Le fictionnaire éphémère

Par Dominique Beddock

Le fictionnaire éphémère est un dictionnaire insolite où l’auteur, accordant aux mots et à leur musique la place qui leur revient, trace quelques pistes pour saisir le monde. Il explore des thèmes variés tels que les rêves, l’argent, le cinéma, l’hybris, les pouvoirs, jusqu’à la mythologie et ses résonances, et bien d’autres facettes de nos existences.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Dominique Beddock est professeur agrégé de sciences économiques et sociales et auteur de nombreux ouvrages scolaires. Dans Le fictionnaire éphémère, il choisit de se libérer des rigueurs académiques et de mettre le monde en poésie, mariant ainsi l’éthique à l’esthétique.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 20 juil. 2023
• ISBN: 9791037793973

Aperçu du livre

Actualité

Face au spectacle du monde

Mille façons de regarder le monde

Les indifférents et les aigris,

repliés dans leur quotidien appauvri

s’abandonnent dans le futile

et se suffisent de l’utile.

Les addicts aux écrans, petits ou grands,

soumis à ceux qui font l’opinion,

esprits engourdis emportés par le flux

d’informations toxiques et superflues

tentent d’échapper à la solitude.

Enfin, les impliqués moins solitaires,

et plus solidaires cherchent à faire taire

les accablants commentaires

pour saisir l’époque et ses tourments

Trouver la bonne distance

entre conscience et insouciance,

être touché au cœur sans qu’il s’arrête de battre,

jouir de la vie, sans s’absenter du monde,

prendre part à la grande marche de l’histoire

depuis que notre siècle n’est plus avare

d’évènements démesurés.

Afghanistan

États voyous

Bombes jetées dans l’indifférence

sinistres calculs, extrême violence.

Peuple accueillant, pays oublié

cible de démocrates cyniques et sans pitié.

Effrayantes images sur nos écrans du soir

de ces frères lointains devenus si familiers.

Des morts par milliers pour la capture d’un seul.

Pluie de milliards pour les marchands de la mort.

Ni pardon, ni oubli pour ces dirigeants immondes

qui se sont acharnés sur une terre déjà moribonde

et se cachent aujourd’hui dans les parures des colombes.

Double crime impuni.

Très vieux pays détruit,

à de nouveaux maîtres soumis

où les enfants jouent avec de vraies armes,

où les femmes n’ont pas le droit

de vivre avant de mourir

mais seulement le devoir de servir.

Les nouveaux chefs sanguinaires aiment tant la guerre

qu’ils la déclarent même à leurs épouses et à leur mère,

au nom des textes poussiéreux

sans même en comprendre leur sens.

Incultes, armés jusqu’au sang,

ils sont incapables de se demander

quel dieu aurait voulu cela ?

Amour

Un Leurre ?

Diversion voire divertissement.

Illusion, par les religions, entretenue

pour qu’à jamais, l’espèce se perpétue,

assurent ceux qui ne croient pas en l’amour.

Pour tous les autres,

est-il façon plus exaltante de vivre ?

Dès notre naissance, l’amour maternel,

d’une présence rassurante, il est la promesse éternelle.

Mère protectrice jusqu’au sacrifice.

L’amour des mots, plaisirs des sens infinis,

en France, un seul mot suffit

pour dire l’amour de l’autre et de son travail,

et même de savoureuses victuailles.

Pour les arts aussi, mais un amour impur,

cinéma, musique et littérature,

miroirs complaisants parfois si sévères

reflets de l’imaginaire et de ses mystères.

L’amour de soi enfin,

grand bonheur que de parvenir à s’aimer.

S’aimer aussi pour mieux aimer les autres,

ceux que l’on a choisis

parce qu’ils nous éveillent

parce qu’ils nous emplissent.

Enfin le grand amour, l’amour de l’autre.

bien au-delà de l’amour de l’amour,

loin des confins où l’amour est contraint.

Dis-moi comment tu aimes, je te dirais où tu vis,

dis-moi si tu aimes je te dirais si tu vis.

Grand amour qui efface le reste du monde.

Créature unique pour des instants magiques,

seule capable d’affronter les tempêtes des longues traversées.

Amour si vrai

que l’on n’a plus besoin de s’inventer des dieux.

Celui des mains volubiles et corps gracieux,

celui qui s’enivre de toutes les circonstances

et chevauche dans l’exubérance

comme du soleil qui se déverse

dans le cristal de nos âmes.

Apparence

Transparence

Monde voilé, monde volé.

Mort allégée par les funérailles.

Amour noyé dans les fastes du mariage.

Vérité effacée par la politesse,

Sourires forcés, fausses promesses

L’apparence trompeuse l’emporterait

emballant élégamment nos vies,

elle en cacherait l’essentiel.

Et pourtant chacun choisit

la part qu’il veut montrer.

L’apparence, donc, ne dissimule en rien

elle révèle, en revanche, tant de nous-mêmes.

Ne plus se méfier des apparences.

Argent

Mauvais Maître

Nous avons tant cédé à ce désir infantile

que nous en sommes devenus serviles.

Une place dans notre histoire

à la fois énorme et dérisoire.

Si recherché, si mal réparti.

Ne devenir ni l’avare grimaçant qui accumule sans plaisir

ni le prodigue simulant la jouissance dans la dépense

ni le crédule s’épuisant dans une course mimétique

quête fébrile d’une consolante