquent de surprendre car elles sont parfois nettement à contre-courant des concepts qui ont la faveur des psychothérapeutes.

    L’individu moderne est caractérisé par une aptitude de plus en plus grande à se plaindre et à accuser la vie, son histoire personnelle, son passé ou son futur, les gouvernements… tout élément pourvu qu’il soit situé à l’extérieur de lui-même. Une abondance de nouveaux produits, méthodes, promesses, thérapies naissent chaque année pour accueillir cette plainte et la remplacer par le bonheur, enfin, et sans le moindre effort !

    L’être humain est plus enclin à se lamenter qu’à se corriger ! Le programme proposé dans cet ouvrage risque de ne pas être très vendeur puisqu’il s’appuie sur la vertu de l’effort, de l’amendement, de la discipline personnelle, en bref sur ce qui nous permet de croître et d’évoluer, de passer de l’enfance quémandeuse à l’adulte responsable.

    Première partie

    Que reste-t-il de l’animal

    en l’homme ?

    Il est dit que l’homme n’est rien de plus qu’un animal, trônant au sommet de l’arbre phylogénétique retraçant l’évolution des espèces. D’autres affirment sa nature divine, créé dès le commencement humain, sans commune mesure avec l’animal. Ces conceptions antinomiques ne s’opposent qu’en apparence et contiennent peut-être chacune une part de vérité, comme j’essaierai de l’exposer. Mais en attendant, la progression des découvertes scientifiques a montré, sans qu’il soit désormais impossible de s’y opposer, que notre corps de chair et notre système nerveux possèdent des caractéristiques communes avec le règne animal et procèdent d’un long cheminement évolutif des espèces.

    Nous allons voir dans cette partie de quelle manière l’animalité continue à sous-tendre un bon nombre de nos comportements et de nos réactions.


    1 . Bergson Henri, L’évolution créatrice, PUF, p. 268.

    2 . Ibid., p. 270.

    Remarques préliminaires

    Un fait survenu six mois après l’achèvement de l’écriture de ce livre et peu avant qu’il soit publié m’amène à devoir insérer ici quelques précisions.

    En préparant une formation s’appuyant sur la présente première partie et concernant les peurs et besoins fondamentaux, je me souvenais d’avoir entendu parler de la pyramide des besoins d’Abraham Maslow³. Je connaissais son nom, je savais qu’il avait modélisé une pyramide des besoins humains mais curieusement – au vu de toutes les lectures que j’avais faites au cours des trente dernières années dans le domaine de la psychologie – je ne m’étais jamais arrêté à étudier cet auteur. Durant l’écriture de ce livre, je l’avais seulement cité par respect, en l’identifiant comme l’un des pères de la psychologie humaniste, mais sans rien connaître de sa pensée. Mes études personnelles en matière de psychologie humaniste et transpersonnelle m’avaient amené à travailler essentiellement sur Carl G. Jung et Roberto Assagioli.

    Un peu par hasard, j’allais donc voir de plus près cette pyramide des besoins reproduite ci-dessous et qui,

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