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La sirène du Larrit: Roman
La sirène du Larrit: Roman
La sirène du Larrit: Roman
Livre électronique222 pages3 heures

La sirène du Larrit: Roman

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À propos de ce livre électronique

Une adolescente de 15 ans, son grand-père qui joue les justiciers, des malfrats hongrois, une jeune femme destinée aux trottoirs lausannois, un flic de la sûreté. Ces personnages sont tous différents mais partagent un lien : ils sont décédés de mort violente. Aussi, un fait étrange est à relever : pour quelles raisons est-ce l’agence Black & White Investigations qui se charge de résoudre ce sac de nœuds et non pas la sûreté cantonale ? De Lausanne à Ste-Croix, en passant par Echallens et Yverdon, les détectives privés Axel Serval et son associé, Coco Panchaud, vont déployer une panoplie d’idées toutes plus imaginatives les unes que les autres. Sera-ce cependant suffisant pour déjouer tous les pièges qui leur seront tendus ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Né en 1949 en Suisse, Jean-Luc Laurent vit à Lausanne. Après une vie professionnelle bien remplie, tant dans les forces de police que dans l’industrie pharmaceutique ou encore à la tête d’un tea-room en compagnie de son épouse, il découvre l’écriture en 2015 avec un pamphlet politique : Le Lampiste. Marié, père et grand-père, il occupe son temps entre l’écriture, la lecture, ses petits-enfants et les balades. Il publie ici son quatrième roman.
LangueFrançais
Date de sortie7 juin 2022
ISBN9791037758149
La sirène du Larrit: Roman

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    Aperçu du livre

    La sirène du Larrit - Jean-Luc Laurent

    Du même auteur

    Le lampiste – chronique d’un lynchage politique en Pays de Vaud, 2016, auto-édition, épuisé ;

    Le matou et le barbouze du pape, 2018, Le Lys Bleu Éditions ;

    Le sable pourpre, 2019, Le Lys Bleu Éditions ;

    Saliou, 2020, Le Lys Bleu Éditions.

    I

    Il était presque 6 heures du matin et Axel Serval se sentait bien. Il avait subi hier sa dernière séance de torture au centre de physiothérapie de l’hôpital orthopédique de Lausanne et maintenant, Léonie, sa thérapeute-tortionnaire comme il l’appelait, était allongée là, lovée tout contre lui, comme une jeune chatte repue.

    Ce n’était pas leur première partie de jambes en l’air, mais les fois précédentes, c’était les tables de soin du centre de physiothérapie qui faisaient office de lit. Il faut dire qu’Axel revenait de loin et il avait fallu toute l’expérience professionnelle et le savoir-faire de Léonie pour arriver à le faire remarcher presque normalement. Il fallait vraiment être très attentif à sa démarche pour constater une très légère claudication de la jambe gauche. Au cours d’une précédente enquête qui l’avait conduit de l’autre côté du lac, Axel s’était fait éclater le genou gauche à coups de barre de fer par un malfrat, auteur de plusieurs agressions en Suisse romande. Par ailleurs, son tibia et son fémur droits n’avaient pas non plus résisté à ce déferlement de violence.

    Le malfrat, qui habitait sur les hauts d’Évian, prenait tout simplement le bateau pour venir jusqu’à Lausanne. De là, il sautait sur sa moto, qui restait de ce côté-ci de la frontière, et s’en allait commettre ses méfaits, la plupart du temps seul. Puis, il s’arrangeait pour reprendre le bateau en même temps que les travailleurs frontaliers qui rentraient chez eux après leur journée de labeur en Suisse, lorsque les contrôles douaniers étaient plus légers. Il avait finalement été arrêté par la gendarmerie nationale française un matin tôt, à la suite des informations fournies par Axel après son agression. Depuis, le malfrat était détenu à la maison d’arrêt de Lyon-Arbas. Et il n’était pas prêt d’en ressortir.

    Quant à Axel, il avait dans un premier temps, été conduit aux Hôpitaux du Léman à Thonon-les-Bains avant d’être héliporté au CHUV à Lausanne où il avait été pris en charge par les spécialistes de l’Hôpital orthopédique pendant de longues semaines. C’est là qu’il avait fait la connaissance de Léonie et c’est là aussi que leur idylle avait débuté.

    Axel Serval était détective privé, mais un privé qui avait du succès, contrairement à beaucoup de ses collègues qui survivaient avec difficultés en traquant les couples infidèles. Il avait été assez malin pour se mettre dans la poche plusieurs avocats à la réputation bien établie sur la place ainsi que quelques grosses compagnies d’assurances, ce qui lui permettait d’avoir un train de vie que certains lui jalousaient. Il avait ouvert son agence il y a bientôt une dizaine d’années et avait rapidement été rejoint par son ami de toujours, Coco, de son vrai nom Corentin Bavaud. Coco était né en Côte d’Ivoire mais avait été adopté dans sa plus tendre enfance par un couple de gynécologues lausannois. Il avait pratiquement le même âge qu’Axel et était très connu dans les milieux branchés lausannois ainsi que dans certains endroits assez peu fréquentables de la ville où tous l’appelaient par son surnom. Ses noms et prénoms étaient réservés aux administrations civile et militaire ainsi qu’aux divers services officiels auxquels il avait parfois à faire.

    Axel et Coco se connaissaient depuis l’école et étaient toujours restés en contact, si bien que lorsqu’Axel s’était retrouvé submergé par ses affaires, c’est tout naturellement qu’il avait fait appel à son vieil ami. Ce dernier, qui subissait une période de chômage et qui aurait facilement pu tomber dans les filets de certaines de ses relations peu recommandables avait bien sûr sauté sur l’occasion. C’était vraiment inespéré pour lui. Dans le canton de Vaud, les détectives privés n’avaient pas l’obligation d’être agréés et Axel l’avait formé lui-même. Il l’avait entraîné partout où lui-même devait se rendre. Ils avaient vraiment été inséparables pendant plusieurs mois. Coco avait tellement pris à cœur cette nouvelle expérience qu’Axel avait décidé de le prendre comme associé et non pas comme employé. En référence à leurs couleurs de peau respectives, ils avaient ironiquement appelé leur agence Black & White Investigations. Ils s’étaient installés dans le quartier de Chailly, situé dans les hauts de la ville et occupaient les anciens locaux d’un collègue qui avait eu la mauvaise idée de mettre fin à ses jours. Il s’agissait d’un duplex et vu la surface des lieux, Axel avait installé son logement avec terrasse à l’étage supérieur et n’utilisait le bas qu’à des fins professionnelles. Il avait même proposé une colocation à Coco.

    — Pour que tu essaies de me faire des enfants pendant que je dors ? Pas question ! avait répliqué ce dernier en éclatant de rire.

    Coco avait finalement trouvé un petit appartement à la campagne, dans une ferme rénovée au centre du village de Cugy. Bien sûr, ce n’était plus l’effervescence du centre-ville comme il en avait l’habitude, mais il se sentait bien et en sécurité dans cette petite commune du Gros-de-Vaud de moins de 3 000 habitants.

    Depuis qu’ils avaient pignon sur rue, les affaires n’arrêtaient plus de tomber et ils étaient sans cesse occupés de gauche et de droite. Ils traitaient les affaires les plus simples seuls et, lorsque les dossiers s’avéraient plus compliqués, ils unissaient leurs efforts pour plus d’efficacité. Actuellement, Axel terminait une histoire d’escroquerie. Il avait été mandaté par une compagnie d’assurance à qui un antiquaire de la place avait signalé un vol de tableaux pour s’en faire rembourser le prix alors que lesdites œuvres avaient simplement été dissimulées chez un complice qui les avait ensuite revendues pour le compte de l’antiquaire. Il avait fallu plusieurs mois à Axel pour résoudre cette affaire, mais maintenant, il était enfin parvenu à démasquer tous les comparses de cette escroquerie et il ne lui restait plus qu’à finaliser son rapport.

    Quant à Coco, il était occupé par une histoire de vols de chiens et de chats, principalement dans les environs du quartier Mon-Repos. L’agence avait été contactée par un retraité nommé Christophe Grange qui était domicilié au chemin de Bellevue, juste en dessus du parc éponyme. Ce dernier, avec quelques amis, avait décidé de jouer les justiciers et plusieurs fois par semaine, ils passaient leurs nuits à parcourir leur quartier ainsi que le parc à la recherche des voleurs. Au début, les forces de l’ordre avaient été informées, des plaintes pénales avaient même été déposées, mais rien n’avait changé. Alors, les retraités du coin, qui avaient tout leur temps à disposition, s’étaient organisés en milice et effectuaient régulièrement des rondes de surveillance dans les environs. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, ils avaient mis en fuite des individus qui n’avaient manifestement rien à faire là où ils étaient. Ils avaient alors informé la police de leurs découvertes mais, au lieu de prendre en considération leurs déclarations, les pandores les avaient vertement tancés pour s’être mis en danger. C’était la raison pour laquelle ils avaient décidé de faire appel à Black & White Investigations qui avait repris l’affaire. Toutefois, au vu des premières recherches effectuées par Coco, il semblait que cette histoire avait une portée beaucoup plus importante qu’il n’y paraissait au départ.

    II

    7 heures étaient déjà passées ce mercredi matin et Lilou n’était toujours pas prête. Elle venait de se lever et déambulait dans l’appartement de son grand-père, la mine boudeuse, les cheveux en bataille, vêtue seulement d’un vieux short détendu et d’une chemisette. Lilou avait 15 ans et était devenue une belle jeune fille. Son corps s’était petit à petit transformé et elle ne ressemblait maintenant plus en rien à la fillette filiforme et un peu voûtée qu’elle était il y a seulement quelques années. Ses formes généreuses et sa longue chevelure auburn la faisaient paraître bien plus que son âge réel. Depuis le tragique accident de la circulation qui avait coûté la vie à ses deux parents quatre ans auparavant, la jeune fille vivait avec son grand-père, Christophe Grange. Celui-ci était la seule famille qui lui restait. C’est elle qui avait choisi. Soit elle acceptait de vivre chez son grand-père, soit elle serait placée dans une institution par l’autorité tutélaire, jusqu’à ce qu’elle ait atteint sa majorité. Son choix avait été vite fait. Le grand-père était veuf depuis une dizaine d’années et elle savait qu’elle serait aimée et choyée comme jamais.

    Malgré cela, en pleine adolescence, elle avait traversé des périodes difficiles au cours desquelles elle se renfermait sur elle-même, parfois pendant plusieurs jours, mais le grand-père n’avait jamais failli. Toujours là à l’écoute, il savait aussi garder ses distances lorsqu’il sentait que sa petite-fille avait besoin de réflexion. Par contre, parfois, il fallait la bousculer un peu pour la faire avancer, ce qui était précisément le cas ce matin-là.

    — Allez ! Dépêche-toi un peu ! Va prendre ta douche pendant que je prépare ton petit-déjeuner.

    Elle bougonna en allant s’enfermer dans la salle de bain. Lorsqu’elle en ressortit, une tasse de thé fumant et une tartine garnie de beurre et de confiture d’abricots l’attendaient sur la table de la cuisine, recouverte d’une nappe en plastique jaune aux motifs provençaux. Pas question de partir à l’école le ventre vide avait décrété l’aïeul. Tout en mangeant, elle s’approcha de la fenêtre et regarda le ciel.

    — C’est inhumain de me faire aller en classe par un temps pareil. Quand c’est comme ça, on devrait être autorisé à rester sous la couette toute la journée ! s’exclama-t-elle.

    — Ce n’est qu’un peu de pluie. Ça te rafraîchira les idées, lui répondit son grand-père en riant. Et puis, tu ferais quoi sans tes chères copines ? Et n’oublie pas que c’est mercredi et que tu vas nager cet après-midi.

    Tous les mercredis après-midi et les samedis matin, elle retrouvait une petite bande de filles qui s’étaient mises dans la tête de monter un spectacle aquatique. Elles s’étaient connues il y a plusieurs années lors d’un cours de natation à la piscine de Montchoisi et depuis, elles ne s’étaient plus quittées. Lilou jeta un regard en coin à son grand-père et partit s’habiller. Elle enfila finalement son ciré bleu, prit son sac à dos avec ses affaires de cours ainsi que son sac de sport renfermant ses effets de natation, notamment la longue queue de sirène rose indispensable à la préparation de leur ballet aquatique.

    Après avoir embrassé son grand-père, négligeant l’ascenseur, elle dévala les escaliers. Ni lui ni elle ne pouvaient s’imaginer que c’était la dernière fois qu’ils se voyaient.

    Elle marchait d’un pas vif le long de l’allée bordée d’arbres qui menait jusqu’au haut du chemin de Bellevue. La capuche de son ciré tirée sur les yeux, elle ne remarqua pas le fourgon qui était venu se positionner au bout de l’allée, l’avant tourné vers la sortie et la porte latérale grande ouverte. Elle ne vit pas non plus l’homme qui en était sorti et qui semblait attendre à proximité. Perdue dans ses pensées, Lilou ne comprit pas ce qui lui arrivait. Soudain, elle fut violemment bousculée et poussée dans le véhicule à l’intérieur duquel un second homme la réceptionna et la maintint au sol en lui collant un bâillon sur la bouche pour l’empêcher de hurler. Elle tenta bien de se débattre, mais le malfrat qui était sur elle pour la maintenir à plat ventre était bien trop lourd et trop fort pour qu’elle puisse lutter. De plus, elle se retrouvait avec une espèce de sac sur la tête et ne pouvait même plus voir ce qui se déroulait autour d’elle. Elle ne s’était même pas rendu compte que le fourgon s’était mis en mouvement et qu’ils étaient méchamment secoués à l’arrière. Tout ce qu’elle aurait pu dire, c’était que celui qui la retenait ainsi puait la transpiration, l’alcool et le tabac.

    Lorsqu’enfin le véhicule s’immobilisa, Lilou entendit la porte s’ouvrir et elle fut tirée sans ménagement à l’extérieur. Elle eut d’abord de la peine à se tenir sur ses jambes. Sans rien voir, elle se rendit compte qu’elle était entourée de chiens qui aboyaient à s’arracher la gorge. Tout de suite, son odorat fut agressé par une forte odeur d’urine et d’excréments. Elle avait toujours la bouche scotchée, et ce sac sur la tête qui l’empêchait de voir où elle se trouvait. Elle essaya de se débattre, mais tout de suite, deux mains puissantes la saisirent par les bras.

    — Ferenc ! Fais-la taire ! hurla une voix grave avec un solide accent qui lui sembla provenir des pays de l’Est.

    — Tu ne peux pas t’enfuir et il ne te sert à rien de crier. À part nous, personne ne peut t’entendre. Alors arrête de bouger comme ça et reste tranquille, dit le nommé Ferenc.

    — Mais qu’est-ce que vous me voulez à la fin ! Pourquoi vous me faites ça ? s’écria-t-elle dès qu’elle put à nouveau parler.

    — Ton grand-père est devenu beaucoup trop curieux et commence à nous poser un peu trop de problèmes. Surtout maintenant qu’il a engagé un détective privé. Alors tu vas rester un peu avec nous jusqu’à ce qu’on ait terminé nos affaires ici. Quand on partira, on te laissera aller. Mais tant que tu es avec nous, il faut espérer que ton grand-père se tiendra tranquille, sinon.... Tant pis pour toi et pour lui.

    C’était donc ça. Elle lui avait déjà dit, au grand-père Grange, qu’un jour ça finirait mal. Mais jamais elle n’aurait imaginé que ce serait elle qui paierait les pots cassés. Enfin, le sac qu’elle avait sur la tête fut retiré et après avoir cligné des yeux plusieurs fois, elle put voir où elle se trouvait. Une vaste salle avec un bar dans un coin, une espèce de petite scène et de grandes tentures épaisses qui couvraient la totalité des murs. Au milieu de cette salle, plusieurs dizaines de cages étaient rassemblées et c’était les aboiements déchaînés des chiens détenus qui l’avaient accueillie à son arrivée. Outre les chiens, il y avait également une quinzaine de chats, terrés au fond de leurs cages, tétanisés par la peur. Certains de leurs miaulements ressemblaient à s’y méprendre à des pleurs d’enfants et Lilou éclata en sanglots.

    Voyant cela, l’homme qui lui avait parlé l’empoigna par le bras et la traîna jusqu’à une porte située à côté du bar. Ils descendirent une rampe de marches et après avoir parcouru un petit couloir, la jeune fille fut pratiquement jetée à même le sol dans un local sans fenêtre.

    — Si tu continues, je te supprime encore la lumière, aboya l’homme en roulant les « r ». Alors tais-toi maintenant.

    Il ressortit en claquant la porte derrière lui et donna deux tours de clé dans l’imposante serrure. Regardant autour d’elle, Lilou s’aperçut qu’elle était dans une cave et qu’elle était faite comme un rat. La porte était fermée à double tour et le local était borgne. Les murs étaient blanchis à la chaux et seules deux harasses vides traînaient dans un coin de la pièce. Elle prit une des deux caisses de plastique et s’assit dessus. Elle n’en pouvait plus. Jusqu’à quand allait-elle devoir vivre enfermée là-dedans ? Ce n’était pas humain ça !

    Elle en était là de ses réflexions lorsque la porte s’ouvrit violemment. L’homme qui l’avait conduite jusqu’ici jeta un matelas qui semblait avoir déjà bien vécu, ainsi que deux couvertures. Puis, il lui lança une bouteille d’eau.

    — Il y a des toilettes au bout du couloir. Je viendrais te sortir de temps en temps pour que tu puisses y aller !

    Puis il referma la porte tout aussi violemment qu’il l’avait ouverte. Lilou installa son matelas dans un coin du local et se fit tant bien que mal un lit avec les couvertures. Ce serait plus confortable que la caisse sur laquelle elle était assise. Finalement, n’en pouvant plus, elle s’effondra sur ce lit de fortune en sanglotant. Mais qu’est-ce qu’elle avait fait pour se retrouver dans une telle situation ? Elle avait bien compris que c’était les agissements de son grand-père qui l’avaient conduite là mais quand même. Elle n’y pouvait rien elle. Pourquoi est-ce que c’était elle qui devait payer ? Ce n’était pas possible. Elle faisait un mauvais rêve et elle allait se réveiller. Et toujours, en dessus, ces chiens qui aboyaient.

    Un peu plus tard, l’homme qui l’avait enfermée là revint vers elle. Il lui tendit un journal du jour en lui intimant l’ordre de le tenir bien droit devant elle et la prit en photo avec son téléphone portable.

    — Comme ça, ton grand-père verra que tu es toujours en vie et il se tiendra tranquille, dit-il en se retirant.

    III

    Installé à son bureau et occupé à la rédaction de son rapport, Axel rêvassait. C’était l’automne et il faisait gris. Un de ces ciels bas avec du brouillard qui montait épisodiquement depuis le lac et entourait la ville dans une espèce de cocon de ouate sale. Il devait presque se faire violence pour continuer à rédiger. Il en était là de ses réflexions lorsque son téléphone se mit à carillonner.

    — Les affaires reprennent, marmonna-t-il en soupirant.

    Instinctivement, il tendit la main pour prendre son paquet de cigarettes avant de se rappeler qu’il avait arrêté de fumer. C’étaient les seuls

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