Genèse d’un solitaire
Par André Brombart
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Baptisé en 1980 au terme d’un long cheminement spirituel, André Brombart est ordonné prêtre en 1987. Il admire particulièrement l’œuvre de Dostoïevski qui lui a d’ailleurs inspiré deux ouvrages, "De l’homme divisé à l’homme divinisé" et "L’Idiote", publiés aux éditions Parole & Silence. Tout en mêlant des éléments autobiographiques, "Genèse d’un solitaire" analyse et explore un parcours humain singulier.
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Aperçu du livre
Genèse d’un solitaire - André Brombart
I
1947
La maison de l’oncle
La gare de Liesses est un cul-de-sac. Seuls les omnibus y conduisent. À la sortie d’Egrent, la ligne bifurque et le train marque encore deux arrêts avant son terminus, Liesses. Une petite gare de province, typique. Un corps de bâtiment rectangulaire en briques rouges avec, en son centre, une partie surélevée surmontée d’un fronton encadrant une horloge. Les encadrements de fenêtres sont en pierre bleue, ce qui donne un peu d’allure à cet édifice modeste. La maison de l’oncle n’est distante que de quelques centaines de mètres. On franchit la voie ferrée au passage à niveau. La rue débouche alors sur le pont de bois, une machinerie mobile qui enjambe un bras canalisé de la rivière, permettant le passage de quelques rares chalands. On est dans la rue du Colonel Frémont, courte amorce de la Grand-Rue qui monte vers la place où trône l’hôtel de ville de la localité.
La maison de l’oncle est un commerce, une boucherie. Une large vitrine laisse apparaître une tablette de marbre blanc laiteux avec quelques pièces de viande posées sur des plateaux en bakélite. Sur chacune est piquée une étiquette sertie dans un support métallique, indiquant le prix au kilo. Dans le coin inférieur droit de la vitrine, un placard annonce : « Viande fraîche indigène ». À gauche de la vitrine, la porte, en s’ouvrant, déclenche une sonnerie, brève, mais stridente. Recouverts de carreaux de faïence blanche jusqu’à un mètre du plafond, les murs de la boucherie accentuent l’impression de froid. Le comptoir, perpendiculaire à la vitrine, est recouvert lui aussi de faïence blanche, que surmonte une large tablette de marbre sous laquelle court une épaisse barre d’appui en cuivre. À gauche, sur la tablette, une balance Berkel dont le cadran, en forme d’éventail, abrite plusieurs rangées de chiffres devant lesquels circule le fléau de l’appareil. Derrière le comptoir, un billot large et massif, à tablette assemblée en bois debout, surmonté d’une série de couteaux posés verticalement dans la rainure d’un support en bois. À côté du billot, une imposante machine à hacher la viande, à moteur électrique. Sur le mur, un peu plus haut, le diplôme de maître-boucher, décerné à l’oncle, avec mention très honorable, dans les années d’avant-guerre.
Dans un coin du magasin, face à la porte d’entrée, une porte au vitrage dépoli donne accès à un long couloir, aux murs carrelés de jolis carreaux de faïence vert pomme et ornés d’une frise moulurée. Le couloir débouche dans une salle à manger sombre, aux meubles plutôt solennels, visiblement peu utilisée. Il s’y trouve aussi un bureau en acajou sur lequel repose le combiné téléphonique en bakélite noir, mais sans cadran. La pièce suivante, en contrebas d’une marche, est plus avenante : c’est une cour intérieure surmontée d’une verrière posée sur une structure en métal de style Art Nouveau. Dans un coin, un haut guéridon porte une plante à végétation retombante, un asparagus ou quelque chose du genre. À côté, un large et confortable fauteuil en paille tressée avec de jolis motifs colorés. Aux jours de grande chaleur, l’oncle aime à s’y installer pour lire le journal. Un peu plus loin, posé sur une petite commode, un gros poste de radio – à l’époque on dit TSF (Téléphonie Sans Fil) –, muni de deux gros boutons ronds. Sur le cadran, le nom des stations : Londres, Hilversum, Kalundborg, Paris, Bruxelles, Munich, Radio-Toulouse… En face, un buffet vaisselier pseudo-renaissance. Au centre, une table ronde recouverte d’une toile cirée, sur laquelle sont posés quelques journaux : Le Soir, La Dernière Heure et le journal local, Le Postillon, ainsi qu’un annuaire des chemins de fer. Dans cette maison toute en longueur, la pièce suivante, éclairée seulement par une fenêtre qui la sépare de la cour à verrière, est celle où l’on vit. Elle est d’abord cuisine, avec son gros poêle à charbon, au foyer ovale, surmonté d’une vaste plaque de cuisson en fonte où une grosse bouilloire chantonne en permanence. C’est aussi la salle à manger de tous les jours : une table rectangulaire couverte d’une toile cirée usée et entourée de quatre chaises. Dans le coin le plus éloigné, un paravent des plus rustiques permet à l’oncle et à son épouse de prendre discrètement, et bien au chaud, leur bain hebdomadaire dans une large cuvelle en galvanisé. À l’opposé, adossé à la tablette de la fenêtre qui donne sur la cour à verrière, un lourd fauteuil à accoudoirs, recouvert de molesquine lie de vin. Sur la tablette, un amoncellement de vieux journaux, de revues, de catalogues divers et même de quelques albums illustrés. Une porte, dans l’enfilade des précédentes, donne accès à une pièce au sol inégal, sommairement cimenté, une sorte de buanderie. Il s’y trouve d’ailleurs une pompe à main qui, au prix d’un ample et lourd mouvement, débite l’eau de pluie recueillie dans une citerne. Un peu plus loin, cette fois sans qu’il faille ouvrir une porte, mais en descendant encore une marche, on atteint l’extrémité de la maison. Un coin de cet espace est muré et surmonté d’une large cheminée ; c’est le fumoir utilisé par l’oncle pour la fabrication de ses charcuteries. De l’autre côté, un muret à hauteur de taille délimite la réserve de charbon. Entre les deux, posée sur un piétement métallique, une bassine émaillée sert à de rapides ablutions, dont l’eau usagée est jetée sur le charbon. En face, un escalier en bois, sans contremarches, sorte d’échelle de meunier, mène au grenier.
Premiers souvenirs d’Axel
J’avais six ans la première fois que je suis entré dans la maison de mon oncle Albert. Ce devait être lors des vacances. Il était venu me chercher chez mes parents et m’avait emmené en train à Liesses. Je le connaissais à peine : une sorte d’inconnu familier. C’était un homme d’une quarantaine d’années, mince, d’aspect réservé, aux gestes rapides et précis. Un visage étroit, assez
