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Et qui créa la fem… ?
Et qui créa la fem… ?
Et qui créa la fem… ?
Livre électronique221 pages2 heures

Et qui créa la fem… ?

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À propos de ce livre électronique

Chloé, dix-sept ans, vit dans un monde entièrement dominé par les femmes et où la population mâle est réduite en putains, castrats ou simples reproducteurs. Elle y fait la rencontre de Jan avec qui elle partage un amour sincère et profond. Profitant de cette idylle, la jeune fille veut changer l’ordre des choses et rétablir l’égalité des sexes. Y parviendra-t-elle ?
LangueFrançais
Date de sortie15 juil. 2022
ISBN9791037760487
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    Aperçu du livre

    Et qui créa la fem… ? - Dominique Détune

    Dictionnaire de la fin du 21e siècle

    Une fem : une femme.

    Mame : madame.

    Mama : maman.

    Un hom : un homme.

    Un bobon : masculin d’une bobonne.

    Un hommelet : mâle excisé (castré).

    Un exmâle : un hommelet.

    Un putain : masculin d’une putain.

    Un père maquereau : tenancier de bordel.

    Les cop’s : les copines.

    Le headball : le football avec la tête.

    Un visiophone : un téléphone vidéo.

    Visiophoner : passer un appel.

    Un visioscreen : une télévision.

    Un miniscreen : petit écran portable.

    Une cabcar : une voiture.

    Une limoucabcar : une limousine.

    Un cabbus : un autobus.

    Un cabcar : un camion.

    Un crédit : l’unité monétaire.

    Un flyjet : un avion à décollage vertical.

    Un astroport : un aéroport.

    Un appt : un appartement.

    Un studappt : un studio.

    Deuxième moitié du 21e siècle

    Il fut un temps, il y a de nombreuses années, où les hommes, depuis des millénaires, avaient le pouvoir.

    Le pouvoir sur la terre et la nature.

    Le pouvoir sur l’économie et toutes les décisions importantes.

    Le pouvoir de faire la guerre quand bon leur semblait et de laisser se faire tuer, au nom d’une cause absurde, des milliers, des millions d’innocents.

    Le pouvoir de régir les flux de populations dans l’intérêt d’une infime minorité avide de dollars ou d’euros.

    Le pouvoir de faire naître des espèces hybrides quitte à nier la nature.

    Car les hommes, il y a de nombreuses années et depuis la nuit des temps, s’imaginaient invincibles et totalement absous de toute responsabilité.

    Et ils y avaient le pouvoir sur les femmes.

    Pouvoir millénaire.

    Les hommes croyaient que tout leur était dû : la nourriture, le logis, les plaisirs sexuels, le travail, la pensée.

    Au milieu du 20e siècle, les femmes françaises, par exemple, obtinrent le droit de vote. Mais maintes et maintes épouses votèrent comme leur mari, leur frère, leur père.

    Et attendirent des dizaines d’années avant d’avoir le droit d’ouvrir un compte en banque seules.

    Seules.

    De toute façon, elles étaient toujours infantilisées, jusqu’à être…

    La bonne épouse.

    La bonne épouse, garante du foyer, de l’éducation des enfants, du confort du mari, de la satisfaction de tous ses désirs…

    Et ce sans jamais se plaindre.

    Jamais…

    Et puis des femmes se levèrent bien des années après.

    Elles revendiquaient le droit au travail, le droit à vivre une grossesse désirée, le droit d’être libre et émancipée…

    D’être les égales des hommes.

    Certaines luttes aboutirent et malgré une contestation réactionnaire, les femmes purent légalement interrompre une grossesse non désirée.

    Mais…

    Oui, il y a toujours des mais car il est difficile, c’est un travail acharné, de changer des mentalités millénaires.

    Les violences faites aux femmes étaient une plaie quotidienne.

    Combien de jeunes femmes furent agressées sexuellement dans le métro, le bus : une main qui se promène un peu trop, un regard lubrique, une bousculade provoquée et tous ces mots, ces mots que l’on a, maintenant, à jamais oubliés mais qui venaient résonner dans les oreilles pour violer la tendresse, la douceur, le bonheur.

    Car les femmes étaient douces, tendres, sensibles.

    Très sensibles.

    On parlait de sensibilité féminine et gare aux hommes qui en étaient envahis.

    Car la sensibilité ne pouvait être que féminine.

    Et puis toujours et toujours, malgré ces luttes, malgré des lois, malgré ce discrédit permanent, les hommes cherchaient à dominer…

    Alors des femmes, en quête de réelle émancipation ou par simple souci d’imitation firent comme les hommes : elles s’engagèrent dans l’armée, dans la police, aimèrent le football, burent de la bière jusqu’à plus soif et s’oublièrent…

    Le monde n’a pas besoin d’armées.

    Le monde n’a pas plus besoin de guerrières que de guerriers.

    Mais de quoi le monde a-t-il besoin ?

    ***

    Paris, le 9 avril 2084

    Chloé s’éveilla au sortir d’un sommeil agité, ponctué de rêves désagréables dont elle n’avait aucun souvenir.

    Elle s’étira et bâilla bruyamment chassant tous les démons de la nuit.

    Elle adorait ces moments où son corps reprenait ses esprits.

    Il ne lui manquait plus qu’un café serré bien sucré et une douche suave pour que toutes les choses rentrent dans l’ordre.

    Comme la plupart des fems, elle dormait nue.

    Elle se leva lentement, se dirigea vers la patère où était suspendu son peignoir en coton et eut juste le temps de s’entrevoir dans le grand miroir qui trônait dans sa chambre.

    Un cadeau de sa mama.

    Elle admira sa poitrine qui, contrairement aux autres fems, était très développée.

    Souvent, avant, elle en avait eu des complexes et puis le temps passant, elle avait fini par aimer ces deux protubérances fermes.

    « Je suis un peu différente, se dit-elle dans un soupir, mais j’aime ça… »

    Elle enfila son peignoir rouge et gagna la pièce de séjour.

    Sa mama la regarda avec un grand sourire.

    Un sourire inhabituel pour une journée qui allait être inhabituelle : Chloé, accompagnée de sa génitrice, allait se rendre au bordel voir un putain pour la grande cérémonie du dépucelage.

    Elle attendait ce jour depuis des mois et avait, avec sa mama, choisi sur le catalogue en ligne, que le père maquereau éditait chaque mois, le putain qui allait œuvrer et la faire vraiment fem. Il était beau, autant que peut l’être un putain, il semblait grand.

    Mais ce qui avait poussé Chloé à le choisir, c’était son regard.

    Pas son sourire car tous les putains du catalogue souriaient béatement.

    Non ! Il y avait dans son regard quelque chose d’indéfinissable.

    Et Chloé était infiniment troublée par cet indéfinissable…

    Peut-être une sensibilité inconnue…

    « Georges, le petit déjeuner ! cria la mama.

    Le bobon qu’on appelait aussi hommelet était le serviteur, plutôt l’un des serviteurs car chaque bonne maison avait plusieurs bobons.

    C’étaient des restes d’hommes car, à cinq ou six ans, ils subissaient une excision.

    On les castrait : plus de pénis, plus de testicules, plus d’agressivité mâle.

    Une totale soumission…

    Ils étaient éduqués, autant qu’un exmâle puisse l’être, dans des espèces de jardins d’enfants à la stricte discipline.

    À quinze ans, les fems venaient les acheter et ils gagnaient le foyer où l’esclavage commençait vraiment.

    Ils étaient rarement battus mais parfois il arrivait qu’une fem, un peu ivre, après un match perdu de headball sur le visioscreen, se délecte à en fouetter un.

    Parfois jusqu’au sang.

    Ils subissaient ce sévisse sans broncher tant ils avaient été bien éduqués.

    On dirait conditionnés…

    À trente ans, la RDH, Régie Des Hommelets, venait les chercher et invitait la fem à venir se fournir au magasin pour renouveler le stock.

    Ce qu’il advenait d’eux après, nulle n’en savait rien.

    Et chacune s’en moquait éperdument.

    Ce n’était que des bobons, juste bons à servir avec le minimum de sourire requis.

    Georges arriva, vêtu de sa combinaison rose bonbon, avec le copieux petit déjeuner que prenaient chaque matin Chloé et sa mama : œufs au plat, tartines beurrées, céréales au lait de soja ou d’amande et café noir. Un jus d’oranges pressées accompagnait le tout.

    Avec une salutation déférente, le bobon alla vaquer à ses tâches quotidiennes.

    Clara, la mama de Chloé, regarda sa fille avec tendresse, autant qu’elle le put.

    « Alors c’est le grand jour ! Comment te sens-tu ?

    Chloé mangea ses œufs, ses tartines et ses céréales en silence, le regard tourné vers un ailleurs…

    Clara n’osa pas la déranger tant elle sentait sa fille nerveuse.

    Ce n’est que quand elle eut fini sa tasse de café qu’elle lui dit :

    « Va te préparer Chloé, nous avons rendez-vous à onze heures et Félix n’aime pas que l’on soit en retard. »

    Félix était le père maquereau du bordel qui correspondait au secteur où vivaient les deux femmes. C’était un privilégié. Il avait longtemps été un putain renommé et nombreuses étaient les femmes qui voulaient se faire prendre par lui. Parfois, il en recevait une, vieille connaissance, qui lui laissait un bon pourboire.

    Félix tenait son bordel avec fermeté mais il était juste avec ses putains. Il avait aussi la réputation d’être parfaitement ponctuel.

    Et Clara s’y soumettait.

    Celle-ci cria :

    « Alain, va masser Chloé, c’est un grand jour aujourd’hui et je veux qu’elle soit bien en forme.

    Alain était l’hommelet préposé au bien-être de ces dames : massages, coiffure, habillement, soins du visage et du corps. C’était un bobon de luxe et vu son prix d’achat, il pouvait durer jusqu’à 35 ans voire 40.

    Vers dix heures trente, Chloé descendit de sa chambre précédée par Alain. Elle était resplendissante avec sa belle et abondante chevelure rousse. Sa robe verte mettait indéniablement en valeur le galbe de sa poitrine que sa mère regarda avec admiration.

    Il était temps d’aller au bordel.

    Celui-ci se trouvait à dix minutes de marche de la maison.

    Elles ne seraient donc pas en retard.

    C’était une tradition que les mères accompagnent leur fille le jour du dépucelage. Une vieille tradition héritée dont on ne sait où !

    Je m’appelle Jan, j’ai vingt-quatre ans et je suis un putain depuis six ans.

    Les putains ont cinq prénoms : Jan, Félix, Yul, Alan et Jon.

    J’ai été élevé dans un centre spécialisé où l’on m’a appris, dès l’âge de seize ans, comment baiser pour le plaisir de la femme. Les instructrices étaient sévères et certains putains en herbe rejoignaient, à la suite de maladresses, les bobons.

    Autant dire qu’ils étaient excisés à vif…

    Tous les jours, je reçois ma dose de Chloropraxine, le médicament qui me permet de bander et de pouvoir tirer jusqu’à quinze coups par jour.

    Du plaisir j’en ai infiniment peu, voire pas du tout, et les journées sont parfois harassantes, surtout quand la fem ne met pas du sien…

    J’espère un jour devenir père maquereau comme Félix et peut-être trouver avant une femme avec qui j’aurai un peu de plaisir.

    Car je dois l’avouer, je ne sais pas ce que c’est…

    Le plaisir ! J’en parle souvent avec les autres putains du bordel et chacun se demande ce que c’est.

    Certains disent que ça s’appelle l’éjaculation mais ils n’en savent pas plus.

    Trente minutes c’est la durée de la passe.

    Ni plus.

    Ni moins.

    Aujourd’hui, j’ai un dépucelage de prévu.

    À onze heures.

    Je n’aime pas cette corvée. J’ai toujours peur de faire mal à la jeune fem.

    J’espère juste que ça se passera bien car certaines fois, il y en a qui se mettent à hurler en voyant mon sexe dressé…

    Les pénis, elles ne les ont vus qu’en photos ou sur le visioscreen et la réalité les effraie.

    J’espère car bien que je sois un putain, je respecte cette jeunesse que parfois je trouve tout innocente.

    Parfois seulement.

    Parfois car j’ai entendu dire que dans les écoles on parle des mâles de façon épouvantable, nous accusant de tous les maux que la terre a pu subir dans les siècles et les millénaires qui nous ont précédés.

    Je sais juste qu’elle se prénomme Chloé.

    Je n’arrive pas à savoir pourquoi, mais j’aime bien ce prénom.

    Chloé.

    Il y a comme une petite musique qui tranche totalement avec l’électrojazz synthétique qu’on entend à

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