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Parfum violent à Doëlan: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 37
Parfum violent à Doëlan: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 37
Parfum violent à Doëlan: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 37
Livre électronique292 pages3 heuresLes enquêtes du commissaire Landowski

Parfum violent à Doëlan: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 37

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À propos de ce livre électronique

Doëlan, petit port pittoresque de Bretagne sud.

Agnès y compose savamment des parfums haut de gamme. Le week-end, un guitariste nostalgique et sa compagne chanteuse promènent les enfants en calèche et interprètent de vieux tubes des années soixante.

Mais, un matin de crachin, Jenny est retrouvée morte en bord de mer. On commence à parler d’euphorisants illicites et de fiestas débridées. Josic joue les gros bras en terrasse et le docteur Laversande sirote de bons millésimes en rêvant de jeunes femmes peu farouches.

Linda range ses huiles essentielles en attendant John. Hélas ! le malheur a décidé de sévir. Le fiancé, allongé dans les herbes folles du vallon, vient juste de rendre l’âme. Les actes odieux ne se pardonnant jamais, l’hécatombe devient alors inévitable.

Le divisionnaire Landowski et son équipe de choc s’emparent de cette affaire si particulière cuisinée à la haine tenace et au parfum de mer.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Serge Le Gall - Dans la collection Pol’Art, l’auteur vous a proposé de suivre les tribulations du détective Samuel Pinkerton. Dans la collection Enquêtes et Suspense, il vous invite à découvrir ici la 37e enquête du désormais célèbre commissaire divisionnaire Landowski.

LangueFrançais
ÉditeurÉditions Alain Bargain
Date de sortie17 juil. 2024
ISBN9782355507380
Parfum violent à Doëlan: Les enquêtes du commissaire Landowski - Tome 37

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    Aperçu du livre

    Parfum violent à Doëlan - Serge Le Gall

    PROLOGUE

    C’était un dimanche de pluie.

    Une ambiance grise avec l’horizon bouché pour étriquer la vision au maximum.

    Quand approchent les fêtes de la Toussaint, le climat décide souvent d’être dans le ton de la grisaille et de la tristesse. Une sorte de crachin désagréable hésitant entre la bourrasque soudaine et le rideau mouillé.

    Un temps supporté par les Bretons natifs, mais pas forcément par les autres. Question de tempérament.

    Par moments, le vent espiègle s’amusait à arroser les pans de murs sans espérer vraiment leur redonner l’éclat magnifique de leur premier printemps. Le moisi s’insinue puis s’installe en force et la patine du temps ne cède pas facilement sa place.

    Sur le parking face à la criée déserte, il n’y avait pas âme qui vive. Juste l’effigie colorée en rouge d’un personnage collé sur la borne toute proche du bord du quai. Depuis quelque temps, il y avait, à Doëlan, ce type de décalcomanies grand format placardées ici ou là, sur les murs des bâtiments abandonnés ou sur les bittes d’amarrage. Des couleurs vives dans un monde de gris et de beige sali par les intempéries, grignotées par l’humidité salée d’un océan souvent impétueux et arrogant. Du côté de la criée adossée à la colline, il y avait quelques bacs à poissons qui se frottaient un peu produisant des sons dignes des Hauts de Hurlevent. Une plaque de métal accrochée à un grillage cherchait la rime en tremblant. De quoi faire frémir les esprits délicats.

    À vrai dire, il faisait un temps de chien. Vocable pas très gentil pour un toutou blotti en boule dans son panier chez sa mémère prévenante.

    Le temps plus clément reviendrait bientôt ou plus tard, mais il ne fallait pas s’attendre à l’arrivée d’un franc soleil peu avare de ses rayons.

    Il y avait bien quelqu’un. La promeneuse solitaire remontait vers le parking au-dessus. Le magasin d’articles pour les amoureux de la mer, comme profession ou comme passion, était ouvert. L’éclairage bien franc rassurait s’il en était besoin.

    L’inconnue gravit les quelques marches puis elle fit quelques pas sans se presser. Les bourrasques attendraient. Et puis, comme il arrive dans la vie qui décide pour vous, il y avait là, à quelques mètres, sur la droite, quelque chose d’intrigant. La promeneuse solitaire qui pensait à bien d’autres choses comprit aussitôt qu’une découverte peut-être surprenante s’offrait à elle. Oui, il y avait là, blotti contre le mur de pierres sèches, un ensemble de vêtements chiffonnés de couleur sombre que les herbes folles et trempées cherchaient vainement à dissimuler. On aurait dit qu’on avait voulu cacher la chose encore imprécise en redressant les broussailles en rive, les peignant même en hauteur pour leur redonner vigueur et créer ainsi un écran de dissimulation bien imparfait. Pudique peut-être.

    La courbe du sentier appuyait sur la gauche et le muretin serpentait le long du chemin de marche menant au port de Merrien encore distant de presque six kilomètres quand même ! Récemment, on avait jointoyé les moellons de soutènement en utilisant un liant beige classique et en ne cherchant pas midi à quatorze heures. Au-dessus, on avait placé une sorte de rideau de brandes de bruyère. Marron. Simple. Efficace. Solide.

    Côté mer, il y avait un peu de végétation quand, côté continent, le mur était contraint à suivre une courbe harmonieuse qui semblait annoncer son besoin de descendre vers la mer qu’on entendait s’activer sans relâche en contrebas. Les rias de Bretagne sud s’amusent de l’océan qui cherche à les défier. Le vent s’en va, mais la mer demeure ! Les visiteurs s’extasient devant la fureur des vagues et le son rauque de l’océan dans les cavernes rocheuses. Oratorio sans orchestre…

    Et c’était ce muret en courbe presque gracieuse qui servait d’abri momentané à ce ballot de vêtements plus noir que bleu marine qui n’avait, à vrai dire, rien à faire là ! Un rejet indécent en ce temps où l’on demande à tout un chacun de respecter la nature…

    Tout d’abord et tentant d’envelopper pudiquement l’ensemble, il y avait une sorte de caban dont on ne voyait que la partie dorsale puis, un peu sur la droite, un tissu plus strict d’un gris souris effrayée qui tentait de dissimuler une forme bombée encore bien indéfinissable à ce stade du regard sans repères. Une jupe froissée et salie peut-être. Au moment du dépôt, le ballot avait dû racler le muret si bien que des poussières de moellons avaient pu saupoudrer le tissu du caban. Aujourd’hui, on jette tout et n’importe quoi n’importe où ! Mais ensuite, l’inspection reprend ses droits et la réalité des images balaie tout rêve excessif.

    La promeneuse solitaire aurait très bien pu se désintéresser de la chose en l’ignorant et en scrutant l’océan et son image changeante puis passer son chemin. La curiosité crée parfois des problèmes insoupçonnables à mettre à mal une vie bien tranquille. La vie des autres…

    Et ici, ça allait être le cas ! Et comment ! Parce qu’il y avait un après qui allait se donner à découvrir ! Un truc insensé à se grignoter les peaux mortes des ongles en plein stress. Mais oui, l’embrouille concoctée par des esprits malins avançait discrètement avec un feulement d’animal sauvage. Pour l’heure, le destin avait un petit creux, un moment de libre, un trou dans la raquette ! Il allait s’ingénier à le combler très vite ! Cyniquement !

    C’est curieux de constater comment le côté sombre des choses bouscule si aisément la fragilité du bonheur…

    En effet, en limite basse du tissu gris franchement mouillé et remonté sur les cuisses, apparaissait un mollet puis un autre, muscles arrondis harmonieusement, de peau lisse et blanche, de douceur au toucher certainement, les deux conduisant à des pieds glissés maladroitement dans des chaussures maculées de terre humide. Des chaussettes fines étaient roulées en boule. On aurait dit qu’elles avaient été abandonnées sur l’herbe comme si on avait finalement renoncé à les enfiler aux pieds couleur de craie. La jambe gauche reposait sur l’autre, créant un triangle ouvert, que les herbes avaient squattée dès que possible.

    Plus haut, à la partie supérieure des genoux, on pouvait voir l’ourlet déchiré du caban qui fuyait en biseau. Il y avait aussi un triangle sombre masquant toute intimité en filant se mettre à l’abri sous le tissu chiffonné. Des jambes fines, d’un beige soyeux, lisses et aux attaches délicates. Une douceur de peau attirant le regard et sollicitant un contact caressant. Sauf que ce n’était ni le jour ni l’heure de batifoler dans les herbes sauvages en yodlant des couplets frivoles à la bavaroise !

    En fait, il fallait s’y résoudre enfin ! Il ne s’agissait en rien d’une belle endormie. Point.*

    Le corps auquel on avait, peut-être, voulu donner l’aspect d’un ballot de chiffons abandonné et qu’on avait maladroitement dissimulé dans la végétation pour s’en débarrasser, saillait des herbes folles écrasées par le volume.

    Parce qu’il s’agissait bien d’une femme.

    Jeune et belle.

    Trempée de pluie scélérate.

    Parfumée à outrance.

    Étendue et inerte.

    Morte à n’en pas douter.


    * Voir La Belle Endormie de Port-Manech, même collection.

    I

    Il y avait environ une petite heure qu’Agnès Delorme avait interrompu son travail. Une activité de longue haleine. Dans la création, la durée ne suit pas forcément le sens des aiguilles de l’horloge. Les assemblages de senteurs à la fluidité de sirop nonchalant exigeaient du temps, de la précision et… de la subtilité olfactive ! Elle se devait au geste de dosage, au coup de cuillère en bois d’if pour lisser la composition. Tout ce temps et l’attention de tous les instants pour chercher à atteindre le Graal !

    Elle naviguait entre son laboratoire sombre comme un four et la verrière donnant sur la mer qui ravivait les couleurs. La création est exigeante. Il s’agissait quand même de préserver les fragrances de l’Antiquité. Pour un peu, elle aurait espéré chasser les esprits maléfiques par la fumée odorante.

    Elle en était à la préparation de doses de nard de l’Himalaya censé agir contre le stress, et calmer le trop-plein d’émotions. Elle en faisait commerce pour soigner le psoriasis, les hémorroïdes et les varices. Avec un plaisir non dissimulé, elle laissait errer un parfum d’oliban, l’encens de l’Antiquité, pour respecter l’histoire. En effet, en 1922, on avait retrouvé les deux produits dans la tombe de Toutânkhamon et ils n’avaient rien perdu de leur fragrance après des siècles d’enfermement secret.

    Quand elle estimait que le mélange allait parvenir à l’osmose espérée fébrilement, elle glissait lentement le bras gauche sous son tee-shirt un peu froissé et elle se pinçait le téton droit pour que la fine douleur ainsi créée fasse émerger la part de rêve escomptée avant de redescendre sur terre. Une pratique personnelle et secrète qu’elle n’aurait dévoilée à personne de peur de passer pour une dépravée.

    Sans regret aucun, elle appréciait ce moment indicible de la création finement douloureuse où le frisson la bousculait brutalement comme une vague tonique. Comme l’orgasme féminin. De ceux dont on rêve en couleurs. Et elle ne s’en lassait pas.

    En compagnie d’un homme installé profondément en elle et s’activant encore, elle n’avait jamais puissamment ressenti ce basculement sucré de sirop épais se répandant en bave de serpent dans son intimité secrète. Un frisson au maximum. Peut-être que c’était la raison qui faisait que les amants confortablement membrés n’étaient pas forcément sa tasse de thé. Où se niche parfois l’exigence…

    Créer une base de parfum n’était pas non plus de tout repos, mais elle cherchait sérieusement à y parvenir. Parfois, la note de tête, la première impression olfactive de la création, ne s’installait pas d’emblée. Puis venait la note de cœur qui allait poser le caractère fondamental du parfum. Ensuite arrivait la note de fond avec ses senteurs persistantes et elle prenait toute sa place. Il fallait cheminer avec courage vers le meilleur, repartir de zéro autant de fois que nécessaire et accumuler les déconvenues, pour ne pas dire les échecs, avant de s’apercevoir que le but était, juste là, à portée de main. Ensuite il restait encore tant de chemin à faire. Persistaient alors des senteurs furtives de jasmin et de santal présents dans la plupart des parfums.

    Alors elle restait immobile devant son orgue, le meuble à étagères aux essences exposées qu’elle nommait ainsi, et elle rêvait d’avoir atteint la substantifique moelle, la quintessence d’une chose en ce qu’elle a de meilleur. Le Walhalla !

    Mais elle revenait bien vite à l’humilité de la tâcheronne discrètement inspirée. Le travail qu’elle produisait n’était que des ébauches, certes techniquement élaborées, afin de proposer des pistes aux grands parfumeurs parisiens qui testeraient ses assemblages en les nourrissant d’autres senteurs lui volant ainsi la maternité du doux parfum. Parfois, mais pas si souvent qu’elle l’espérait, ils reconnaissaient son talent et ils la félicitaient pécuniairement pour sa création. À d’autres moments, ils restaient bien silencieux pour ne pas la décevoir. Par jalousie aussi.

    Mais elle avait foi en sa force de création.

    Quand elle avait le sentiment puissant du travail accompli, que la fiole témoin et la liste des ingrédients utilisés étaient enfermés dans un coffre anonyme, elle se juchait sur un tabouret de bar ramené d’une soirée d’orgie et, en regardant la mer si changeante au-delà du phare, elle temporisait, un havane au bec et une sacrée lampée de whisky hors d’âge à la main. Elle humectait d’alcool l’extrémité du cigare bien tassé avant de se le ficher en bouche comme un attribut masculin solide puis elle contemplait l’horizon gris-bleu.

    Elle se laissait alors rêver à des copulations débridées rangées dans les archives. Certes, des amants, elle en avait eu ! Mais des souvenirs exceptionnels, pas tant que cela ! Le plaisir ultime se fait rare de nos jours. Le monde va si vite, mais le parfum se traîne le long des plis de la peau, s’insinue sur celle de l’autre puis s’envole…

    Elle suivait le parcours des bateaux louvoyant entre leurs semblables pour s’en aller vers le large. Elle s’abreuvait de leur liberté, rêvait de les rejoindre et se caressait intimement la peau fragile pour se sentir vivante. Ensuite, elle faisait coulisser les baies de la verrière pour retrouver le silence délicieux. Elle entrait dans son alcôve interdite, s’allongeait sur le lit, se lovait nue dans un drap frais aux senteurs de lavande, se tournait vers la cloison de lambris blond et rêvait de mondes inconnus aux senteurs magnifiques dont elle aurait été la créatrice. Son besoin de créer ressemblait à s’y méprendre à un sacerdoce où l’abnégation faisait naître le plaisir. Intensément.

    Vous l’aurez compris, Agnès Delorme ne cherchait pas forcément à faire partie du commun des mortels…

    Depuis trois ans déjà, elle avait repris une maison de pêcheur qui donnait sur le port de Doëlan. La maison avait été édifiée rive gauche et légèrement en oblique comme pour avoir un clin d’œil permanent sur l’océan. Quand la créatrice avait un besoin impérieux de réfléchir posément, elle regardait le phare fièrement planté sur la même rive tel un Priape éternel et elle souhaitait que les effluves de ses créations olfactives puissent conduire à une certaine félicité. Le mélange subtil des senteurs a toujours aidé à la fusion des êtres vivants. Les humains de l’Antiquité en ont copieusement abusé. Enfin, d’après les érudits…

    Les grandes baies vitrées coulissant parfaitement dans des rainures en aluminium gainées d’un fin caoutchouc permettaient d’empêcher les odeurs de l’extérieur de pénétrer dans son laboratoire et de perturber l’osmose subtile des essentielles. L’après-midi, Agnès baignait dans des fragrances basiques de plantes et de fleurs avec lesquelles elle tentait de composer des assemblages savants et uniques qu’elle sélectionnait et proposait plus tard à des parfumeurs parisiens afin qu’ils créent des senteurs exceptionnelles qui deviendraient des parfums de grandes marques. Peut-être. L’occasion faisant le larron, elle aimait bien se laisser emporter par le mélange des sens. Bousculer même. Quels qu’ils soient…

    Elle aimait son job et, encore plus, son indépendance. La création ne s’embarrasse pas de fil à la patte, d’horaires contraignants et de gestes codifiés. Et si le compagnon du moment exprimait ses besoins immédiats avec insistance, elle ne répondrait pas si fébrilement que ça au brame insistant.

    Pendant une période, celle qui l’avait vue s’installer et monter son affaire, elle avait eu un ami, robuste et entreprenant à la nuit tombée au retour des caboulots encore ouverts sur la côte sud. Elle l’avait dégoté dans un rade de marins à la petite semaine friands de comptoirs patinés plus que de pêche au large par un temps de chien. Peut-être cherchait-elle, ce soir-là, des bras accueillants la serrant à l’étouffer pour l’entreprendre sans délai. Il y a le manque et il y a l’opportunité. Parfois, ça matche fort ! Dans un moment de folie passagère teintée d’envie et de don charnel de soi, elle l’avait ramené chez elle en rêvant qu’il la prenne pendant une bonne partie de la nuit sans la moindre retenue. Elle sortait d’une aventure douloureuse qui avait besoin d’un coup de balai. Elle avait vite déchanté parce que l’étalon hirsute, et visiteur musclé, rêvait davantage de lit douillet que de veillée créative. Néanmoins, les jours suivants, elle lui avait assuré le gîte et le couvert à condition qu’il réponde à ses envies passagères quand il aurait retrouvé une virilité respectable et balayé les effluves insistants de goémon séché.

    Mais la chair est faible, dit-on, et la répétition est parfois pathétique quand la découverte n’est plus au rendez-vous. C’est ainsi que le quotidien s’installe et que l’acte sexuel devient formel et mécanique. Voire solitaire. On s’active en rêvant. Ensuite on ne rêve plus et la machine se grippe ! Enfin, on dédaigne pour se donner bonne conscience.

    Agnès aurait aussi souhaité voir l’amant occasionnel se mobiliser les muscles pour faire bouillir la marmite où des homards sacrifiés sur l’autel du goût auraient bouillotté gentiment, mais c’était peine perdue. L’étalon en manque d’arrogance masculine cultivait une oisiveté crasse et un penchant bien ancré pour la dive bouteille quelle qu’en fût l’étiquette ! Elle avait donc été contrainte d’inventer quelque chose pour se débarrasser du boulet et pour que la sangsue masculine retourne faire coucouche panier chez sa mère tricotant mécaniquement des vêtements de laine pour les orphelins !

    Après bien des scénarios capillotractés et du temps perdu, elle avait réussi à dégoter la solution idéale qui lui permettrait de ficher l’intrus dehors pour retrouver sa liberté ! Peut-être !

    Elle avait donc invité chez elle une amie de longue date et l’avait briffée sur son projet saugrenu. L’accord étant obtenu, elle avait disposé des coussins comme chez une maharani des plaines du Gange et invité la figurante à prendre l’une des positions lascives bien connues dans les harems de Bagdad ou d’ailleurs. L’idée était excellente et Jenny ne dédaignait pas ce genre de trip. La mise en scène joyeuse des deux femmes nues et imbriquées dans le même lit avait largement stupéfait le compagnon rentrant d’une soirée arrosée à refaire le monde avec des amis de la même trempe. La pratique originale, ne convenant pas à ses schémas classiques, l’avait incité à fuir aussitôt sans réclamer son reste. Le mâle n’était décidément pas prêt à la modernité sexuelle ! C’en était trop pour un homme simple comme lui ! L’abondance annonce l’abstinence ! Des jurons incompréhensibles puis une retraite peu glorieuse avaient mis fin à presque douze mois de cohabitation un brin rock’n’roll !

    Du coup, Agnès s’était retrouvée seule dans la maison de son grand-père et elle en avait ressenti un plaisir immense. Presque charnel. L’humain aime son prochain. Pas tous et pas tout le temps…

    Elle avait observé son antre et ne l’avait pas trouvé digne d’elle. Alors elle s’était lancée dans une séquence ménage. Elle avait soigneusement effacé les traces du séjour de l’orang-outang mal peigné dans son logis, viré la

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