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Alibi
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Livre électronique99 pages1 heure

Alibi

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À propos de ce livre électronique

"Alibi" vous raconte l’histoire d’un personnage qui est à l’automne de sa vie. À l’occasion d’un voyage, il veut faire le point. Ce projet est perturbé par l’irruption d’une femme qui ravive ses fantasmes passés. Malgré le risque d’être rejeté, il s’efforce de la surprendre par une série d’initiatives. Leur relation étrange révèle une violence cachée, remettant en question la nature de leur lien. Dans cette danse entre intimité et réserve, il réalise qu’il est devenu un pion dans un jeu dont il a perdu le contrôle.


À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierre Déjean est un écrivain qui, à travers la littérature, trouve un écho aux problèmes qui le préoccupent. Dans son ouvrage "Alibi", il explore l’ambiance addictive d’une rencontre a priori improbable et la perte de contrôle qui en découle.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie10 juil. 2024
ISBN9791042235369
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    Alibi - Pierre Déjean

    Pierre Déjean

    Alibi

    Nouvelle

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    © Lys Bleu Éditions – Pierre Déjean

    ISBN : 979-10-422-3536-9

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    I

    Septembre… Depuis des mois, un été bleu, magnifique, implacable, régnait sur l’Europe. La terre italienne se languissait, torturée, craquelée par le monstre ardent. Je décidais de remonter vers le lac de Côme. J’espérais retrouver dans ce bijou tout serti de verdure, au pied des Alpes, un peu de cette douceur des arrière-saisons que j’aimais tant.

    Venant de Toscane, je laissais Florence à ma droite. Écrasée de soleil, elle ne m’aurait pas fourni le havre du rêve renaissant que je ne manquais jamais d’y trouver. Quittant les collines toscanes, je remontais vers Milan par la plaine du Po.

    Sur l’A1, « l’Autostrada del Sole », la bien nommée, les sorties défilaient : Bologne… Modène… Parme… Piacenza… Je ne m’arrêtais pas. À perte de vue, la plaine se déroulait, grillée, jaune.

    Les huit cylindres en ligne de ma « Gulietta G8 » de 1938 avalaient les kilomètres et les litres d’essence. Impérial, ce bolide rouge ne laissait aucune autre auto le dépasser. J’aimais ce roadster dont la classe égalait le prix, son tableau de bord brut à la visserie apparente, son volant quasi vertical que l’on avait bien en main. Le poste de conduite à droite était son seul inconvénient.

    Vers la fin de l’après-midi, la capitale lombarde s’annonçait à grand renfort de panneaux autoroutiers. La chaleur n’avait pas faibli. Je renonçais à un projet que j’avais caressé durant le voyage : suivre les traces d’Antonio et de Laïde dans les rues du vieux Milan. J’aurais aimé retrouver la mélancolie profonde du roman de Buzzati : « un amour », mais je devais rejoindre Cernobbio où j’avais réservé une chambre.

    Le contournement de Milan n’était pas encombré et j’arrivais rapidement à Côme, puis à Cernobbio.

    On était à la fin de septembre. Cernobbio était en partie débarrassée de l’animation estivale. J’avais payé une chambre au prix fort dans un palace de grand luxe, car je voulais que son balcon donne sur le lac.

    À l’arrivée, mon bolide fut pris en charge par un voiturier ébahi et quelque peu déconcerté par un volant à droite et un levier de vitesse à gauche.

    Dans le hall de l’hôtel, tout était luxe, élégance et raffinement. Des colonnes rose pâle soutenaient des voûtes couleur bistre rehaussées de liserés blancs. Des lustres en cristal de Bohême diffusaient une lumière tamisée.

    Il n’y avait pas foule et la réceptionniste eût tôt fait de s’occuper des formalités dans un français impeccable. Avec le groom de service, nous dérivâmes ensuite vers les ascenseurs sur des tapis épais qui étouffaient nos pas. À ma gauche, des escaliers monumentaux s’enroulaient vers les étages.

    Ces marches avaient connu tant de descentes théâtrales, officielles ou plus discrètes. Ces défilés avaient varié selon les époques.

    Au début du 20e siècle, j’imaginais la démarche impériale de divas emplumées ou de demi-mondaines accompagnées de vieux messieurs dont le portefeuille était aussi rebondi que la panse ; pingouins dont le frac noir et blanc contrastait avec l’exubérance de l’élégance féminine et son froufrou de robes monumentales mauves, rouges, chatoyantes. L’uniformité des habits masculins était parfois troublée par l’apparition de quelques dictateurs décorés comme des arbres de Noël.

    Dans les années folles, voici les garçonnes aux cheveux courts, chapeau cloche et robes droites accompagnées de leurs maris ou amants en tenues décontractées, pulls à carreaux et pantalons de golf.

    À l’orée de la guerre, les dignitaires inquiétants de l’Ordre Noir descendaient raidis, sanglés dans leurs uniformes, accompagnés de leurs maîtresses.

    L’explosion américaine des années 50 peuplait les escaliers de stars hollywoodiennes. Elles paradaient, épaules nues dans des robes bustiers au bras de leurs chevaliers servants en costume croisé, menton volontaire et cheveux gominés.

    J’imaginais ce manège incessant que notre époque moderne rendait moins typé. Tout ce petit monde continuait à tourner, carrousel de joies, de passions, d’intrigues et de tourments.

    Les lambris de ce palace avaient été depuis toujours les témoins immuables de drames dont il ne restait matériellement rien si ce n’est, parfois, quelques dérangements mobiliers ou taches de sang sur des tapis, le tout vite remis en ordre par un personnel diligent.

    La chambre me plut par la sérénité que sa décoration dégageait. Tapis, dessus de lit, fauteuils et chaises tiraient entre le gris et le bleu lavande. D’épais rideaux en cretonne, de même couleur, transformaient la lumière extérieure, encore crue à cette heure, en une clarté diffuse et douce. Les murs coquille d’œuf encadrés d’ocre renforçaient l’impression cosy d’un lieu que j’espérais être celui de l’apaisement. Je me réjouissais d’avance en pensant à la perspective d’un séjour tranquille.

    J’allais sur le balcon. Il donnait sur le lac. Dans la lumière déclinante, il virait au vert et ne tardait pas à se glacer de lune. Ce bijou, serti dans le piémont des Alpes, allait m’offrir la sérénité à laquelle j’aspirais.

    N’était-il pas temps d’atteindre des rivages de sagesse ? Je commençais déjà à en rêver en ce lieu propice. Méditer, faire le point, tenter un bilan au soir d’une vie, au soir de l’été ?

    Je m’étais fait apporter un repas par le service de chambre et je dégustais un excellent rôti juste sorti du couvre-plat d’argent. La vaisselle était de grand luxe : couverts et assiettes avec monogramme, verres en cristal. Je laissais aller mes pensées.

    J’étais né avec une cuillère d’argent dans la bouche. J’étais en effet le seul héritier d’une fabrique de pantoufles… comme par hasard elle était située

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