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Le coffret andalou et autres récits pour cheminer
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Le coffret andalou et autres récits pour cheminer
Livre électronique71 pages1 heure

Le coffret andalou et autres récits pour cheminer

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À propos de ce livre électronique

Le coffret andalou et autres récits pour cheminer est un éventail qui s’ouvre et se ferme, souffle sur l’imagination et les mouvements du cœur. Il restaure la fraîcheur d’un passé vibrant pour en éclairer le présent. Saisissant fermement le fil du temps pour le conduire plus loin, plus haut, plus intensément, il répare les usures de la mémoire, redonne de l’éclat aux couleurs fanées, sonne le rappel de l’inouï, peint un monde troublant dans lequel vous êtes invités à vous retrouver… ou vous perdre.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Durant des années consacrées à l’accompagnement psychothérapeutique, Geneviève Montagné a puisé dans sa relation foisonnante avec la littérature les moyens de mieux comprendre et de mieux aimer. Venus de tous les horizons et de toutes les époques, des écrivains l’ont aidée à tracer sa route pour écrire à son tour Le coffret andalou et autres récits pour cheminer.
LangueFrançais
Date de sortie28 juin 2023
ISBN9791037787767
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    Aperçu du livre

    Le coffret andalou et autres récits pour cheminer - Geneviève Montagné

    Introduction

    Nous cheminons dans la vie, de l’aube au crépuscule, dans la lumière triomphante comme dans l’obscurité implacable, nous nous perdons en chemin, nous revenons sur nos pas puis nous repartons vers des directions inattendues en abandonnant une part de nous-mêmes. Ce n’est qu’à l’approche du but que nous parvenons à comprendre que chaque pas accompli a laissé l’empreinte unique de notre destin.

    L’enfance a deux yeux grands ouverts qui avalent le monde que l’adolescence fait voler en éclat pour n’en rien conserver. Tandis que la jeunesse conjugue le verbe aimer jusqu’à plus soif mais sans en rien comprendre et que l’âge mûr pressent dans les sommets atteints l’amorce d’une chute, la vieillesse échoue lentement sur des terres fertiles ou pauvres selon ce qu’elle y a semé jour après jour.

    Même accompagnés, nous cheminons seuls, orphelins à jamais, ravis, à peine incarnés, à la béatitude d’un œuf clos sur lui-même, battant au rythme d’un cœur matriciel. Faut-il se réjouir du premier cri d’un humain qui prend le risque de naître, lancé dans les cycles de cette vie redoutable avec l’illusion de son éternité ?

    L’enfance irradie dans tous les âges de la vie. Heureux ou malheureux, l’enfant que nous avons été cache des fragments de grâce volés à l’univers. Le sucre d’une pomme croquée au creux d’un arbre protecteur, une poupée en lambeaux gardienne de ses chagrins, l’odeur d’une mère absente dans les plis d’un foulard, une voix douce et rassurante au seuil de la nuit noire, une danse endiablée avec un chien pour partenaire, des chansons inventées comprises de lui seul, débris étincelants que le souvenir recompose sans se lasser comme un puzzle jamais achevé, toujours à reprendre.

    L’adolescent pousse hors sol. Ses racines l’encombrent. Imploser ou exploser, ce n’est que du bruit pour être entendu, mais surtout pas compris. Les adultes l’insupportent autant que son corps lui est étranger. Sa révolution attend des modèles forts pour happer son désir. Cette attente ouvre à tous les dangers mais aussi aux plus belles métamorphoses. Garder en soi l’énergie volcanique de l’adolescence c’est se tenir loin de la tiédeur et du renoncement, c’est jouir de ressources vives et libres pour arpenter la terre et y inscrire sa présence.

    Avoir vingt ans, jusqu’à quand ? Le temps de nos vingt ans, c’est surtout un espace qui invite au départ, loin des limites fragiles de l’enfance, loin des hésitations de l’adolescence. À vingt ans, on est un oiseau sans plan de vol, avec des ailes qu’on sent si fortes qu’importent peu la destination ou la chute. Vingt ans c’est le temps des cascades et des conquêtes dont on se relève en riant, le temps de l’arrogance, de la puissance du muscle, du verbe vibrant et métallique comme une trompette dans un tournoi. Vingt ans, un âge que nul n’a le droit de nous dérober sous quelque prétexte que ce soit car comment retrouver plus tard sa saveur dans cet élan créatif qui ne dépend ni de la solidité du corps, ni de la performance du geste mais se glisse dans l’écorce du bois durci pour y sculpter de nouvelles formes.

    Quand je serai grand, dit l’enfant… L’adulte a-t-il vraiment grandi ? Les expériences passées suffisent-elles à affronter celles qui vont venir ? Au zénith d’une existence d’homme ou de femme, enfance, adolescence et jeunesse se bousculent dans la mémoire, on voudrait revenir à la première, y déposer le poids des responsabilités présentes mais l’innocence est un papillon qui ne se laisse pas épingler. De l’adolescence on voudrait retrouver l’élan insurrectionnel pourtant il est trop tard pour en espérer des réalisations durables. La jeunesse qui frémit encore dans des aventures amoureuses éphémères ne parvient pas à lisser visages et cœurs, elle tremble à regarder devant elle avancer les aînés affaiblis. Au plus haut de l’arbre, le fruit généreux attend d’être cueilli. Il retient le suc d’un rayon solaire, le temps est venu d’en éclairer la route devant soi car les récoltes futures sont incertaines.

    Être vieux c’est exister depuis longtemps. Dans ce long temps, seul l’essentiel est mémorable. Il revient comme une valse rythmée sur le triple mouvement de la mémoire. Le passé prend ses distances de peur de céder aux regrets, le futur s’accroche à la tendresse de petits êtres à la peau douce, au rire contagieux, dansant sur la spirale de la vie qu’ils dérouleront sans nous, il puise au désir encore vif d’apprendre, de comprendre surtout, d’approfondir, enfin. C’est dans le présent qu’il convient d’être vieux, c’est dans l’instant vécu avec l’attention la plus fine, dans l’ouverture des sens à la beauté du monde que la mort est défaite. Retourner vers l’enfance en dépliant l’étoffe froissée d’une âme ancienne, s’allonger sur le rebord d’un temps qui ne compte plus pour y laisser couler son existence, vieillir.

    Les larmes de Prunelle

    Bien avant qu’elle ne naisse, sa mère avait choisi son prénom car elle était sûre que c’était une fille qu’elle portait en elle. Pourquoi Prunelle ? Parce qu’elle se disait que ce petit être qu’elle n’avait pas vraiment voulu,

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