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L'Appel de l'Océan: Par-delà la Réalité I
L'Appel de l'Océan: Par-delà la Réalité I
L'Appel de l'Océan: Par-delà la Réalité I
Livre électronique261 pages3 heures

L'Appel de l'Océan: Par-delà la Réalité I

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À propos de ce livre électronique

« En qui croire lorsqu'on ne fait que traverser les couleurs de la réalité ? »

Peindre les émotions de la vie, plonger au coeur d'un maelstrom aux milles nuances, sentir sur sa peau les notes ensorcelantes du chant des âmes. Entrevoir le monde à travers un prisme aux facettes uniques.

Kieran traverse son adolescence dans une multitude de filtres sensoriels qui l'amènent à voir par-delà la réalité. Et lorsque les bords de cette réalité s'estompent, il peut toujours compter sur ses proches pour le rattraper.
Une ancre qui le stabilise dans ce monde naturel.
Mais quand il est happé par une aura mystérieuse, il doit trouver une aide plus puissante... une aide surnaturelle.
LangueFrançais
Date de sortie27 juin 2023
ISBN9782322527922
L'Appel de l'Océan: Par-delà la Réalité I
Auteur

Sawaën K.

Passionnée de récits imaginaires depuis ma plus tendre enfance, j'ai construit ma vie autours des livres que j'ai lus, des histoires écrites et, surtout, des rêves que je fais chaque nuit. Ma première expérience d'écriture remonte au primaire et, même si l'histoire n'a jamais aboutie, elle existe toujours à travers les pages d'un carnet que je garde précieusement de côté. A cette époque, je ne me doutais pas encore que je désirais m'invertir dans cette passion... Aujourd'hui, je tente petit à petit de publier mes écrits dans des maisons d'édition ou en autoédition afin de partager mon imaginaire avec d'autres passionnés. En espérant que mes histoires vous plairont, Page Facebook: Sawaën K. - Auteure Wattpad: Sawaen-K

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    Aperçu du livre

    L'Appel de l'Océan - Sawaën K.

    « Il n’y a pas de pire agonie que de garder en soi une histoire jamais racontée »

    Maya Angelou

    BIBLIOGRAPHIE

    2013-2022

    Diverses publications (en ligne, dans des recueils, romans et autres supports)

    retirées de la vente.

    2020

    Ani'mots Vol.3 · Un Amour Bleu

    2021

    Liens de Famille · L'Amour au premier regard

    Liens du Cœur · Nouveaux Horizons

    2022

    Les Mythes de l'Horreur

    Sous la lune

    Les Chroniques d’Ici et d’Ailleurs · Le Fiasco Enchanté

    Mon Voisin pour Noël

    2023

    Mission Saint-Valentin !

    A Foreign Feeling

    Par-delà la réalité I · L’Appel de l’Océan

    Série de contes revisitées à paraître à partir de cette année…

    SOMMAIRE

    PROLOGUE

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    XIV

    XV

    XVI

    XVII

    XVIII

    XIX

    XX

    XXI

    XXII

    ÉPILOGUE

    À PROPOS

    PROLOGUE

    D’aussi loin que je me rappelle, l’inconnu ne m’a jamais fait peur. Ni même l’obscurité. L’angoisse provoquée par ce que l’on ne voit pas n’est qu’un simple tour de l’esprit. C’est donc quelque chose de totalement inutile.

    Seulement dans cette idée réside la raison pour laquelle je me baigne de nuit, dans la baie de Santa Barbara, là où les marins nichent leurs voiliers et les riches leurs yachts. L’étendue noire m’entoure de tous les côtés, sans que je ne puisse rien détecter en-dessous de la surface. La seule lumière provient du lampadaire à l’entrée des quais ; d’où je suis, nul éclairage factice ne détruit la beauté de l’obscurité ambiante. Je plonge la tête sous l’eau froide et agréable. Je remonte lorsque je n’ai plus de souffle. Je nage lentement, prenant plaisir aux sensations que m’offre la mer. Je lèche mes lèvres asséchées, nappant ma langue d’un goût salé. Je tousse, doucement. L’eau calme, sereine, ondule à mes côtés.

    Je reste encore quelques minutes puis ma gorge se rappelle à moi. Je retourne lentement vers le bord du débarcadère et grimpe par l’échelle. Près du plot en bois le plus proche, je farfouille dans mon sac et prends une bouteille d’eau que je bois avidement, laissant le vent frais faire naître des frissons sur ma peau nue.

    Un petit rire me fait alors sursauter.

    Surpris, je me relève, cherchant l’origine de la voix grave et douce, son éphémère et empreint de mystère dans le calme et l’obscurité de la nuit.

    Je ne mets pas longtemps à la trouver : du haut d’un toit de yacht, une silhouette masculine me fait face, assise nonchalamment, une jambe repliée sur son torse. D’un mouvement gracieux, elle la délie et saute sur la jetée, flottant comme un oiseau et semblant atterrir dans un brouillard d’une tiède douceur. Son visage sombre que je peine à définir s’attarde sur moi. L’éclat de son regard, mystifié par la lune ronde, m’indique que ma nudité l’amuse, et je devine ses lèvres s’étirer en un large sourire.

    Il s’approche sans un bruit. En fait, je me rends compte qu’il n’y a aucun bruit autour de nous : pas de son de criquets fourmillant parmi les fougères, pas de vagues clopinant contre la roche, ni même de chauffard insomniaque sur la route attenante… Je suis étonné mais je n’ai pas peur ; c’est inutile. Toutefois, le souffle de sa respiration m’hypnotise, m’emplit d’un sentiment rassurant incongru. Il tend sa main, frôle ma peau lentement. Une onde de chaleur parcourt mon corps, générant une chair de poule bienfaitrice à partir du léger point de contact de ses doigts. Son parfum m’enivre, un parfum de bois et de plantes. Mes jambes tremblent, je sens que je vais défaillir…

    Il rit à mon oreille, murmure quelque chose que je ne comprends pas et me lèche le lobe, son souffle me faisant frémir.

    Puis il disparaît.

    I

    Je me réveille ce matin l’esprit dans le brouillard et la gorge irritée. La nuit me paraît comme un songe brumeux, irréel… Pourtant, mon mal me confirme que tout ceci est bien arrivé.

    Je me lève et vais prendre une douche chaude malgré la chaleur étouffante de ma chambre. J’ai la gorge sèche et le nez qui coule : rien de pire que de se chopper la crève une rentrée des classes ! Je vais prendre mon petit-déjeuner en compagnie de mes sœurs. Papa est déjà parti ouvrir sa boutique et maman est sûrement encore endormie dans le garage. Stacey et Sharon babillent sur la rentrée comme les gamines de douze ans qu’elles sont. Karine, mon aînée, est plus calme, buvant son café en lisant le journal.

    — Je t’ai préparé des biscottes, m’informe-t-elle sans lever les yeux du papier.

    Je la remercie en me servant un lait chocolaté puis amène mes tartines à table. Un peu de beurre de cacahuète dessus et je déguste avec plaisir… pour m’étouffer à la première bouchée.

    — Berk ! Kieran, fait gaffe ! peste ma petite sœur.

    — T’en as mis partout ! renchérit sa jumelle tandis que j’essaye de reprendre mon souffle.

    — Ça va ? me demande Karine tout en me donnant un verre d’eau.

    — Hum hum.

    Je bois d’une traite, dégageant ma gorge de tout parasite. Je repose mon verre et décide d’abandonner les galettes de blé meurtrières, me contentant juste d’une boisson pour ce matin. Après avoir récupérer une pastille pour la gorge dans la boîte à pharmacie, je retourne dans la salle de bain pour me rafraîchir un peu avant de rejoindre mes sœurs à bord du bus scolaire. Par habitude, je m’assois aux places royalement libérées à notre attention au fond du bus alors que mes sœurs restent à l’avant. Steve est déjà là, comme tous les matins depuis tant d’années.

    — Yo !

    Je lui renvoie son salut et m’installe devant lui. Je l’écoute se pavaner sur les filles qu’il s’est tapées cet été aux Bahamas avec moquerie : Steve a toujours tendance à exagérer ses propos. Pendant une accalmie de son flot de paroles, je tente de glisser un mot sur mes vacances en Grèce mais très vite je m’essouffle ; le car est enfin arrivé à l’arrêt tant attendu. Steve reprend son histoire mais sa voix n’est qu’un fond sonore inaudible à mes oreilles lorsqu’il monte enfin. Tous les regards se braquent sur lui, rougissant et murmurant des saluts incertains. Il distribue son sourire éclatant à qui veut bien le recevoir, faisant de la masse d’élèves devant nous plus qu’un vulgaire tas de mélasse. J’ai aussi droit à ma part, fondant littéralement alors qu’il s’installe sur le siège de la rangée à côté de moi.

    — Steve, Kieran, ça va les gars ?

    Je hoche de la tête tandis que Steve reprend ses racontars. Très vite, on est rejoint par Denis et Zaccaria, formant ainsi la bande au complet. Ces derniers ne se privent pas de charrier Steve et ses exagérations, ce qui me laisse le champ libre pour discuter avec un Dave riant aux éclats.

    — Et toi ? As-tu passé de bonnes vacances ? demandé-je.

    — Nan, la merde ! grogne-t-il. Il a plu tous les jours ! Impossible de profiter de Paris quand tu ne pensais qu’à te protéger des trombes dans les pubs surpeuplés ! La France, c’est à chier !

    Je ris légèrement, peiné de ses malheurs. Il grogne encore mais sourit en me disant qu’il est content d’être rentré. Son regard bleu me pénètre et je m’imagine de faux espoirs.

    L’école apparaît bien trop vite à mon goût. On nous laisse le passage pour descendre, tous les cinq, avant que les autres ne suivent. Tous les regards se braquent à nouveau dans notre direction lorsqu’on franchit la grille. Les salutations timides, excités, crânes ou courageux se succèdent les uns après les autres. Cet état de fait ne m’a pas manqué ; je me suis toujours senti mal-à-l’aise dans ce genre de situation, me demandant même comment je puisse faire partie du groupe. La réponse est toute simple en réalité : tous les cinq nous avons le même parcourt scolaire et nous entendons plutôt bien.

    Cela ne va pas plus loin.

    Les choses sont devenues ce qu’elles sont au début du collège, lorsque chacun de nous s’est vu excellé dans un domaine d’intérêt particulier. Denis fait partie d’un groupe de rock dont les membres changent sans arrêt. Il est guitariste et s’est autoproclamé chanteur – ce qui, avec sa voix grave, suit la logique du bon vouloir. Zaccaria est notre mascotte : petit de taille, traits fins et regard d’onyx, il est super-actif et aide toute personne en ayant besoin dans tout le lycée. De par ses origines asiatiques, il a un don pour les arts martiaux que lui enseigne son père depuis l’enfance. Steve, quant à lui, aime parler. Il adore faire circuler des rumeurs, détruire des réputations et trouver de quoi faire jacasser les élèves pendant des semaines. Il s’est approprié le Gossip Show, le journal du lycée, dont il est le président et vice-président – ayant ainsi toujours le dernier mot pour faire de ce papier ce qu’il en veut.

    Enfin, il y a Dave, tout simplement parfait dans tous les domaines et bien évidemment le quarterback prodige de notre lycée. Beau, athlétique et intelligent, il a tout pour faire fantasmer même les lesbiennes. Il est incontestablement la star de notre lycée et le chef de notre groupe – si chef il y a besoin. La seule ombre au tableau – mais qui joue en sa faveur – est son hétérosexualité.

    Je soupire en le regardant se diriger vers la chef des cheerleaders, Brianna Wallas, petite amie obligatoire. Leur échange de salive baveux et bruyant m’écœure et je détourne le regard. Zaccaria les charrie mais il est très vite sollicité auprès des professeurs pour une quelconque raison. Un regard derrière moi et je constate que les deux autres sont déjà partis rejoindre leur club respectif.

    La sonnerie annonçant le début des cours ne jouera pas avant plusieurs minutes. Je soupire à nouveau et me dirige vers mon propre club. Je monte le premier étage, passe l’éternelle porte aux couleurs de Britto et respire l’air saturé de térébenthine de la salle.

    Eh oui, moi, je suis l’artiste du groupe. Celui qui est considéré comme mystérieux, rêveur et que sais-je encore. Celui aux côtés de qui on glousse pour un rien. Celui que l’on nomme communément « l’Intouchable », l’icône du groupe.

    Il est vrai que cette situation ne me dérange pas le moins du monde : au moins, je n’ai pas de filles à rejeter à tout bout de champ. Mais d’un autre côté, on se fait de fausses idées sur moi…

    J’aime rendre immortel ce qui me paraît magnifique. Pouvoir figer dans le temps un dessin ou une sculpture est ce qui me passionne. Je peux passer des heures à ça, sourd au monde qui m’entoure. Et j’aime plus que tout que ce soit des personnes… mais si j’ai le malheur de prendre comme modèle quelqu’un de l’école, on croit immédiatement que je sors « enfin » de ma bulle et que la personne m’intéresse. La première fois que ça m’est arrivé au début du collège fut la dernière. D’où mon surnom « d’Intouchable ».

    Personnellement, je pense que celui qui mérite le nom d’Artiste – avec un grand A – est bien Daniel. C’est un génie à l’état pur, pouvant utiliser tout ce qui existe au monde, du matériel le plus commun au plus surprenant, au plus recherché. Et lui au moins, vit vraiment dans sa bulle, à l’écart des autres.

    Mon « salut » passe dans les oreilles d’un sourd, comme je m’y attendais, et je jette un coup d’œil à son projet. Sous les traits de peinture fraîche, je devine un croquis détaillé d’une femme nue sur un lit dans une position que certaines églises condamneraient. La femme possède les critères de beauté propre à l’art et non à l’esprit contemporain : toute en chair, une poitrine opulente, des membres irréguliers et un regard qui finira probablement sous des couches mystérieuses de couleur.

    Je le laisse à son bonheur et vais m’occuper du mien. Je m’installe sur une chaise, devant un chevalet, et sors de mon sac mon carnet de croquis. Je tourne les pages noircies tantôt au crayon, tantôt au fusain, et trouve, heureusement, quelques feuilles vierges vers la fin. Prenant un critérium en main, je me mets à dessiner cet instant magique devant moi : un artiste plongé dans son art. Les traits durs et concentrés de Daniel apparaissent peu à peu sur le papier. Ses cheveux noir d’encre méritent ce nouveau fusain que je me suis acheté la semaine dernière après avoir fini celui que je possédais. J’utilise de la sanguine pour donner un éclat à sa peau et mon crayon blanc pour accentuer certains endroits. Je tente de regarder à travers ses yeux pour reproduire ce qu’il voit et le tableau d’une femme peine à prendre forme. Je soupire : ce qui lui appartient ne peut être retranscrit par ma main. Je tente alors de créer ma propre vision lorsqu’une voix se fait brutalement entendre, me sortant littéralement de ma bulle.

    — Pourquoi ne suis-je pas surpris de vous voir ici, tous les deux ?

    Je me retourne pour faire face à Jack, un pion qui a toujours travaillé là, d’aussi loin que je m’en souvienne. Je cligne des yeux plusieurs fois avant de le saluer poliment.

    — Tu sais que les cours ont commencé depuis un moment ?

    Je jette un œil au-dessus de sa tête, là où se trouve l’horloge murale, et jure peu élégamment. Presque deux heures se sont écoulées sans que je ne m’en sois rendu compte ! Je range mon matériel sans omettre de passer du fixatif sur mon dessin malheureusement inachevé, puis me rue vers ma salle de cours tandis que Jack essaye de capter l’attention de Daniel, visiblement avec difficulté. Je frappe et demande la permission d’entrer.

    — Vous commencez mal, Mr McKenzie, m’admoneste la professeure mécontente. Asseyez-vous et que je ne vous y reprenne pas !

    Je me dirige vers la seule place libre au fond de la salle sous les gloussements des filles. Quelques « artiste » et « mystère » parviennent désagréablement à mes oreilles.

    Peut-être que, finalement, je mérite ce nom d’Artiste qu’on me donne…

    Avant de m’asseoir, je vais prendre un livre dans l’armoire du fond puis demande à mon voisin la page. Durant le quart d’heure qui suit, je tente de comprendre pourquoi des indigènes ont été chassés de leurs terres et enfin la cloche sonne. Avant de parvenir à m’éclipser, Mrs McDonnell me demande de venir la voir. Je soupire et, sans avoir le moindre choix, la rejoins et l’écoute :

    — Mr McKenzie, je sais très bien à quel point l’art compte pour vous mais nous n’allons pas commencer l’année sur de mauvaises bases, n’est-ce pas ? Je pourrais vous donner un devoir à faire pour vous excuser de votre absence ce matin mais nous n’allons pas refaire la même débâcle que l’année dernière, n’est-ce pas ?

    Je fais « non » de la tête.

    — Nous verrons bien. Contentez-vous de récupérer le cours d’aujourd’hui et nous aviserons… s’il y a à aviser, ce que je n’espère pas !

    Je m’excuse à nouveau, faute de mieux, et promets des efforts auxquels ni elle ni moi ne croyons ; je suis bon pour collectionner les heures de colle cette année aussi.

    Je me dirige vers les casiers devant la sortie donnant sur le parc, notre point de rendez-vous habituel. En les attendant, je sors de mon sac mon calepin pour voir si mon dessin n’a pas été abîmé, comme je l’ai fermé avant que le fixatif ne sèche, et fais tomber mon fusain qui se brise en mille morceaux. Je jure et l’agacement me gagne quand j’entends des soupirs attristés à mes côtés.

    Alors que je me baisse pour ramasser les bouts éparpillés, une main s’affaire de m’aider, calmement. Je lève les yeux et fais face au regard gris acier du « Vampire ». C’est triste comme surnom mais j’ai pris, comme tout le monde, la mauvaise habitude de l’appeler ainsi.

    On se relève et il me donne mes bouts de fusain.

    — Merci, Vamp…

    Je me mords la langue mais c’est trop tard : il m’a entendu. Son visage, déjà peu expressif, réussit l’exploit de se fermer davantage.

    — Désolé, mauvais réflexe, tenté-je de m’excuser.

    Un sourire moqueur apparaît alors sur ses lèvres.

    — Très mauvais réflexe, l’Intouchable, se venge-t-il.

    Je me tends. Je n’aime déjà pas ce surnom mais, là, avec son petit air hautain, ça m’irrite au plus haut point. Je m’apprête à lui dire le fond de mes pensées très fleuries lorsqu’une main s’abat avec violence sur les casiers au-dessus de ma tête. Je me retourne, surpris, et fais face au regard assombri par la colère de Dave. Dieu merci, ses yeux ne sont pas posés sur moi.

    — Qu’est-ce tu lui veux, sale vampire !

    Autour de nous, les gens se sont arrêtés de faire ce qu’ils faisaient pour nous regarder, non sans murmurer.

    — Pff ! Ça manque d’originalité tout ça, entends-je Brennan dire d’un air suffisant. C’est mon look total cuir qui te fait dire ça ? T’as peur que j’ensorcelle tes groupies ?

    Dave me contourne dans l’intention de s’approcher à mauvais escient de Brennan mais je l’en empêche.

    — Qu’est-ce tu fous, Kieran !?

    — Rien, réponds-je en gardant mon calme. Il m’a juste aidé à ramasser mes fusains, alors que personne ne se bougeait.

    Cette fois-ci, ce sont des chuchotements embarrassés qui parcourent l’assistance.

    J’entends le soupir moqueur de Brennan et me retourne pour lui envoyer un regard noir. Il hausse les épaules et s’éloigne en m’envoyant :

    — Fais gaffe, la prochaine fois, l’Intouchable.

    Je fronce les sourcils et souffle d’exaspération. Dave se contente de mettre en mot ce que je pense :

    — Pauvre con !

    Puis s’adressant aux autres autour de nous :

    — Vous auriez pu l’aider au lieu de laisser l’autre connard l’approcher !

    Des têtes baissées, honteuses, des murmures d’excuse, puis chacun se fait discret et part.

    — Ce n’est pas parce que tu es intouchable que tu es inapprochable ! grogne Dave en se mettant face à moi.

    Il est plus grand que moi alors je suis obligé de lever les yeux pour croiser les siens de la couleur du ciel. Ça l’énerve cette attitude passive qu’ont les autres avec moi et il semble encore agacé à cause de Brennan… Même si je sais que ça ne veut rien dire, ça me touche énormément.

    — Ça fait rien, Dave, lui souris-je.

    Je prends plaisir à le voir se calmer. Je m’imagine que c’est grâce à moi et ça me comble de bonheur.

    Les autres nous rejoignent et on va se détendre dans le parc, pendant les quinze minutes de récré qui nous sont avarement offertes. Puis on retourne en cours et la journée continue.

    Je suis passé chez le médecin avant de rentrer ; à midi, j’ai failli m’étouffer avec une viande feuilletée et mon nez n’a pas cessé de couler à cause de la clim’. J’en ressors avec un début de grippe qui me prévoie des migraines dans la soirée. Et ça ne rate pas. Allongé dans mon lit, je tremble de froid, je suis brûlant de fièvre, et le sang cogne affreusement dans ma tête. Ma mère, enfin sortie du garage, m’amène une soupe mais elle ne reste pas ; autant elle s’inquiète un minimum pour moi, autant elle ne souhaite pas abandonner son projet en cours pour un simple rhume.

    Maman est une artiste ; je tiens ça d’elle. Elle récupère des vieux meubles et les rénove en y ajoutant toutes sortes de décorations originales : une coiffeuse sur lit de sable, une chaise en bois illustrée

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