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Le Monde d’Ako
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Livre électronique285 pages2 heures

Le Monde d’Ako

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À propos de ce livre électronique

Ako Gumael est une libraire particulière. Elle a le don de trouver le bon livre pour chacun de ses clients. Lorsqu’elle épouse son fauteuil grenat, et glisse ses six longs doigts de pianiste dans sa coupelle de pierres semi-précieuses, une gemme se colle à sa paume et lui inspire le titre de l’œuvre. Elle se lie d’amitié avec le jeune Nylan, qui partage la même passion pour la littérature. Un jour, tous deux sont stupéfaits par l’étonnante apparition d’un recueil tombé par hasard d’une étagère et dont les pages blanches se noircissent au fil du temps. Ako aura alors un rôle historique à jouer, mais lequel ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Sophie Barbero est une artiste que l’écriture accompagne depuis toujours. Cette belle aventure, sublimée par un fait historique dans la ville de Narbonne, lui a permis d’exprimer tout ce qui lui tient à cœur. Conter, imaginer et transmettre sont une véritable passion pour elle.
LangueFrançais
Date de sortie15 févr. 2022
ISBN9791037746177
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    Aperçu du livre

    Le Monde d’Ako - Sophie Barbero

    Préface

    Sophie Barbero est née en 1972 à Martigues, dans le département des Bouches-du-Rhône. Actrice dès son plus jeune âge au théâtre puis au cinéma et à la télévision, elle écrit son premier roman à quarante-huit-ans.

    Quelle révélation ! Ce roman imaginaire est d’une richesse infinie.

    En racontant le monde d’Ako, l’auteure nous invite à réfléchir sur notre propre condition d’être humain dans notre environnement, au milieu des autres, face à la mort, et que dire de notre liberté ? « Qui oserait aujourd’hui en hiver se jeter comme une offrande pour épouser cette puissante dame Nature : la mer… »

    Et quand Ako offre le bon livre à la bonne personne, inconsciemment elle nous dit : selon la formule de Pindare, poète grec du Ve siècle av. J.-C., « Deviens qui tu es. »

    La longueur du voyage ou de ses difficultés n’est pas un problème.

    Comme un guide spirituel, la romancière à travers son personnage principal, Ako, nous montre la voie : Aider, consoler, soigner, aimer, être soi…

    Merci à Sophie, pour ce précieux livre, invitation à réfléchir sur nos aspirations les plus profondes. Progresser en prenant soin de soi et des autres en toute liberté, voilà le défi…

    Monsieur No

    Un livre c’est un arbre qui cherche comment dire à toute la forêt qu’il y a une vie… après la vie.

    Gilles Vigneault

    Chapitre 1

    La topaze bleue

    Résistante et rare, pierre des artistes et des savants

    Le Monde d’Ako est une librairie extraordinaire… On y trouve des livres rares aux parfums du passé, aux pages jaunies comme on les aime quand on est un lecteur assidu et passionné ; on y aperçoit aussi quelques livres neufs, mais cela est tout de même exceptionnel. Certains ne sont pas à vendre, datant des XVIIe ou XVIIIe siècles. Ils sont juste là pour exister et se laisser feuilleter par leurs admirateurs. En fouinant un peu plus, on découvre également des manuscrits, des affiches de cinéma et de théâtre, des gravures, d’anciennes cartes géographiques et des partitions de musique. Ako, créatrice de ce monde, compare souvent sa librairie à la caverne d’Ali Baba !

    Ako est une très belle femme. Elle a un visage fin, de hautes pommettes et des yeux bruns en amande. Son corps, menu et ferme, laisse apparaître de petites hanches. Elle n’est pas très grande mais aérienne. Cette apparence de légèreté raconte son élégance et sa personnalité. Il émane d’elle cette force tranquille qui rassure et fidélise sa clientèle. De plus, elle est musicienne ; aussi, il est coutumier et chanceux d’entendre s’échapper quelques notes de son piano droit en entrant dans son monde. Ako en joue comme personne. Elle l’a d’ailleurs installé, pour ses trente printemps, dans l’arrière-boutique, car elle ne quitte presque plus son monde. Une de ses particularités est qu’elle possède six doigts à la main droite ; son professeur dut lui adapter les partitions. Il lui est donc plus aisé de jouer du Mozart qu’elle aime tant. Elle admire davantage le virtuose grâce à Eric-Emmanuel Schmitt, qui eut l’idée de génie d’écrire : Ma vie avec Mozart, en y glissant un CD à l’intérieur. En l’écoutant, la ravissante libraire aux cheveux libres et noirs est tombée encore plus amoureuse de sa musique.

    Elle aime aussi profiter de ses six doigts pour les faire glisser dans sa coupelle de pierres semi-précieuses, lorsqu’elle se prélasse sur son fauteuil. Ce fauteuil grenat, qui malgré son vieil âge, épouse son corps élancé à la perfection. Cette passion des gemmes lui vient de son père qui lui offrit, pour fêter son cinquième anniversaire, sa première pierre : une topaze bleue.

    Depuis ce jour, elle se promit de les collectionner sans même imaginer le pouvoir dont elles sont dotées. La jeune femme a une autre particularité, assez drôle (pas pour elle !) : elle se met à loucher à chacun de ses mensonges. Heureusement, ils sont aussi rares que ses livres neufs ! Néanmoins, elle est sublime de sa générosité, de son sourire, de sa lumière. Lumières est aussi le nom de son village. Lumières… c’est merveilleux non ? Ce village provençal, niché au creux d’une vallée, abrite 1 099 histoires dont celle de Tastinière, la boulangère, assurément responsable de son succès touristique grâce à son pain délicieux !

    Le meilleur ami d’Ako ou plutôt le meilleur objet, celui qui ne la quitte jamais, qui ravit ses pupilles, c’est son appareil photo, mais avant tout, son moteur, son oxygène, sa raison d’être ce sont les livres et toute la magie qui en découle… Le plus incroyable est qu’elle possède plusieurs albums, créés sur mesure, où chaque photographie de couverture de livre se retrouve archivée.

    D’autre part, Ako a un talent. Elle sait comment trouver le bon livre pour la bonne personne. Elle ne s’est jamais trompée ! Il lui suffit de glisser ses multiples doigts de pianiste au beau milieu des pierres magiques et celle qui se colle à sa paume devient la bonne à chaque fois.

    Donc, à chaque client, il y a une pierre. À chaque pierre, un livre… Elle connaît désormais leurs vertus et de ce fait a ce don : trouver le bon livre pour la bonne personne.

    Son amour pour les livres remonte à son plus jeune âge ; Ako Gumaël, d’origine mongole, commandait à son anniversaire et à Noël des livres, toujours des livres, encore des livres… Puis en grandissant, elle eut l’idée de débarrasser les voisins du quartier de leurs vieux livres, avec leur accord bien sûr ! Mais ce qu’elle adorait avant tout : c’était chiner aux vide-greniers ou aux puces comme on dit ! Alors, elle empilait ses richesses dans le garage de sa maman Darimaa, de telle façon qu’une pyramide prenait place et la circulation semblait celle d’un rond-point…

    Ako n’aimait pas beaucoup l’école. Elle trouvait que son programme bien établi omettait la rêverie, l’aventure ou encore la possibilité de penser autrement. Elle préférait s’instruire à sa façon, et lorsque sa maman infirmière partit en voyage humanitaire, elle décida du haut de ses dix-sept ans d’arrêter l’école. Son père ayant quitté la vie terrestre, elle se retrouvait pour la première fois seule face à elle-même. Après avoir mûrement réfléchi, elle prit la décision d’aller voir le maire de son village pour obtenir un local : atypique de préférence, assez haut pour y placer une échelle, assez grand pour apporter ses trésors et assez petit pour y garder l’intimité d’un passage secret. Un lieu pour réaliser son rêve : ouvrir « Le Monde d’Ako ».

    Monsieur le maire accepta et offrit à la jeune femme, pour un euro symbolique, une remise bien adaptée dotée d’un plafond de sept mètres de hauteur. Bien restaurée à l’ancienne, elle avait un charme fou avec ses trois énormes poutres et ses pierres apparentes. Il ne lui manquait plus que la lumière naturelle. Celle dont on ne peut se passer, celle qui annonce, dès l’aube, les heures de la journée, celle qui nous donne du baume au cœur et qui nous tient chaud, celle qui rend les objets visibles. Heureusement, Ako avait le pot d’économie que lui avait laissé maman avant de partir. Ainsi, elle put démarrer les travaux par l’installation d’une baie vitrée digne d’une devanture de grand magasin.

    Darimaa n’était pas au courant de son projet d’arrêter l’école, même si au fond d’elle, l’intuition la tourmentait. Si elle avait su, elle ne serait probablement pas partie. Néanmoins, lorsqu’elle revint pour fêter les dix-huit ans de sa fille, l’éblouissement à contempler le Monde d’Ako lui fit donner son approbation immédiate et sans reproche. Après tout dans la vie, l’essentiel n’est-il pas d’être à sa place ?

    Chapitre 2

    L’améthyste

    Fascinante pierre de l’esprit, qui révèle inspiration et mystère

    Juillet 2013…

    Ako a 31 ans. Voilà quatorze années de bonheur et de lecture au cœur de son univers. Cette jeune femme si douée, si épanouie, se nourrit continuellement des mots et de leur message. Ses échanges avec les lecteurs sont pertinents, et indiscutablement très humains. Les passionnés de littérature viennent parfois de très loin pour découvrir « le musée d’Ako ». La libraire avance dans la vie en toute humilité comme une apprentie, assoiffée de connaissances…

    Le mobile, aux plumes d’ange métallique, suspendu par un morceau de bois flotté, retentit après deux heures de silence et de lecture pour Ako. Le plus jeune de ses clients entre comme à l’accoutumée, se dirige vers la rangée des Chair de poule et s’installe sur un barreau de l’échelle comme il adore le faire… Nylan vient dans le Monde d’Ako comme on rentre dans une médiathèque. Les mercredis, il est capable d’y passer toute l’après-midi. Ce garçon de dix ans est très mignon avec ses taches de rousseur et son regard coquin. Souvent, les yeux rivés vers le plafond, il s’évade au pays des rêves et dans son imaginaire. Il pourrait être le héros d’une bande dessinée ! La libraire connaît bien l’infortune de sa grand-mère adoptive et laisse donc ce petit rouquin lire autant d’heures qu’il le souhaite. Ako s’attache de plus en plus à cet enfant et une véritable amitié est en train de naître ; peut-être se sent-elle aussi orpheline que lui par l’absence prématurée de son père et l’éloignement de sa mère…

    Dix minutes après l’arrivée de Nylan, un autre client, beaucoup plus âgé, entre à son tour. Vêtu d’une gabardine de couleur beige, on aurait dit ce personnage un peu loufoque de Retour vers le futur. Ses yeux clairs voyagent en tous sens dans la boutique pour s’immobiliser sur l’intrigante main droite de la libraire. Ensuite, cet homme très grand aux cheveux blancs ébouriffés se balade dans la bibliothèque. Ako est à la fois curieuse et amusée par l’originalité du client. Il s’attarde sur la rangée des poètes en marmonnant des mots inaudibles et feuillette quelques livres. Par intermittence, il observe, du coin de l’œil, la libraire qui fait mine de ne pas s’en apercevoir. Il continue de déambuler, effleurant au passage les manuscrits du bout des doigts. De temps en temps, il relève la tête et semble très impressionné par la hauteur sous plafond. Il finit enfin par s’approcher d’elle pour lui parler :

    — Votre main est extraordinaire.

    — Pardon ? répond timidement Ako.

    — Vous avez le don. Vous vous en rendez compte, vous avez le don !

    — Je ne comprends pas bien ce que vous me dites.

    — Mais si, vous comprenez… N’avez-vous jamais remarqué que vous choisissez toujours le bon livre pour la bonne personne ? Madame, si un jour vous doutez de votre vie, de la raison de votre existence, dites-vous que vous êtes à la bonne place… enfin pour le moment…

    — Vous êtes le premier à me dire une chose pareille, merci.

    — Eh bien, sachez qu’un jour vous en aurez la récompense !

    Ako, gênée de la conversation, répond très naturellement :

    — Mais je n’attends rien, monsieur… je suis comme je suis.

    — C’est justement pour cela que l’univers vous le rendra…

    Après quelques secondes de silence et de regards, l’étonnant savant enchaîne :

    — J’aime beaucoup cette citation de Sophocle :

    « Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est pas de plus grande que l’homme. »

    Elle sourit… puis lance un regard complice à Nylan, seul témoin de la conversation. Lui aussi paraît très intrigué par ce personnage et hausse discrètement les épaules de manière interrogative. Pendant ce jeu de regards et de dialogues silencieux, le grand philosophe retourne à la rangée des poètes, choisit un recueil de Verlaine, le paie et s’en va…

    Quelle drôle de rencontre ! Quel drôle de type ! Elle se remémore ses paroles…

    Dites-vous que vous êtes à la BONNE PLACE… sans oublier… enfin POUR LE MOMENT. Ce mystérieux monsieur avait fait tout de même du bien à Ako, qui se sentait si seule, parfois, au milieu de ses milliers de livres… si seule depuis sa rupture avec Guillaume pour qui elle n’avait ressenti que de l’amitié… si seule depuis que maman parcourait le monde… si seule… enfin jusqu’au jour…

    Chapitre 3

    La pierre de soleil

    Pierre joyeuse et porte-bonheur, apportant la lumière et le pouvoir régénérateur du soleil

    9 août, 10 h 6

    Au vu du peu d’affluence dans les locaux de la poste du village, les rumeurs parlent de fermeture, pourtant Robin le facteur fut embauché pour terminer la saison… et peut-être plus ?

    Il franchit la baie vitrée comme un matin sur deux et tend une lettre à Ako.

    Elle adore ouvrir son courrier, car la plupart du temps, elle peut y lire les merveilleux récits de voyage de maman. Ses périples en Asie ou en Afrique la transportent. Les timbres des lettres invitent à la rêverie. Ouvrir les enveloppes, c’est découvrir une histoire, comme lorsqu’on tourne les pages d’un livre qui nous captive. Ses lettres permettent à Ako d’attendre son retour plus patiemment. Darimaa revient la gâter deux à trois fois par an d’objets uniques et parfois insolites sans oublier les doux moments d’affection. En humant sa lettre, pensive, elle revient doucement à la réalité.

    Ako semble très charmée par ce nouveau postier à la beauté slave. Ses yeux sont d’un bleu soutenu et perçant. Son charme fou émane certainement de ses fossettes irrésistibles aux belles formes arrondies… Leurs échanges sont aussi fébriles qu’un froissement de pétales de coquelicots. Timidité, admiration, vibration… Tout y est pour imaginer le début d’une histoire.

    Au moment où le facteur se dirige vers la sortie, un jeune homme, probablement étudiant, un peu exaspéré, entre dans la librairie. On l’imagine aisé par la

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