À propos de ce livre électronique
Claude Lavoie
L’auteur en est à son deuxième roman. Lauréat du prix littéraire Arc-en- ciel pour son premier roman, Un homme aux dieux, il cumule de nombreux intérêts qui transpirent dans ce récit : psychanalyse, bêtise humaine, etc., et tout ça, enrubanné d’humour et de cynisme ! Psychologue défroqué, il aime encore explorer l’âme humaine afin d’en surligner les nombreuses contradictions. L’auteur enseigne également la psychologie du développement humain au niveau collégial.
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Avis sur Félix Ioussoupov
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Aperçu du livre
Félix Ioussoupov - Claude Lavoie
À mes familles, et plus spécifiquement,
à la mémoire de ma mère, Lisette Dassylva,
et de mon frère, Jean Lavoie.
Et je me balance le corps dans un mouvement de va-et-vient, en hurlant ces mots, tel un juif hassidique souhaitant calmer
sa douleur de l’exil.
PROLOGUE
Je ne sais pas si ce texte sera publié un jour, ou même s’il sera lu.
Il gît, dans mes méandres depuis tant d’années, coincé entre une procrastination chronique et ma paresse congénitale, étranglé entre ce désir de plaire et la conviction profonde de décevoir. Je vous entends dire, lectrices et lecteurs gonflés de compassion : « Qu’il est exigeant pour lui-même, il n’est pas tendre avec son estime personnelle ». Je vous adresse, illico, les remerciements d’usage qui précèdent une publication, même si — et je viens tout juste de le mentionner — je ne crois pas que ce texte sera lancé dans l’espace public, inconnu de vous, lectrices et lecteurs, que je n’aurai possiblement pas le bonheur de rencontrer.
Assis face à la porte, j’égraine le temps. Toute ma vie, je me suis positionné ainsi, car en cas d’attaque, je peux fuir ; qu’elles soient imaginaires, ou comme celle qui me dévisage en ce moment, protégée par des barreaux que je n’ose regarder de peur d’être empalé, tel en ce jour où ce prêtre a pénétré mon âme en tuant le peu de confiance qui me liait à Dieu.
Non, ne démissionnez pas tout de suite.
Depuis cette violation à mon endroit, je ne tourne plus jamais le dos à cet accès, symptôme d’un stress posttraumatique que mon bien vaillant psychanalyste a réussi à faire surgir lors d’une énième séance d’hypnose. Résultats : plus de trente années à choisir scrupuleusement ma place dans un restaurant, mon siège dans une salle de classe ou au théâtre. Heureusement, les bancs de la dernière rangée sont souvent les moins chers. Cependant, j’évite systématiquement ceux où elles sont interminablement longues, aussi infinies que la scène dans laquelle j’ai été retourné par ce bourreau. J’aurais aimé saisir le poison mortel de Roméo et, à grande lampée, mettre un terme à la performance de ce comédien de quatrième zone, ou encore, voler la lance d’un garde qui contraignait Antigone, et l’empaler, comme un porc dans un mauvais méchoui.
« La vie c’est du théâtre et des souvenirs », chantait Alain Souchon.
Et me voilà, seul, dans cette chambre, évitant de montrer mes omoplates à cette fenêtre qui m’invite à la défenestration. Heureusement, je me méfie d’elle et je lui répète, ad nauseam, que cette envolée poétique « n’est pas dans mon plan de traitement, n’est pas dans mon plan de traitement, n’est pas dans mon plan de traitement… ».
Et je me balance le corps dans un mouvement de va-et-vient en hurlant ces mots, tel un juif hassidique souhaitant calmer sa douleur de l’exil, chaque trente-septième minute de l’heure, instant précis où le glas de mon innocence s’est volatilisé. Une bonne âme, et elle n’est pas de Séchouan, vient toujours à mon secours, me prend dans ses bras, et me berce. Et je me sens, à nouveau, dans le ventre de ma mère, j’ai si chaud. Je suis simplement bien, soutenu par ce liquide angélique qui m’apaise, porté par ce flot d’espérances qui jaillit d’elle, celle qui prie pour que ce soit, enfin, un enfant qui la rendra fière, elle qui a tant cumulé les déceptions.
Je me rappelle très bien, dans mes souvenirs imaginaires ou magnifiés, que je n’avais pas envie de quitter cette mer des Antilles, que je ne voulais pas fouler ces plages remplies de trop d’humains, de bruits, de fureurs, d’attentes, de doutes.
Le contact de la main de l’infirmière me ramène brusquement à la réalité et tout se volatilise : la chaleur, le soleil, les palmiers si fiers, l’odeur de la noix de coco. Ne reste que celle de ce lieu glauque, et ce sable chaud, que je ne souhaitais pas toucher car rempli de doutes, n’est que béton et froidure.
Je me dégage de son étreinte et je les repousse violemment, elle est sa bonté dégoulinante, dans un excès de rage qui me transcende, moi qui suis habituellement si tendre. Sa figure béatifiée ou canonisée de mère Theresa — je ne me souviens plus de son statut — va se peindre sur les « murs » de la pièce. Elle glisse dans ses tissus adipeux, accumulés par des années de fausses envies d’aider son prochain, et compensées par d’énormes quantités de frites.
Je soulage son poids de trente-sept coups de poignard, dans un geste wagnérien bien ciblé. Le liquide l’allège. Je suis Wotan dans La Walkyrie et j’implore mon fils imaginaire, Siegmund, de récupérer ma dignité et de m’en faire cadeau. Celui-ci préfère me tourner le dos, c’est dans la famille, et il se précipite dans les bras de sa sœur, Siegline, afin de vivre une relation incestueuse. Décidément, on ne donne pas dans la légèreté !
Chaque coup porté étale sur mon corps une giclée de sang et me ramène un peu plus près de ce chaud sentiment d’être dans le ventre de ma mère. Je frappe cet amas de restes humains dans une euphorie qui, dans mon esprit, s’accompagne d’un feu d’artifice lors d’une longue nuit de juin, juste avant le solstice d’été. « La récolte sera bonne », me dis-je, pendant que je contemple le fruit de mon labeur, fier des trente-sept semis savamment disséminés sur cette terre en jachère qui n’espérait rien de mieux que ces semences après cette stérile attente, dans des rangs bien droits, symétriques, implantés dans ce sol docile de manière presque chirurgicale. Un médecin n’y verrait que du feu, mais il ne serait pas en mesure, limité par sa formation scientifique, d’en percevoir l’inspiration artistique de Georges Seurat, célèbre peintre pointilliste.
J’explose d’un rire machiavélique face à ce tableau réjouissant — je n’ai jamais vu ce type de mise en scène au cours de l’une de mes enquêtes comme détective —, et je tourne sur place, comme l’a fait de façon si magistrale la sublime Andrée Lachapelle dans une production de La Cerisaie de Tchékhov au théâtre du Trident à Québec, après avoir perdu sa terre natale et avant de s’effondrer, seule face au monde, dans un puits de lumière en criant son désespoir devant un public hilare.
À cet instant précis, j’aurais voulu me précipiter vers elle et la prendre dans mes bras, lui dire combien elle est immense, et que cette masse d’amateurs ingrats n’est pas en mesure de ressentir l’authenticité de cette pure communion qui s’opère entre nous deux. Dans la noirceur de cette scène, sentant encore la chaleur qui émane des projecteurs sur mon crâne rasé, je me serais élancé vers elle, n’écoutant surtout pas mon courage qui m’aurait empêché de me rendre plus loin que les pendrillons théâtre ; nous aurions plané jusqu’au Parthénon. Mais ma lâcheté me cloua au sol, et je saignai de rage. Dans ma tête, la colère de Zeus heurta le public de plein fouet et Poséidon effectua son travail en inondant la salle, laissant dans son sillage huit cent vingt-quatre ignares de moins à condamner lorsque les sept trompettes de l’apothéose annonceront le jugement dernier.
Une pierre de plus venait de s’ajouter à ma misanthropie, frontière érigée de façon exponentielle tout au long de ma vie.
Je suis, tout comme cette grande dame, apatride, mais les gorilles du roi de ma parcelle d’adoption me ramènent du large en me précipitant, sans vergogne, sur ce rivage peu festif de quelques centimètres carrés. Et je m’échoue, dépossédé à mon tour de ma terre, une douleur au bras droit — comme une piqure de Thysanoptère — dans un fracas de clés, de métal et de sacres. « Et dire que ça se prend pour un spécialiste ». Bruit de porte qui se referme brusquement, à double tour. Terrorisé, perdu, je fais dos à celle-ci.
Silence. Crainte. J’attends le coup.
Le froid me transperce : commençant par les orteils, il poursuit sa progression vers mon mollet gauche et gagne rapidement ma cuisse et mon sexe, cette chose dont j’ignore l’utilité suite au départ de Mathieu, qui à l’âge de vingt-deux ans a décidé de s’élever de la vie, me laissant moi, simple terrien, rongé par mes remords et mon désir de le suivre.
Mon corps est depuis en jachère, et nul doute que c’est à ce dernier que j’infligeais ces trente-sept coups, par pure vengeance ou jalousie. Cette employée se trouvait dans un mauvais lieu au mauvais moment. Quel manque de jugement ! « Tu es trop bon, ça va te perdre », me répétait ma mère. J’esquisse un sourire.
CHAPITRE 1
À vous, héritiers
Morte. Si vous lisez ces lignes, c’est que je suis morte. Non pas décédée, partie vers un monde meilleur, non pas envolée vers le paradis des chiens ou assise sur un nuage duveteux à la droite ou la gauche de Dieu. N’ayons pas peur des mots. Je vous ai toujours dit la vérité, je ne vous ai jamais épargnés. Je ne vais pas vous faire de quartier. Oui, Robin, je sais que tu connais ce que cette expression signifie. Baisse ta main, laisse un peu de place aux autres membres de la famille.
Je me suis fait un devoir de vous élever selon le principe de la réalité. Pas de père Noël, pas de fée des dents. Vous vous souvenez du jour où j’ai fait croire à votre jeune frère, à l’âge de quatre ans, que la mère Noël et la fée des glaces étaient maintenant en couple, et que dès ce moment, comme elles étaient lesbiennes, elles ne pouvaient plus se promener en société et distribuer des présents, en vraies pestiférées ?
D’ailleurs, vous savez à quel point je déteste Noël ainsi que toutes les fêtes. Je n’ai jamais compris cette
