Histoire de Noureddin Ali, et de Bedreddin Hassan
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Aperçu du livre
Histoire de Noureddin Ali, et de Bedreddin Hassan - One Thousand and One Nights
One Thousand and One Nights
Histoire de Noureddin Ali, et de Bedreddin Hassan
SAGA Egmont
Histoire de Noureddin Ali, et de Bedreddin Hassan
Traduit par Antoine Galland
Titre Original أَلْفُ لَيْلَةٍ وَلَيْلَةٌ
Langue Originale : Arabe
Les personnages et le langage utilisés dans cette œuvre ne représentent pas les opinions de la maison d’édition qui les publie. L’œuvre est publiée en qualité de document historique décrivant les opinions contemporaines de son ou ses auteur(s).
Image de couverture : Shutterstock
Copyright © 900, 2021 SAGA Egmont
Tous droits réservés
ISBN : 9788726790573
1ère edition ebook
Format : EPUB 3.0
Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu'une condition similaire ne soit imposée à l'acheteur ultérieur.
Cet ouvrage est republié en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue.
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Saga Egmont - une partie d'Egmont,
«Commandeur des croyans, il y avoit autrefois en Égypte un sultan, grand observateur de la justice, bienfaisant, miséricordieux, libéral. Sa valeur le rendoit redoutable à ses voisins. Il aimoit les pauvres, et protégeoit les savans qu’il élevoit aux premières charges. Le visir de ce sultan étoit un homme prudent, sage, pénétrant, consommé dans les belles-lettres et dans toutes les sciences. Ce ministre avoit deux fils très-bien faits, et qui marchoient l’un et l’autre sur ses traces : l’aîné se nommoit Schemseddin ¹ Mohammed, et le cadet Noureddin Ali. Ce dernier principalement avoit tout le mérite qu’on peut avoir. Le visir leur père étant mort, le sultan les envoya chercher, et les ayant fait revêtir tous deux d’une robe de visir ordinaire : « J’ai bien du regret, leur dit-il, de la perte que vous venez de faire. Je n’en suis pas moins touché que vous-mêmes. Je veux vous le témoigner ; et comme je sais que vous demeurez ensemble, et que vous êtes parfaitement unis, je vous gratifie l’un et l’autre de la même dignité. Allez, et imitez votre père. »
»Les deux nouveaux visirs remercièrent le sultan de sa bonté, et se retirèrent chez eux, où ils prirent soin des funérailles de leur père. Au bout d’un mois, ils firent leur première sortie ; ils allèrent pour la première fois au conseil du sultan, et depuis ils continuèrent d’y assister régulièrement les jours qu’il s’assembloit. Toutes les fois que le sultan alloit à la chasse, un des deux frères l’accompagnoit, et ils avoient alternativement cet honneur. Un jour qu’ils s’entretenoient après le souper de choses indifférentes, c’étoit la veille d’une chasse où l’aîné devoit suivre le sultan, ce jeune homme dit à son cadet : « Mon frère, puisque nous ne sommes point encore mariés, ni vous ni moi, et que nous vivons dans une si bonne union, il me vient une pensée : épousons tous deux en un même jour deux sœurs que nous choisirons dans quelque famille qui nous conviendra. Que dites-vous de cette idée ? » « Je dis, mon frère, répondit Noureddin Ali, qu’elle est bien digne de l’amitié qui nous unit. On ne peut pas mieux penser, et pour moi, je suis prêt à faire tout ce qu’il vous plaira. » « Oh, ce n’est pas tout encore, reprit Schemseddin Mohammed, mon imagination va plus loin. Supposé que nos femmes conçoivent la première nuit de nos noces, et qu’ensuite elles accouchent en un même jour, la vôtre d’un fils, et la mienne d’une fille, nous les marierons ensemble quand ils seront en âge. » « Ah pour cela, s’écria Noureddin Ali, il faut avouer que ce projet est admirable ! Ce mariage couronnera notre union, et j’y donne volontiers mon consentement. Mais, mon frère, ajouta-t-il, s’il arrivoit que nous fissions ce mariage, prétendriez-vous que mon fils donnât une dot à votre fille ? » « Cela ne souffre pas de difficulté, repartit l’aîné, et je suis persuadé qu’outre les conventions ordinaires du contrat de mariage, vous ne manqueriez pas d’accorder en son nom, au moins trois mille sequins, trois bonnes terres et trois esclaves. » « C’est de quoi je ne demeure pas d’accord, dit le cadet. Ne sommes-nous pas frères et collègues, revêtus tous deux du même titre d’honneur ? D’ailleurs, ne savons-nous pas bien vous et moi ce qui est juste ? Le mâle étant plus noble que la femelle, ne seroit-ce pas à vous à donner une grosse dot à votre fille ? À ce que je vois, vous êtes homme à faire vos affaires aux dépens d’autrui. »
»Quoique Noureddin Ali dit ces paroles en riant, son frère, qui n’avoit pas l’esprit bien fait, en fut offensé. « Malheur à votre fils, dit-il avec emportement, puisque vous l’osez préférer à ma fille. Je m’étonne que vous ayez été assez hardi pour le croire seulement digne d’elle. Il faut que vous ayez perdu le jugement pour vouloir aller de pair avec moi, en disant que nous sommes collègues. Apprenez, téméraire, qu’après votre imprudence, je ne voudrois pas marier ma fille avec votre fils, quand vous lui donneriez plus de richesses que vous n’en avez. » Cette plaisante querelle de deux frères sur le mariage de leurs enfans qui n’étoient pas encore nés, ne laissa pas d’aller fort loin. Schemseddin Mohammed s’emporta jusqu’aux menaces. « Si je ne devois pas, dit-il, accompagner demain le sultan, je vous traiterois comme vous le méritez ; mais à mon retour, je vous ferai connoître s’il appartient à un cadet de parler à son aine aussi insolemment que vous venez de faire. » À ces mots, il se retira dans son appartement, et son frère alla se coucher dans le sien.
»Schemseddin Mohammed se leva le lendemain de grand matin, et se rendit au palais, d’où il sortit avec le sultan, qui prit son chemin au-dessus du Caire, du côté des pyramides. Pour Noureddin Ali, il avoit passé la nuit dans de grandes inquiétudes ; et après avoir bien considéré qu’il n’étoit pas possible qu’il demeurât plus long-temps avec un frère qui le traitoit avec tant de hauteur, il forma une résolution. Il fit préparer une bonne mule, se munit d’argent, de pierreries et de quelques vivres ; et ayant dit à ses gens qu’il alloit faire un voyage de deux ou trois jours, et qu’il vouloit être seul, il partit.
»Quand il fut hors du Caire, il marcha par le désert vers l’Arabie. Mais sa mule venant à succomber sur la route, il fut obligé de continuer son