Du voile gris au filtre rose... Sur le chemin du mieux-être
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Du voile gris au filtre rose... Sur le chemin du mieux-être - Annie Lesieur Pommier
Du voile gris au filtre rose…
Annie Lesieur Pommier
Du voile gris au filtre rose…
Sur le chemin du mieux-être
LES ÉDITIONS DU NET
22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Remerciements
À Josie ma grande amie et première lectrice: ses approbations bienveillantes m'ont encouragée à poursuivre.
À Anne-Marie pour sa correction professionnelle et distanciée, pour ses commentaires avisés et sa lecture compréhensive.
À Sylvaine, voisine et amie: son aide précieuse et soutenue m'a permis de mener ce projet à son terme.
Et à Philippe pour sa présence aimante et ses précieuses compétences en informatique. Mille mercis.
© Les Éditions du Net, 2014
ISBN : 978-2-312-03223-8
Avant-Propos
Comme un journal intime, j’ai écrit en « presque-secret » ces quelques mois de ma vie, alors que j’étais en congé de maladie. Enseignante depuis trente-huit ans, cette année scolaire je n’ai pu travailler que huit semaines : une semaine au mois d’août pour préparer la rentrée et sept semaines avec les enfants, en classe. Physiquement et psychiquement je n’ai pas réussi à « atteindre » les vacances de la Toussaint. Arrêtée depuis le 16 octobre, je me repose. A la maison. Je n’en suis pas fière.
J’écris librement tout ce qui s’écoule de ma tête et de mon cœur. Spontanément. Sans calcul ni anticipation. Sans rechercher d’effets, sans réorganisation.
Mon expérience de vie m’a convaincue que les mots écrits, les paroles échangées, la communication avec mes semblables sont les éléments les plus indispensables à mon équilibre. Ils portent les affections partagées.
Pensées et sentiments jaillissent du magma informe de souvenirs et d’émotions. Ressentis plus ou moins douloureux, plus ou moins joyeux ! Passées à la lumière de l’expression, mes idées se clarifient. Apparaissent alors la compréhension et la compassion. Exposées, mes réflexions deviennent vraies, justifiées, acceptables. Alors je pourrai redevenir enthousiaste, auteure et actrice de ma vie.
Impossible de négliger les détails qui encadrent les situations vécues. Ils sont importants, ils participent de l’ambiance ressentie ; le stress se nourrit de l’accumulation de toutes les petites contraintes matérielles, de tout ce que je dois faire, tout ce que je voudrais faire, tout ce que je n’aurai - peut-être ? - pas le temps de faire ! Je cours encore après le temps, toujours accompagnée comme je l’étais au travail de la crainte d’en manquer… Arriver à l’école en avance pour pouvoir poser ses affaires, préparer physiquement la classe, puis surveiller l’accueil des élèves juste dix minutes avant l’heure (à la minute près) de former les rangs pour entrer dans les classes… Chaque matin, chaque après-midi il fallait organiser la demi-journée pour que chacune, chacun, la vive bien.
Je serai « retraitée » à l’automne prochain. Je souhaite livrer un témoignage de cette période de ma vie. Retraitée : quel vilain mot ! « Mise à la retraite » n’est pas une expression plus brillante, ni « mise en retrait » de la vie active, ni « retirée » du monde ! NON !
Cette année constitue la transition vers une nouvelle vie. Une vie dans laquelle chaque minute de chaque heure, tout le temps de chaque journée nous est restitué… Nous réapproprier le temps, notre temps, notre vie. Tout un programme ! Alors j’y travaille.
Auparavant j’aurais aimé garder en mémoire chaque instant vécu, écrire une autobiographie pour conserver une trace de toutes les situations importantes, significatives dans ma vie… Comme je garde certains objets, comme j’aimerais ne pas me séparer de mes vêtements. (Surtout ceux que j’ai confectionnés moi-même !) Maintenant je sais que je serai plus libre et vivrai plus pleinement si je me débarrasse des choses, si j’éclaircis mon environnement. Tout comme j’écris maintenant non pas pour laisser une trace, mais pour alléger mes pas.
Ce livre se voudrait l’expression d’une évolution psychique et spirituelle déjà engagée… J’espère vivement que cette modeste tentative puisse intéresser et réconforter les lecteurs qui en ressentiraient le besoin et l’envie : que cet exemple puisse les aider à poursuivre leur chemin de vie avec davantage de douceur et de patience. La gaieté est si agréable à vivre !
J’ai écrit pour moi et pour mes proches. Pour qu’ils me connaissent mieux. Pour que je me comprenne mieux. Puis s’éloigner des mots écrits (et des maux) pour vivre mieux ensemble.
J’ai écrit pour tous ceux qui auraient la curiosité de partager cette « tranche de vie » avec moi. Chaque expérience est unique. Mais chaque être recèle en lui l’étincelle, « l’En-Vie » qui peut le faire progresser vers la sérénité… Ou plus simplement, vers un peu plus de bien-être et d’harmonie avec notre environnement.
Chapitre I : janvier 2013
MARDI 01 JANVIER
Restaurant Italiano, 25 de Mayo, 703. Tupungato (5561), Province de Mendoza, Argentine.
Mon mari et moi passons le réveillon avec Rubén et Sonia, parents de notre charmante belle-fille Indi et beaux-parents de notre fils Florent, dans leur restaurant.
Les vacances de Noël prévues de longue date pour rencontrer notre petit-fils Benicio se déroulent dans la joie et la chaleur familiale. Ce séjour représente une parenthèse enchantée dans notre quotidien.
Minuit, 0h 01 : Embrassades, vœux traditionnels…
Je suis bien dans ce tourbillon d’optimisme, mais une échappée s’impose : je me retourne vers l’extérieur du cercle formé par l’assemblée. Les larmes ont envahi mes yeux. Bien sûr, c’est dur de penser que dans quelques jours je ne le reverrai plus, je ne LES reverrai plus, pour six ou huit mois, ou pour un an, ou deux…
Mais je me reprends : justement, je ne vais pas perdre ces minutes précieuses de fête en regrets et tristesse.
C’est comme ça, je suis là, profitons-en !
Les conversations reprennent, en français ou en espagnol. Nous avons fait des progrès mon mari Philippe et moi, les échanges sont plus faciles, plus rapides. Indi parle de mieux en mieux le français, elle comprend pratiquement tout, sauf quand on parle vraiment trop vite. Florent parle parfaitement l’argentin, on nous a dit que son accent passe souvent inaperçu.
Nous retrouvons avec plaisir la famille et les amis argentins qui ont participé au mariage (splendide !) de Florent et Indi ainsi qu’à de nombreuses festivités au cours de nos deux séjours précédents. Je suis portée, enveloppée par ces ambiances de fête. Je pense aussi à tous ceux que j’aime et qui sont restés en France : notre fille Aimée et sa petite famille, ma chère Maman, mes frères et sœur… Nous évoquons souvent mon frère Patrick et Brigitte sa femme, ainsi que notre chère « Tata », ex-nourrice des enfants car ils connaissent tous les convives de cette soirée ; ils étaient présents au mariage et seraient ravis d’être avec nous !
Beni, notre grand bébé de 3 mois et 3 semaines, ne connaît pas toutes ces préoccupations. Il dort toujours près de nous, comme lors de toutes nos soirées au restaurant. Dans le bruit. Ses parents ont beau dire « Il est habitué », il a de plus en plus de mal à s’endormir, avec l’animation du trottoir et de la rue. Même problème quand nous faisons des courses : il préfère les bras de ses parents à la poussette ! Il s’éveille, sourit et babille un maximum. C’est clair : il commence à comprendre les notions de confort et de tranquillité… pour son bien-être et la qualité de son sommeil !
Pour les adultes la fête continue. Nous goûtons de multiples bons vins. Dégustations inoubliables ! Florent notre fils est œnologue. Le champagne, même moins fin que le bon champagne français, me réjouit toujours de ses bulles pétillantes. C’est la Fête !
MERCREDI 02 JANVIER
Balade pédestre à Manzano Historico, déjeuner au restaurant et sieste dans le parc. Philippe joue au « Mot le plus long » avec Florent, Indi réussit à s’endormir sur le plaid avec son trésor de bientôt quatre mois… Les temps sont durs pour une jeune maman qui allaite jour et nuit !
JEUDI 03 JANVIER
Nous allons goûter l’eau des Andes à la piscine privée, à la sortie de Tupungato : toujours très fraîche ! Philippe reste au calme dans le « loft » que nous avons loué : il n’apprécie guère les piscines et fuit la sonorisation musicale inondant le parc attenant aux bassins… Il reste très fatigué après l’accident vasculaire cérébral (AVC) dont il a été victime il y a deux mois seulement.
VENDREDI 04 JANVIER
Pas le temps d’en écrire plus. Le séjour se termine, je profite de chaque instant de l’été dans l’hémisphère sud : j’ai laissé outre-Atlantique mes tracas quotidiens.
Déjeuner d’adieu dans notre restaurant habituel avec Sonia et Rubén, « consuegra y consuegro » (co-beaux-parents). Nous nous sentons bien avec eux, généreux et accueillants. Ils sont bienveillants pour leurs enfants, donc pour notre grand chéri Florent et notre trésor à tous, Bébou.
Merci pour tous ces moments de convivialité, merci pour l’amour profond que vous partagez.
Nous rentrons à Mendoza afin de rejoindre rapidement l’aéroport demain matin.
Ce soir nous sommes invités à une dernière soirée de fête : « asado » chez Fabien, un ami de Florent qui se marie demain ! Pour les deux copains il est important que leurs parents de France se rencontrent sur leur terre d’adoption.
SAMEDI 05 JANVIER
Bien dormi, sur le canapé de Florent et Indi, avec une petite pastille-miracle car hier soir (à une heure ce matin pour être plus précise), j’étais bien excitée, affectivement. Tellement gonflée de joie pétillante, débordante ! D’amour pour tous mes proches et pour les gens que je rencontre, d’amour de la vie.
La soirée de veille de mariage de Fabien a été très réussie, comme toutes les soirées ici : les garçons s’affairant devant le feu pour nous servir un asado savoureux, les viandes grillées ultra goûteuses, et les vins…
Je n’en reviens pas que la future mariée, stressée au maximum, (on comprend : sa robe est trop petite, l’ami styliste doit arranger ça cette nuit !) soit partie au restaurant avec une amie… Trop tendue pour faire des efforts encore dans une assemblée franco-française, les parents de Fabien et tous les copains « fraîchement » arrivés de France pour certains. Son fils est resté avec nous. Il a onze ans, long, mince, les cheveux raides très bruns tombant en boule autour de son visage ; je l’appelle Mooglie, il en est ravi. Il apprend quelques mots de français avec Fabien et Florent.
La Maman du futur marié est enthousiaste, bien que son aîné se soit déraciné à ce point… Elle est œnologue, comme nos garçons. Son mari est très agréable aussi ! Amicaux, jeunes, ils aiment la vie. Ils habitent Nuit-Saint-Georges.
Beni dort à la belle étoile, il se réveille quelques secondes quand les éclats de rire dépassent en volume sonore ce que ses jeunes tympans peuvent supporter… Indi est charmante, (comme toujours) heureuse de parler en français, de rencontrer de nouvelles personnes, de faire connaissance des parents venus de France et de raconter son expérience.
Les excellents vins servis favorisent les conversations très animées. Surtout à propos de la politique française, de l’ex-président Sarkozy et de François Hollande… Notamment avec une jeune femme médecin, compagne d’un ami de Fabien, dont on a découvert - quelle coïncidence ! - qu’elle connaît parfaitement la ville où nous vivons près de Toulouse. Son beau-frère a été notre notaire pour l’achat de notre maison de vacances cette année !
Elle juge déjà Hollande « trop mou et incompétent, incapable d’incarner la France et de faire face à la crise sévère que notre pays traverse ». Je n’entends ni son intelligence ni son cœur, elle parle comme une jeune femme qui ne réfléchirait pas par elle-même et qui rapporterait les propos mille fois entendus sur les ondes et au bord des comptoirs !
Les parents de Fabien beaucoup plus tempérés et humanistes pensent comme nous que des affaires aussi sérieuses nécessitent vraiment de faire confiance au temps et aux personnes - les femmes et les hommes politiques en l’occurrence. Heureusement que nos gouvernants n’essaient pas de décider et d’agir pour des changements importants sans se donner le temps de la réflexion ! Concernant Monsieur François Hollande (il a quand même été élu Président de la République) : nous connaissons ses capacités et sa vivacité intellectuelles, faisons confiance à l’homme ! Tout simplement.
Une salade de fruits maison et des propos plus légers rafraîchissent l’atmosphère, les esprits et nos cœurs. Ce fut vraiment une belle soirée dans ce jardin de la banlieue calme de Mendoza. Merci, jeunes gens généreux et accueillants (bis) !
Ce matin Florent nous accompagne à l’aéroport, nous avons fait de gros bisous à Indi et à Beni, restés à l’appartement. C’est beaucoup plus raisonnable que de prendre une deuxième voiture, de fatiguer Indi pour promener Bébé dans le bruit encore.
Florent nous serre longuement dans ses bras forts… Adieu Grand Loup Chéri, au revoir, à bientôt peut-être !
(A bientôt j’espère, en août ou en septembre, si le travail et les finances le leur permettent.)
DIMANCHE 06 JANVIER
Le voyage en avion s’est déroulé « com d’hab », sans encombre, toujours aussi pressés-serrés-inconfortables ! Nos voisins de rangée, genre golfeurs passionnés ou tennis-people-polo-crocodile (elle portait au doigt un caillou - que dis-je ? - un rocher ! - hyper-brillant !), ne nous ont pas décoché plus d’un regard… On a connu plus chaleureux ! Ils commentaient leurs photos de Tallampalla, les falaises rouges, les condors, qui m’ont rappelé notre voyage il y a deux ans, juste avant le mariage…
Atterrissage en douceur à Paris-gris-pluie. Normal, c’est le forfait ! Le « Package », tout compris. Il ne ternit pas mon bonheur.
A Toulouse-Blagnac, Dominique nous accueille amicalement, puis Andrée chaleureusement, au coin du feu. Bavardages calmes, premier compte-rendu, premières impressions de tendresse filiale, premières anecdotes… Dominique et Andrée sont nos grands amis, proches et attentionnés depuis notre arrivée à Toulouse.
Nous rentrons chez nous vers 17 heures pour vider les valises et téléphoner-bien-arrivés à nos Chers Vieux Parents. « Los Viejos », comme disent affectueusement les Argentins.
LUNDI 07 JANVIER
R. A. S.
Nous passons notre temps cool, à nous reposer, courses, repas, doux avec nous-même et sympas avec nous deux. On atterrit !
Quand je pense que, normalement, j’aurais dû reprendre l’école… Aujourd’hui c’est la rentrée, voilà pourquoi nous avions fixé notre retour hier. Mais j’abandonne vite cette pensée.
Impossible !
Rien ne se déroule plus comme on l’avait prévu…
MARDI 08 JANVIER
Encore un peu difficile de s’arracher du lit ce matin… Philippe reprend le travail, à plein-temps. Quel courage !
Toute la matinée à démêler et régler le problème des compteurs d’eau des maisons neuves de Leucate. Nous avons les clés de notre maison de vacances depuis huit mois, mais les numéros des compteurs ne sont pas encore attribués au bon propriétaire !
Démarches à la banque, courses à la pharmacie, puis accueil de Ying-Ju, taïwanaise, accompagnée cette fois de Louisa, mexicaine. Elles viennent pour un cours de conversation en français.
C’est une collègue de Philippe qui organise des échanges internationaux de lycéens. Ying-Ju et Louisa suivent les cours de Première. J’ai accepté de les aider bénévolement, ainsi je le fais pour le seul plaisir. Elles ont l’air d’apprécier, moi aussi !
Journée bien remplie, très agréable.
MERCREDI 09 JANVIER
Je me presse un peu, pour partir à 8h 30 – c’est trop difficile ! ce sera donc 8h 45, - Arrivée à Rieux chez notre fille Aimée et Olivier son compagnon à 9h 35, avec le « quart d’heure toulousain », de retard ! Mais je n’aime pas ça.
Aimée est en stage en Californie avec Yliah, sa fille de vingt-et-un mois qu’elle allaite encore. Alors je viens pour jouer avec Paul, notre premier petit fils qui aura bientôt six ans. Il gèle à l’extérieur, l’hiver nous a accueillis à notre retour d’Argentine.
Ils sont là : la chatte Ganesha rentre avec moi au chaud. Je trouve à Paul le teint bien fatigué, les yeux lourdement cernés. Il regardait un film, et bien sûr aimerait que je regarde la fin avec lui. Nous refusons, son père et moi, ayant toujours convenu que je venais le voir pour jouer, bavarder, nous promener… Être actifs ensemble, vivre pleinement ces moments et les lui faire apprécier.
Mon rendez-vous chez le psychiatre à Toulouse étant fixé à 14h, je devrai partir à 12h 45 ; j’ai donc prévu de manger des fruits, dans ma voiture. Olivier me propose de déjeuner avec eux, avant 12 heures. J’accepte simplement.
Paul a toujours envie de jouer à la bagarre, nous jouons au dragon que je dois maîtriser. Puis il aimerait sauter sur son lit, le plus haut possible. Une fois précédente, il réussissait à s’élever vraiment très haut, alliant le ressort de ses jambes à l’élan de mes bras. Mais il doit être trop fatigué, ça ne marche pas. Ils ont dû se réveiller tôt ce matin, pour revenir de leur petit chalet de montagne, dans l’Ariège.
Puis nous jouons à « Tempête », sur le pont d’un bateau. Calme et concentré, il a bien compris ce qu’il convient de faire pour se rapprocher de l’équilibre et que la planche garde l’horizontale.
Il me montre un tableau accroché dans sa chambre, réalisé à l’école, et m’explique toute la démarche de conception. Me voilà complètement rassurée quant à son adaptation à l’école, maintenant.
Re-bagarre, il me prend toujours un peu trop pour un copain… Olivier est revenu du marché. Nous sortons pour faire du vélo : ça y est, Paul est autonome, libre sur son vélo ! Je cours à côté, nous sommes heureux et fiers ! Mais il rentre vite : il a trop chaud.… pour repartir en marchant faire un petit tour.
Alors il me parle des récréations, au cours desquelles il joue encore à la bagarre avec ses copains, mais ils ne se font pas mal et restent copains… Puis des « grandes », qui les embêtent. Alors les garçons savent ce qu’ils pourraient faire : que les autres en tiennent une, et lui avec un bâton pointu lui percerait un œil !
Aïe !!! Dur à entendre ! Comment réagir ? Je balbutie :
« C’est trop grave, il ne faut jamais faire ça, tu le regretterais toute ta vie ; il faut en parler à la maîtresse, si les grandes vous embêtent, ou leur dire, à elles :
Non, stop, on ne veut pas jouer avec vous, laissez-nous tranquilles ! »
Comment peut-il imaginer de telles violences ?
Je pense que le ressenti des agressions des grandes doit être vraiment fort, ou que les copains sont très violents. Enfin il est important de ne pas oublier ses paroles ! Je devrai en parler à Aimée et à Olivier.
Partie à 12h 50 passées, je stresse un peu pour le trajet. Peur de me perdre… Finalement je reconnais tout : « périph extérieur » m’avait dit Olivier, « Empalot », OK, je reprends « Toulouse Centre » - Tout va bien. Garée à 13h 35, j’arrive en avance à mon rendez-vous ! Bravo ma grande, confiance.
J’ai un moral d’acier, je me soupçonne même un peu trop gaie pour que ça dure ! Depuis que je suis rentrée, je garde un bonheur rayonnant, joie et plénitude des journées passées auprès de Florent, Indi et Beni, leur famille et leurs amis.
Dans ce milieu d’œnologues, ils lient facilement connaissance et se font beaucoup d’amis ; ils entretiennent de nombreux contacts et relations. C’est rassurant pour nous. L’essentiel est de les savoir bien entourés, heureux.
Grâce à ces deux bonnes semaines de vacances, très loin géographiquement, j’ai réussi à prendre de la distance par rapport à mon travail, ou plutôt à mon arrêt-maladie. Et je ne me sens plus malade : les tensions et contractures musculaires des bras et du dos ont disparu, je n’ai plus de maux de tête. Libérée, je me sens capable de dire au médecin de la commission, quand je serai convoquée pour l’accord du Congé Longue Maladie (CLM), que je ne pourrai plus jamais assurer une classe complète, que je ne peux plus fonctionner ainsi, ayant appris et pratiqué pendant cinq ans un autre métier : celui d’aider personnellement chaque enfant en difficulté ; j’apprenais à connaître chacun avant d’élaborer un projet de remédiation, au sein d’un petit groupe d’élèves.
Que je garde cette énergie retrouvée et cette belle assurance pour l’entretien !
Autre argument : je n’ai rien demandé, je ne suis pas responsable. Au contraire. Ayant compris, il y a six ans, que deux mois de vacances d’été ne suffisaient plus à me reposer la tête (système nerveux sur la corde, équilibre prêt à se rompre !), j’avais demandé une délégation mi-septembre sur un poste de Réseau d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté, (RASED). Tout en travaillant, j’ai passé un DEUG de Psychologie par correspondance, et j’ai demandé la formation en alternance, pour passer le CAPA-SH, option E (Certificat d’Aptitude Pour l’Adaptation des élèves en difficulté - et en Situation de Handicap. L’option E correspond à une aide spécialisée à dominante pédagogique). J’ai obtenu ce diplôme l’année suivante. Enfin j’ai