Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)
En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)
En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)
Livre électronique381 pages5 heures

En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

"Le must du thriller. Cet ouvrage captivant tiendra les amateurs de thrillers rondement menés sur l'échiquier international en haleine. Vous recherchez un protagoniste ayant profondeur psychologique et crédibilité, à même de relever simultanément défis professionnels et personnels ? Ce livre est fait pour vous."
--Midwest Book Review, Diane Donovan (Tous Les Moyens Nécessaires)

"L'un des meilleurs thrillers lus cette année. L'intrigue savamment construite tient en haleine dès le départ. L'auteur a effectué un superbe travail en créant un faisceau de personnages agréables qui tient la route. Vivement la suite."
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (Tous Les Moyens Nécessaires)

Jack Mars, auteur de best-sellers, best-seller d'USA Today encensé par la critique, auteur des séries Luke Stone et Agent Zéro (plus de 5 000 critiques 5 étoiles), revient avec une nouvelle série de thrillers explosifs et bourrés d'action qui entraînera le lecteur dans une course folle autour du monde, cap sur l'Europe et l'Amérique.

Le Navy Seal Troy Stark a certes été contraint de prendre sa retraite en raison d'un manque de respect évident envers l'autorité, mais sa mission pour stopper la menace terroriste planant sur la ville de New York n'est pas passée inaperçu. Désormais membre d'une nouvelle organisation secrète internationale, Troy traque et bloque la menace visant les États-Unis depuis l'étranger — en contournant les règles si besoin.

EN LIGNE DE MIRE (tome 3) - les chefs d'État affluent pour l'inauguration d'une merveille d'ingénierie, une réelle innovation synonyme de nouvelle ère technologique. Des terroristes convoitent la découverte - d'éminents invités se retrouvent dans leur collimateur. Un thriller mené tambour battant : Troy Stark pourrait bien être le seul capable de contrer les terroristes et prévenir une destruction massive.

Nouveaux ouvrages prochainement disponibles.
LangueFrançais
ÉditeurJack Mars
Date de sortie7 sept. 2023
ISBN9781094352558
En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)

En savoir plus sur Jack Mars

Auteurs associés

Lié à En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Thrillers pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    En Ligne de Mire (Un Thriller de Troy Stark — Tome 3) - Jack Mars

    cover.jpg

    EN LIGNE DE MIRE

    (UN THRILLER DE TROY STARK — TOME 3)

    J A C K   M A R S

    Jack Mars

    Jack Mars est l’auteur à succès d’USA Today de la série de thrillers LUKE STONE, qui comprend sept livres. Il a également écrit la nouvelle série préquelle F L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE, qui compte six volumes ; et les séries de thrillers d’espionnage AGENT ZERO, avec douze titres ; TROY STARK, en trois tomes ; et LE JEU DE L’ESPION, également en trois volumes.

    Jack apprécie d’avoir de vos nouvelles, alors n’hésitez pas à vous rendre sur le site www.jackmarsauthor.com pour vous inscrire à la liste de diffusion, recevoir un livre et des cadeaux gratuits, vous connecter sur Facebook et Twitter, et rester en contact !

    Copyright © 2023 par Jack Mars. Tous droits réservés. À l’exclusion de ce qui est autorisé par l’U.S. Copyright Act de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous toute forme que ce soit ou par aucun moyen, ni conservée dans une base de données ou un système de récupération, sans l’autorisation préalable de l’auteur. Ce livre numérique est prévu uniquement pour votre plaisir personnel. Ce livre numérique ne peut pas être revendu ou offert à d’autres personnes. Si vous voulez partager ce livre avec quelqu’un d’autre, veuillez acheter un exemplaire supplémentaire pour chaque destinataire. Si vous lisez ce livre sans l’avoir acheté, ou qu’il n’a pas été acheté uniquement pour votre propre usage, alors veuillez le rendre et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organismes, lieux, événements et incidents sont tous le produit de l’imagination de l’auteur et sont utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, n’est que pure coïncidence. Image de couverture : Copyright Evannovostro, utilisée sous licence à partir de Shutterstock.com.

    LIVRES DE JACK MARS

    LE JEU DE L’ESPION

    CIBLE UNE (Volume #1)

    CIBLE DEUX (Volume #2)

    UN THRILLER DE TROY STARK

    FORCE BRUTE (Volume #1)

    MISSION PÉRILLEUSE (Volume #2)

    EN LIGNE DE MIRE (Volume #3)

    SÉRIE DE THRILLERS LUKE STONE

    TOUS LES MOYENS NÉCESSAIRES (Volume #1)

    PRESTATION DE SERMENT (Volume #2)

    SALLE DE CRISE (Volume #3)

    LUTTER CONTRE TOUT ENNEMI (Volume #4)

    PRÉSIDENT ÉLU (Volume #5)

    NOTRE HONNEUR SACRÉ (Volume #6)

    UNE MAISON DIVISÉE (Volume #7)

    L’ENTRAÎNEMENT DE LUKE STONE

    CIBLE PRINCIPALE (Tome #1)

    DIRECTIVE PRINCIPALE (Tome #2)

    MENACE PRINCIPALE (Tome #3)

    GLOIRE PRINCIPALE (Tome #4)

    LE SENS DES VALEURS (Tome #5)

    RESPONSABILITÉ PREMIÈRE (Tome #6)

    UN THRILLER D’ESPIONNAGE DE L’AGENT ZÉRO

    L’AGENT ZÉRO (Volume #1)

    LA CIBLE ZÉRO (Volume #2)

    LA TRAQUE ZÉRO (Volume #3)

    LE PIÈGE ZÉRO (Volume #4)

    LE FICHIER ZÉRO (Volume #5)

    LE SOUVENIR ZÉRO (Volume #6)

    L’ASSASSIN ZÉRO (Volume #7)

    LE LEURRE ZÉRO (Volume #8)

    LA POURSUITE ZÉRO (Volume #9)

    LA VENGEANCE ZÉRO (Volume #10)

    LE ZÉRO ZÉRO (Volume #11)

    LE ZÉRO ABSOLU (Volume #12)

    UNE NOUVELLE DE L’AGENT ZÉRO

    TABLE DES MATIÈRES

    CHAPITRE PREMIER

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE-ET-UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE TRENTE-TROIS

    CHAPITRE TRENTE-QUATRE

    CHAPITRE TRENTE-CINQ

    CHAPITRE TRENTE-SIX

    CHAPITRE TRENTE-SEPT

    CHAPITRE PREMIER

    11 décembre, 17:55 GMT

    À bord du Royal Highlander, à l’approche du viaduc de Glenfinnan

    Highlands, Écosse

    — Il ne ralentit pas, remarqua Paul Ringo d’une voix légèrement fêlée. Au contraire, il accélère.

    — Aye, fit Billy Lowman, avec le faux accent d’Édimbourg qu’il avait appris à perfectionner depuis des années.

    Il devait crier pour se faire entendre par-dessus le vent. Sa main puissante s’agrippait à un barreau de fer froid près de la porte ouverte du train – lequel fit une brusque embardée sur la droite. Billy se cramponna, fixant le paysage obscur qui défilait à toute vitesse.

    — Je vois ça. C’est un peu un kinch.

    Kinch était un mot d’argot écossais signifiant « problème ». Même dans cette situation, Billy n’aurait pas éventé sa couverture. C’était une fierté pour lui. Il entrait dans son personnage et le conservait jusqu’à la fin du travail, quoi qu’il arrive. Il se passait quelque chose de grave ici, mais il était toujours Billy Lowman et il allait le rester.

    Il pouvait prendre toutes sortes d’accents : l’accent chic de l’aristocratie supérieure britannique, ou le cockney de la classe ouvrière londonienne. L’irlandais ? Il pouvait adopter l’accent facile de Cork ou celui presque indéchiffrable du Donegal. L’américain ? Il pouvait parler avec l’accent de Brooklyn ou donner une version passable du ton nasillard, ridicule et nostalgique, que les musiciens de country de Nashville essayaient de perpétuer. Bien sûr, il pouvait prendre un accent canuck exceptionnel (et très drôle), et un bon écossais du Cap-Breton. Il pouvait même parler l’anglais comme un Québécois, bien qu’il ait oublié depuis longtemps le français qu’il avait appris au lycée.

    Les accents faisaient partie intégrante de son domaine : il faisait souvent semblant d’être quelqu’un qu’il n’était pas. Mais il s’était rendu compte à maintes reprises que cette compétence était gaspillée. Il devrait avoir sa propre émission de télévision, ou au moins un numéro de comique.

    — On va dérailler, observa Ringo.

    Billy et lui se tenaient sur la plateforme au bout d’un wagon, les portes donnant sur l’extérieur grand ouvertes, l’air froid s’engouffrant en bourrasques. Le train allait très vite et, dans un instant, il entamerait la longue courbe de l’ancien viaduc en pierre de Glenfinnan. Il semblait aller bien trop vite pour négocier ce virage.

    À présent, sa vitesse était presque écœurante. Jusqu’alors, elle était déjà effrayante. Dans un instant, si elle continuait, elle deviendrait terrifiante. 

    — Aye. C’est ce qu’on va faire, acquiesça Billy.

    Il se faisait appeler Billy Lowman, mais ce n’était pas son vrai nom. Paul Ringo n’était pas non plus le nom de l’autre homme. Aucun des cinq hommes sur ce job n’avait donné son vrai nom. Ils ne se connaissaient pas du tout, ce qui était en soi un petit miracle, vu le petit monde dans lequel ils vivaient.

    Ils avaient été recrutés séparément par une ou plusieurs personnes inconnues et s’étaient vu confier une tâche simple. Le groupe d’étrangers devait attaquer et dévaliser un train-couchettes de luxe au cours d’un voyage de trois nuits à travers les pittoresques Highlands écossais. Une fois la mission accomplie, ils se sépareraient et, avec un peu de chance, ne se reverraient plus jamais.

    C’était le début de la période de Noël et Billy était censé être riche et nostalgique de la beauté sauvage de l’ouest de l’Écosse. Mull of Kintyre et toutes ces inepties. Billy n’avait jamais aimé cette chanson. Il n’aimait pas la sentimentalité à l’eau de rose en général. Les gens qui se laissaient séduire par ce genre de choses méritaient tout ce qui leur arrivait, y compris de se faire voler dans un train.

    La mission s’était déroulée exactement comme prévu, jusqu’à quelques instants plus tôt. 50 000 livres sterling étaient apparues sur le compte offshore de Billy, une somme rondelette pour trois jours de travail. C’était même trop payé. Si les cinq hommes recevaient le même montant, les commanditaires de ce job auraient déboursé 250 000 livres pour un travail qui n’en rapportait que la moitié.

    Et cela n’incluait même pas le coût des billets pour la couverture selon laquelle ces hommes étaient de vrais passagers. Ils coûtaient chacun 11 000 livres, ce qui ajoutait 55 000 livres au total. Un terrible gâchis, d’après Billy Lowman.

    En fait, à cet instant, dans sa main qui n’empoignait pas le barreau métallique, Billy tenait une sacoche contenant peut-être 45 000 livres. C’est loin d’être suffisant pour justifier ce vol. Il n’y avait que trente et un vrais passagers dans le train, et ils n’avaient guère de monnaie sur eux. Ils avaient payé leurs billets avant d’embarquer. Les repas et l’alcool à bord étaient compris dans le prix. Les achats aux visites éclairs de luxe le long du trajet pouvaient être effectués avec des cartes bancaires.

    Ce hold-up avait permis de récolter ce qui équivalait à des pourboires pour les passagers. Un pourboire au serveur. Un pourboire au sommelier. Un pourboire à l’homme qui faisait le lit. Un pourboire au chauffeur venu vous chercher à la fin.

    Les boucles d’oreilles, colliers, bagues et montres en diamant que portaient ces gens-là rapporteraient quelque chose, mais il faudrait les vendre, et au rabais. Ça risquait d’être difficile de s’en débarrasser. Ce n’était pas sans valeur, mais ce n’était pas non plus de l’argent liquide.

    — Il faut sauter de ce train ! cria Ringo d’une voix s’élevant jusqu’à la panique.

    Le train cahota violemment à l’entrée de la longue courbe. Il était sur le point de traverser le viaduc. C’était un pont célèbre qui s’élevait à deux étages au-dessus d’une tourbière, juste avant un bourg isolé et endormi. Mais il devrait rouler beaucoup plus lentement pour le franchir en toute sécurité. Il aurait déjà dû ralentir.

    Quelqu’un, quelque part, avait piraté un ordinateur et pris le contrôle du train et des signaux ferroviaires. C’était le but, n’est-ce pas ? C’était un test. Les commanditaires avaient appris à contrôler à distance les trains de voyageurs, et peut-être les trains de marchandises, ou les bateaux, ou qui sait quoi d’autre. Et maintenant, ils mettaient leurs compétences à l’épreuve avec un vol rapide dans le train.

    Mais pourquoi ? Pourquoi révéler ce dont on était capable pour un résultat aussi médiocre ?

    À l’autre bout du pont, le train était censé ralentir à moins de dix kilomètres-heure, juste le temps pour l’équipe de braqueurs de sauter et de disparaître dans les bois. C’était la fin de l’après-midi, mais à cette époque de l’année, il faisait déjà nuit noire. Une fois qu’ils seraient descendus, le train reprendrait de la vitesse. Il traversait la gare suivante avant de ralentir pour s’arrêter enfin en pleine voie à des kilomètres, loin de toute zone habitée.

    Pendant ce temps, l’équipage marcherait dans l’obscurité jusqu’à la rampe de mise à l’eau du Loch Shiel. Un bateau à moteur les y attendait. Ils piloteraient le bateau sur une bonne vingtaine de kilomètres jusqu’à un parc à caravanes à Acharacle, où un fourgon de livraison les conduirait ensuite à Glasgow. De là, ils partiraient chacun de leur côté.

    Tout s’était déroulé exactement comme prévu, et rien n’avait donné à Billy la moindre raison de douter du plan.

    Jusqu’à maintenant.

    — Du calme ! cria-t-il. Il va ralentir.

    C’était plus de l’espoir qu’une certitude. Le train bringuebalait follement. Son cœur s’emballait, bien qu’il ait appris depuis longtemps à rester calme en toutes circonstances. Au-dehors apparut un muret de pierre. Ils atteignaient le début du viaduc. Il n’était plus question de sauter. Trop tard pour cela. Le train ne s’arrêterait jamais à temps. Il fallait qu’il reste sur les rails et franchisse cette courbe serrée devant lui.

    Billy jeta un coup d’œil par la porte de la première voiture-restaurant. Les tables étaient recouvertes de nappes blanches. Chacune était garnie d’un bol en inox. Un petit menu était posé sur un support à chaque place. Tout avait été arrangé à la perfection par les employés. Ces couverts résistaient très bien aux brusques secousses du train. Aucun n’était encore tombé par terre. Et dans ce wagon, tout se déroulait encore exactement comme prévu.

    Les riches convives n’avaient pas bougé. Personne ne mangeait. Ils étaient tous assis à leur table, les mains liées dans le dos, les chevilles attachées aux pieds de la table, les yeux bandés. Billy entendait leurs petits gémissements, leurs souffles et leurs cris de peur à travers la porte. Il le comprenait parfaitement. Il aurait même pu éprouver une pointe de compassion pour eux. Ils étaient sans défense et le train allait trop vite.

    Ils avaient été des veinards toute leur vie, et maintenant cette mauvaise chose s’était produite. Une chose terrible, vraiment, et qui ne cessait de s’aggraver. C’était remarquable de voir à quel point la plupart d’entre eux étaient restés passifs face à cette situation. 

    Billy et les autres étaient montés à bord déguisés en passagers. Ils avaient tous des billets pour une couchette simple et étaient venus de gares différentes. Billy s’était offert un nouveau costume trois-pièces pour l’occasion et avait mis ses meilleures chaussures italiennes à bouts pointus. Il se sentait comme James Bond à bord de ce train.

    Le chef des braqueurs était un vieux garçon aux cheveux poivre et sel, au visage bouffi par des décennies de consommation excessive d’alcool et à la bedaine proéminente, qui se faisait appeler Jackson Mack, Jack en abrégé.

    Jack se trouvait actuellement à l’avant du train avec le conducteur. Il avait fait passer clandestinement cinq pistolets à un coup en plastique dur, un pour chaque homme. Autrefois, Billy les appelait des « zip guns ». De nos jours, on les dénommait « pistolets fantômes ». Ils étaient fabriqués à la maison, intraçables, invisibles aux détecteurs de métaux, puissants et pas du tout fiables – tout aussi susceptibles d’exploser dans la main que d’atteindre la cible.

    « Les instructions sont de ne blesser personne », avait intimé Jack. Il avait mimé un accent du Midwest des États-Unis, un accent américain générique. Peut-être venait-il vraiment de là. « Mais aussi de faire un exemple de tous ceux qui nous résistent. »

    C’est ce que Billy avait fait plus tôt dans la journée. L’exemple avait été un héros d’action musclé, au crâne parfaitement rasé et à la chemise moulante. L’homme s’était offusqué de voir Billy palper sa délicieuse petite amie blonde pour trouver les objets de valeur qu’elle cachait. Oui, sa robe était moulante, c’était donc absurde. Mais on ne sait jamais, n’est-ce pas ? Elle pouvait cacher des devises ou le diamant Hope là-dessous. La seule façon d’en être sûr était de procéder à une inspection minutieuse.

    Le héros d’action resta assis dans un silence de pierre, l’arme de Billy pointée sur lui. Mais au bout d’un moment, il craqua. Sa galanterie n’était pas morte, elle avait simplement du retard. L’homme se jeta sur Billy avec des mouvements sûrement vus dans des combats d’arts martiaux à la télé, alors Billy tira son unique balle dans sa poitrine.

    BANG. Le coup fut puissant. Billy se fit un peu mal à la main, car l’arme se rompit en partie. Mais ça marcha : plus de petit ami gênant. Trouver et éliminer ce genre de personnes pouvait faire la différence entre le succès et l’échec d’une mission comme celle-ci. Après cela, les autres passagers ne posèrent plus aucun problème.

    La petite amie s’était effondrée dans une flaque de larmes, puis était devenue muette et semi-comateuse. La chemise du héros d’action était fichue, constata Billy. C’était une belle chemise, venant probablement d’une boutique haut de gamme. C’était peut-être le seul mauvais côté de l’incident.

    — J’y vais ! cria Ringo.

    Billy se retourna. Il aperçut Ringo, un jeune homme en grande forme, vêtu d’un pull en laine bleu, avec des cheveux blonds courts et des taches de rousseur sur le visage. Ses yeux étaient exorbités. Il était complètement paniqué. Il n’était plus d’aucune aide.

    Devant la porte grand ouverte défilait le paysage obscur. Les roues du train crissaient sur la voie. Des étincelles jaillissaient. Le train tout entier penchait à présent comme un voilier par gros temps. Il s’inclinait et s’inclinait encore. Billy était suspendu en arrière, la main toujours agrippée au barreau de fer.

    Puis le train se pencha dans l’autre sens, et Billy faillit basculer par la porte.

    S’ils déraillaient…

    — Non ! cria Billy, mais il était trop tard.

    — Bonne chance, lança Ringo.

    Il bondit par la porte ouverte et disparut dans la nuit. Billy crut le voir heurter le muret de pierre jambes en avant, s’écraser puis se retourner comme une crêpe. Il n’aurait su dire si c’était réel ou s’il l’avait imaginé. Il faisait trop sombre et tout allait trop vite.

    — Oh, lâcha Billy malgré lui. Oh non.

    Pourquoi a-t-il fait ça ?

    Le train n’était plus sous leur contrôle, c’était clair. Ses roues émettaient des criaillements étranges, presque torturés. Il y eut une série de claquements, suivis d’un lourd tremblement. Le train s’inclina à nouveau fortement vers la gauche, puis vers la droite.

    Ils étaient à la moitié du pont. La courbe s’accentuait de plus en plus. Cet engin allait s’écraser. Pendant une fraction de seconde, Billy envisagea d’appeler Jackson Mack à la radio une dernière fois. Mais cela ne changerait rien. Ils venaient de se parler cinq minutes plus tôt, et Jack ignorait pourquoi le train ne ralentissait pas. Son conducteur qu’il tenait en joue n’en avait aucune idée non plus. Tout le système avait été neutralisé. Celui qui l’avait piraté était le seul à pouvoir l’arrêter. Le conducteur avait essayé d’actionner les freins manuels, mais ceux-ci s’étaient brisés sous l’effet de la force brute exercée sur les roues.

    Billy scruta par la porte ouverte. La nuit froide défilait. Il ne voyait rien dehors, à part des lumières lointaines et des ombres noires plus proches. C’était terrifiant.

    Il prit une grande inspiration abdominale. Il ne restait qu’une chose à faire – ce que Ringo venait de faire. Ce qu’il avait dit à Ringo de ne pas faire : abandonner le navire. Billy eut les larmes aux yeux à cette idée.

    — C’est mal ! cria-t-il. Ce n’est pas bien !

    Les gens abandonnaient tout le temps leur bateau dans les tempêtes. Le lendemain, les sauveteurs retrouvaient le bateau intact, parfaitement vertical, et les personnes qui avaient sauté à l’eau devenues des cadavres flottants. Mais les bateaux étaient construits pour résister aux tempêtes. Ce train n’avait pas été conçu pour négocier ces virages à une telle vitesse.

    — Va au diable ! hurla-t-il à quiconque l’avait engagé pour ce travail.

    Lorsque l’argent était apparu sur son compte, il s’était à peine demandé de qui il provenait. L’argent était l’argent. Mais ce n’était qu’une ruse.

    — Maudit sois-tu ! Maudit sois-tu ! Maudit sois-tu !

    Calme. Reste calme. Ça ne fera pas mal du tout.

    Il hésita, jeta un coup d’œil aux gens dans la voiture-restaurant. Ils étaient assis, figés, comme de pauvres moutons sans défense. Des agneaux partant à l’abattoir.

    Tout comme Billy Lowman.

    — Que Dieu me sauve !

    Il bondit à travers la porte.

    Puis il disparut lui aussi, tout comme Paul Ringo. Mais il était plus intelligent que lui, ou peut-être avait-il appris la leçon : il ne faut pas juste tomber du train. Billy sauta haut et loin, se servant de sa main sur le barreau comme levier. Il s’envola par-dessus le muret de pierre en contrebas. Il le franchit très vite, le train fonçant derrière lui.

    La chute fut cauchemardesque. Il tomba, tomba, pendant ce qui lui parut beaucoup trop longtemps… Puis : BOUM.

    Ses jambes heurtèrent le sol, un impact qui lui broya les os. Il en eut le souffle coupé. Il avait l’impression que ses jambes s’étaient enfoncées dans sa poitrine. Il rebondit cul par-dessus tête, et quelque chose en lui se brisa. Une douleur fulgurante le transperça comme un poignard. Il rebondit encore, et d’autres os se brisèrent. Un autre rebond. Puis un autre. Il se sentit tomber en morceaux. Il n’était plus qu’un sac de verre brisé.

    Je suis mort. Je suis mort. Ce n’est pas grave.

    Tout n’était que ténèbres et silence. Pendant combien de temps, il n’aurait su dire. Il ouvrit les yeux et reprit son souffle. Cela lui faisait mal de respirer, mais quel choix avait-il ? Il s’allongea sur le dos dans la neige. Un nuage de neige tomba doucement sur son visage depuis un arbre au-dessus de lui.

    — Ouch.

    Il déglutit avec peine. Cela lui faisait mal d’avaler. Cela lui faisait mal de faire quoi que ce soit.

    Il avait atterri dans une congère, ce qui lui avait sans doute sauvé la vie. Mais quelle vie aurait-il ? Il semblait incapable de bouger.

    Non, ce n’était pas vrai. Il pouvait tourner la tête. Elle bougeait lentement, comme une boule de fer au bout d’une pique rouillée. Il la tourna vers la droite. Le train avait continué sa route. Il distinguait ses feux arrière. Dans la nuit, reflété par la neige, le train scintillait. Il était argenté, surmonté d’un pan de ciel violet sombre. Il négociait la courbe serrée, révélant une rangée de fenêtres dorées. Billy avait l’impression de rêver. Les fenêtres étaient comme des yeux qui brillaient sous l’eau d’une mer éclairée par un froid soleil étranger.

    Pendant une seconde, il crut que le train allait réussir son virage. Cela aurait rendu ce saut très stupide. Maintenant, il était brisé, en morceaux, étendu dans le froid, sans aucune chance de s’échapper. Peut-être était-il en train de mourir. Et le train allait bien.

    Mais… non.

    Soudain le train sembla se plier au milieu, comme s’il était fait d’une matière molle, comme du caramel. Un crissement aigu retentit, comme si un vampire raclait ses longs ongles sur un tableau noir. Les moteurs gémirent, puis un grand cri retentit, le plus fort jusqu’à présent, suivi d’un BANG.

    Aux yeux de Billy, le train bougeait au ralenti. Tous les wagons obliquèrent, déraillèrent et glissèrent. Ils s’écrasaient et s’entrechoquaient bruyamment, dans les criaillements du métal contre le métal. Lorsqu’ils entrèrent en collision avec le muret de pierre du pont, le train – qui évoquait maintenant une grosse bulle à Billy, comme un train de dessin animé – éclata en morceaux. Comme une bulle qui éclate. Des étincelles jaillissaient de partout. Puis une flamme surgit de quelque part au milieu du train et s’éleva vers le ciel. Peut-être qu’une conduite de carburant avait sauté.

    La cuisine fonctionne-t-elle au gaz ?

    Un à un, les wagons furent projetés dans les airs. Ils s’envolèrent du pont et atterrirent sur le flanc, s’écrasant l’un après l’autre sur le sol gelé. Les fracas étaient assourdissants, plus que ce que les oreilles de Billy pouvaient supporter. Il aurait bien voulu se les boucher, mais ses bras lui faisaient trop mal pour qu’il puisse les bouger.

    La douleur. La douleur est un bon signe.

    Il ferma les yeux et hurla à la place.

    Derrière ses paupières, quelque chose clignota. Il les rouvrit et vit qu’à une courte distance, l’un des wagons en feu dévalait une colline boisée. Un instant plus tard, la forêt tout autour brûlait. L’air lui-même semblait être en feu et empestait le diesel, la fumée et l’huile brûlée.

    Billy tenta de bouger à nouveau, mais rien à faire. Il ne pouvait pas lever les bras. Ses jambes… il ne savait pas. Mais il avait très mal, apparemment partout, et il s’en réjouissait. S’il avait mal, c’est qu’il pouvait encore sentir son corps. Il pourrait survivre à cette épreuve et marcher à nouveau.

    Il décida de rester allongé là où il avait atterri. Des gens arriveraient bientôt. Des sauveteurs. Des pompiers. Il était bien habillé comme les autres passagers. Il pourrait peut-être leur dire qu’il…

    Mais ce serait difficile. Ils avaient laissé les passagers attachés. Ces gens avaient subi l’accident sans défense. Tous ceux qui étaient dans ce train devaient être morts. Et Billy était là, libre, vivant, sans aucun lien.

    Et avec un pistolet dans sa poche.

    Il ne s’était pas débarrassé de l’arme. Elle pouvait être reliée au crime. Il pensa à mettre la main dans sa poche, la sortir et la jeter aussi loin que possible. Mais il ne pouvait pas le faire. Ses bras étaient cassés, sûrement en plusieurs endroits. Impossible de les bouger.

    Soudain, la fatigue lui tomba dessus. Ses paupières s’alourdirent et il regarda les flammes danser dans l’obscurité. Mais ce n’était pas possible, n’est-ce pas ? Comment pouvait-il regarder quoi que ce soit ? Ses yeux étaient fermés.

    Quelque part au loin, une sirène hulula. D’autres la rejoignirent bientôt. Ils venaient par ici.

    — Mon Dieu, murmura-t-il. Merci mon Dieu.

    CHAPITRE DEUX

    14:30, heure d’hiver de New York

    Bureau du contre-terrorisme, services de police de New York

    1, Police Plaza, Lower Manhattan, New York

    — Qui d’autre sait que vous êtes ici ? demanda Persons.

    Troy Stark occupait l’inconfortable chaise en bois en face de lui, dans le minuscule espace qui servait de quartier général à l’ancien colonel. 

    — Où ? Dans votre bureau ?

    Le bureau de Persons. C’était une plaisanterie. Il était étroit et long, et ressemblait plus à un dressing qu’à un véritable bureau. Le meuble lui-même était coincé dans un endroit exigu juste en face de la porte. Des cartons s’empilaient sur le sol autour de lui. Son ordinateur portable était posé sur une pile de paperasse.

    La seule chose que cette pièce avait en sa faveur était une large et haute fenêtre derrière le bureau, qui offrait une vue directe sur le pont de Brooklyn. D’où il était, Troy distinguait la circulation de l’après-midi qui arrivait à Manhattan ou en partait, assez lointaine pour que les voitures ressemblent à autant d’insectes bourdonnants.

    — Non, répondit Persons. Pas dans mon bureau. Ici, à New York. Aux États-Unis.

    Troy haussa les épaules.

    — Ma mère. J’habite chez elle. Mes frères et leurs femmes, je suppose. Quelques personnes qui m’ont peut-être vu dans un bar samedi soir.

    — Depuis combien de temps êtes-vous ici ?

    — Je suis arrivé en ville jeudi après-midi.

    C’était dimanche aujourd’hui, deux semaines avant Noël. Il recevait encore son courrier chez sa mère. Il ne s’y intéressait pas vraiment, et elle non plus. Les enveloppes s’accumulaient. En les parcourant hier après-midi, il était tombé sur une lettre du bureau de l’huissier d’armes du Sénat des États-Unis. La présence de Troy était requise à une audition du comité restreint du Sénat concernant les crimes de guerre commis par le personnel militaire des États-Unis. La date restait à déterminer. Veuillez contacter ce bureau pour fixer la date et obtenir les documents nécessaires… bla-bla-bla. Troy s’était arrêté de lire à ce moment-là.

    — Vous êtes là jusqu’à Noël ? s’enquit Persons.

    Troy secoua la tête.

    — Non. Je retourne en Europe demain. Je

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1