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Cataracta
Cataracta
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Livre électronique260 pages3 heures

Cataracta

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À propos de ce livre électronique

Rose Marchand, une simple couturière de Paris, est enlevée en pleine nuit. Elle traverse les mondes et se retrouve à Cataracta, une contrée inconnue entourée de cascades infinies. Bien vite, la jeune fille réalise que l’immense magie de cette terre sévit sous le joug d’un roi sans pitié, Malcolm Coeur-de-Flamme. Cet homme règne d’une main de fer sur son royaume, et sa cruauté envers les créatures magiques est légendaire. N’appartenant pas à ce pays étrange, Rose ne se soucie d’abord pas de leurs problèmes. Tout ce qu’elle souhaite, c’est de retourner à Paris pour retrouver sa soeur, la petite Adélie, qui compte sur elle depuis l’abandon de leurs parents. Se servant de sa ruse et de son courage, la jeune fille traversera la série d’embûches qui s’érigera entre elle et sa maison. Tout se compliquera lorsqu’elle constatera que le sort de ce monde et de ses habitants est étroitement lié au sien.
LangueFrançais
Date de sortie22 août 2018
ISBN9782897866129
Cataracta
Auteur

Megane Chauret

Megane Chauret est une écrivaine qui souhaite partager sa créativité et sa façon de voir le monde par l’entremise de ses histoires. Elle a beaucoup voyagé à travers l’Europe et a toujours porté un intérêt particulier aux légendes des vieux pays, source inépuisable d’inspiration. Étudiante au collège Saint-Joseph de Hull, cette jeune auteure travaille sur son premier roman depuis ses quatorze ans. Elle souhaite terminer ses études et poursuivre une carrière dans le domaine des arts et de l’écriture.

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    Aperçu du livre

    Cataracta - Megane Chauret

    Chapitre 1

    La petite couturière

    — Réveille-toi, petite sotte !

    La jeune Rose Marchand se leva en sursaut. Sa patronne, madame Porcia, se tenait à quelques centimètres de son visage et la fixait de ses petits yeux noirs et cruels.

    — Bien dormi ? grogna-t-elle.

    Rose frotta ses yeux. Elle avait travaillé toute la nuit pour terminer la robe qu’on lui avait commandée, mais la fatigue s’était emparée d’elle au petit matin.

    — Je suis désolée, madame Porcia, s’excusa-t-elle platement.

    C’était plutôt la patronne qui aurait dû s’excuser, puisque c’était bien sa faute si la jeune fille était constamment épuisée ; elle lui donnait tout le travail à faire dans le salon de couture sans jamais lever le petit doigt pour l’aider.

    — Que je ne te retrouve plus à roupiller au boulot, ordonna la dame grassouillette, cela pourrait donner une mauvaise image de ma boutique. Est-ce que tu veux ruiner ma réputation ?

    — Non !

    L’éclat d’audace dans ses yeux d’émeraude prouvait pourtant qu’elle pensait tout le contraire. En croisant ce regard provocateur, madame Porcia devint rouge de fureur.

    — Tu ferais mieux de contrôler cette insolence, siffla-t-elle d’un ton menaçant. Tu as peut-être du talent, mais, en un claquement de doigts, je peux trouver une autre petite orpheline pour te remplacer.

    Réalisant qu’elle était allée trop loin, Rose se renfrogna et se força à baisser la tête en signe de soumission.

    — Cela ne se reproduira plus, lança-t-elle sèchement.

    Madame Porcia, satisfaite, partit en faisant claquer ses talons sur le plancher. Lorsqu’elle fut hors de vue, Rose attrapa une aiguille à coudre pour se remettre au boulot. Elle avait espoir de rattraper le temps perdu. Ses doigts fins et habiles volèrent sur la soie en faisant des coutures droites et solides. La jeune fille travailla avec acharnement et perdit la notion du temps. Peu avant midi, la femme qui avait commandé cette robe entra dans la boutique. Rose soupira de soulagement. Elle venait à peine de terminer la dernière couture. Madame Porcia fut alertée de la présence de la cliente par la clochette de la porte. Elle s’empressa de l’accueillir en plaquant un grand sourire sur son visage trop maquillé.

    — Ma chère, vous tombez à point ! Je viens tout juste de terminer votre robe, minauda-t-elle en faisant un signe de bras vers son employée épuisée par l’effort.

    Rose serra les lèvres d’agacement. En secouant la tête, elle plia la robe et la déposa dans un paquet. Pour conclure, elle l’enroula d’un ruban rose.

    — Voilà, lâcha-t-elle en tendant le paquet à la cliente.

    — Quel joli ruban !

    Sa patronne pouvait peut-être prendre tout le mérite sur ses créations, mais la jeune fille y laissait toujours ce petit ruban rose, comme sa signature discrète. Après avoir payé, la cliente quitta le magasin avec sa nouvelle robe en mains. À la seconde où la porte se referma, madame Porcia laissa tomber son faux sourire. Elle fouilla dans la bourse d’or qu’elle venait d’empocher. Une minuscule pièce en ressortit et fut jetée aux pieds de la jeune fille. En quatrième vitesse, Rose ramassa la monnaie pour la ranger précieusement dans son tablier.

    — Au travail maintenant ! tempêta madame Porcia en frappant ses deux mains ensemble. Tes prochaines commandes sont trois robes en taffetas avec des perles sur le corsage et de la dentelle sur toutes les bordures !

    Rose se releva en traînant des pieds pour aller chercher le matériel nécessaire dans l’arrière-boutique. Après avoir cherché partout, elle constata qu’il ne restait pas assez de dentelle.

    — Eh bien, lâcha madame Porcia en soupirant exagérément. Si tu veux avoir terminé cette commande avant demain, tu devras en acheter immédiatement à la mercerie…

    La jeune fille attrapa un panier et se précipita hors de la boutique. Aussitôt qu’elle mit les pieds dehors, elle sentit un poids se libérer de ses épaules. Elle ferma les yeux et prit une grande inspiration d’air frais, essayant d’oublier l’odeur de renfermé du petit magasin. Lorsqu’elle rouvrit les paupières, Rose vit qu’aujourd’hui Paris était bien éveillé. Avant de s’engouffrer en plein cœur de l’agitation de la rue, elle laissa passer une diligence tirée par quatre beaux étalons noirs. Lorsque le passage fut dégagé, elle entama le chemin qu’elle avait parcouru une centaine de fois. De nature curieuse, la jeune fille observa les gens qui défilaient à ses côtés. Confortablement assis sur un banc, des hommes d’affaires lisaient leur journal. Ils soulevaient leur haut-de-forme respectueusement au passage des dames chiquement vêtues qui se dandinaient sous leurs ombrelles coquettes. Rose reconnut quelques-unes des robes que portaient ces femmes. Ces dernières n’avaient aucune idée que c’était elle, cette petite ouvrière insignifiante, qui les avait cousues de ses propres mains. Ces grandes dames se plaisaient à vanter le talent de la merveilleuse Porcia. La jeune fille baissa la tête en entendant des bribes de leurs conversations. Dans ce monde où les riches et les menteurs régnaient, Rose se sentait impuissante. Elle fut sortie de ses sombres pensées en arrivant devant la boutique du mercier. Au son de la clochette, la jeune fille passa la porte et découvrit une pièce croulant sous les rouleaux d’étoffes colorées. C’était ici qu’on fournissait les tissus à la majorité des salons de couture de la ville. Caché derrière un comptoir au fond se trouvait le propriétaire des lieux.

    — Bonjour, monsieur Collin ! lança Rose joyeusement.

    — Ma belle Rose ! s’exclama-t-il en lui rendant son sourire. De quoi la sorcière a-t-elle besoin cette fois-ci ?

    — De dentelle, encore… soupira la jeune fille avant de retrouver son enthousiasme. Est-ce que Bastian est ici ?

    — Oui, mon neveu est chez madame Bouchet, répondit-il en lui faisant un clin d’œil complice. Va le voir, je m’occupe de la dentelle.

    — Merci, vous êtes un ange, chantonna-t-elle avant de ressortir par la porte d’entrée.

    Rose vérifia rapidement son apparence dans la réflexion de la fenêtre. Elle pinça ses joues pour leur donner un peu de couleur, replaça ses cheveux bruns sous son bonnet et lissa sa robe d’ouvrière. Lorsqu’elle fut satisfaite de l’image que la vitre lui renvoyait, la jeune fille gambada vers la petite maison de la voisine.

    — Salut, Bastian ! lança Rose en le repérant près d’un plan de lys blancs.

    — Rosy ! s’exclama-t-il avec son fort accent anglais.

    Elle sentit ses joues rougir devant ce surnom mignon. Bastian pouvait être défini par un seul mot : parfait. Ses cheveux étaient de la couleur du blé et ses yeux de celle de l’océan. Le jeune homme était originaire de Londres, d’où il tenait son accent marqué, mais avait emménagé à Paris pour vivre avec son oncle quelques années plus tôt. Rose avait un faible pour Bastian depuis qu’elle l’avait rencontré. D’ailleurs, c’était le cas pour toutes les autres demoiselles qui avaient croisé son chemin. Chaque fois que Rose le voyait, son cœur se mettait à battre plus rapidement. Maintenant, il arrachait des touffes de mauvaises herbes du jardin de la voisine.

    — Que fais-tu ? demanda la jeune fille.

    — Madame Bouchet est trop vieille pour s’occuper de ses plantes, donc je suis venu l’aider, répondit-il en haussant les épaules.

    Bastian était si généreux — cerise sur le gâteau !

    — Savais-tu qu’elle chérit ses lys, car son défunt mari avait l’habitude de lui en offrir un chaque jour en revenant du travail ? demanda Rose avec malice. C’était très romantique…

    Le jeune homme cueillit une fleur. Elle sentit son cœur palpiter d’espoir qu’il la lui donne en cadeau. Il n’en fit rien.

    — Crois-tu que Charlotte l’aimerait ?

    Il parlait de la fille du boulanger, reconnue pour être celle qui séduisait le plus dans le coin.

    — Oui, répondit Rose, mal à l’aise. J’imagine que toutes les filles de Paris aimeraient que tu leur donnes un présent…

    Le jeune homme rit et rangea le lys dans un mouchoir.

    — Je le lui offrirai cet après-midi, lança-t-il en souriant de ses dents impeccablement blanches. Et merci, tes conseils sont toujours utiles.

    — Ça me fait plaisir, lâcha-t-elle, toute chamboulée.

    Bastian ne voyait pas du tout que Rose avait le béguin pour lui, et jamais il ne la verrait comme plus qu’une amie. Cette révélation frappa la jeune fille de plein fouet. Pour lui cacher son désarroi, elle salua le garçon en quatrième vitesse et retourna chez son oncle. En poussant la porte de la mercerie, ses épaules étaient affaissées et son regard était honteux. Monsieur Collin fut surpris de la voir entrer dans sa boutique dans cet état.

    — Qu’est-ce qui ne va pas, ma chère ? demanda-t-il d’un ton inquiet.

    — C’est Bastian, murmura-t-elle.

    — Ah, je vois, souffla le mercier en s’adoucissant. Des problèmes de cœur…

    — En effet, mon cœur a été stupide de croire qu’il pourrait être aimé en retour, cracha-t-elle.

    Monsieur Collin sembla insulté qu’elle dise une chose pareille.

    — Ton cœur en or est ta plus grande qualité, Rose. Ne le sous-estime pas.

    — Dans ce monde injuste, un bon cœur n’est pas une qualité, mais une faiblesse.

    La jeune fille fourra la dentelle dans son panier et sortit du magasin après avoir salué monsieur Collin sèchement. Elle savait qu’il était injuste de déferler sa colère sur lui, mais elle ne prit pas la peine de s’excuser. D’un pas rapide, elle passa par le même chemin que plus tôt, cette fois-ci en sens inverse. Une fine pluie ne tarda pas à tomber comme un voile sur Paris. Le bonnet de Rose devint inconfortablement humide sur sa tête. Lorsque, quelques longues minutes plus tard, la jeune fille franchit la porte du magasin de couture, elle dut endurer les sermons de sa patronne qui rechignait, car elle n’avait pas pu garder sa précieuse dentelle au sec.

    — Quelle étourderie ! crachait-elle. Je vais te mettre à la porte si tu continues à agir avec une telle maladresse !

    Lorsque madame Porcia eut finalement terminé de s’égosiller, Rose entama les robes commandées avec monotonie. La jeune fille travailla jusqu’à tard le soir. Elle était morte de fatigue, affamée, mais heureuse que la journée soit enfin terminée, car le moment qu’elle préférait allait enfin arriver…

    Chapitre 2

    Le cercle de danse

    Rose marchait rapidement dans la rue déserte. La lumière chancelante du lampadaire créait des ombres inquiétantes qui la faisaient sursauter à l’occasion. Le silence glacial de la nuit n’était brisé que par le bruit de ses bottines frappant le pavé. La jeune fille semblait inquiète et regardait par-dessus son épaule régulièrement pour vérifier que personne ne la suivait. Elle s’arrêta devant une boutique où l’inscription «  fermé  » était accrochée. Rose fouilla dans sa poche et en sortit une aiguille à coudre. Utilisant une technique qu’elle avait développée au fil des années, elle l’inséra dans la serrure et déverrouilla la lourde porte. Silencieuse comme une ombre, elle entra. Quelques minutes plus tard, la jeune fille en ressortit avec un objet caché dans son tablier. Elle prit soin de refermer la porte avant de reprendre son chemin dans la noirceur de la nuit. Elle ne s’arrêta pas avant d’atteindre une maisonnette coincée entre les autres bâtiments et dont l’allure était quelque peu délabrée, avec ses fenêtres brisées et les herbes folles qui envahissaient son jardin. La jeune fille entra par la porte de derrière, comme à son habitude. Elle passa sur le bout des pieds devant la nourrice, madame Martin, endormie sur son fauteuil à bascule. Les larges cernes sous ses yeux trahissaient son épuisement. Rose monta à l’étage en prenant soin à ne pas faire grincer les marches, et entra dans la chambre des enfants. Elle se faufila entre les quelques jouets usés et s’arrêta devant un des lits pour regarder une fillette dormir. La petite, qui n’avait pas plus de quatre ans, suçait son pouce et semblait se trouver dans un rêve merveilleux. Ses cheveux blonds boudinés étaient étalés autour de son visage aux joues bien rouges. Adélie fut réveillée par un doigt posé sur ses lèvres, ordre silencieux de ne pas faire de bruit. Ses grands yeux verts rencontrèrent leurs jumeaux, et elle se calma. L’aînée prit sa cadette dans ses bras et l’emmena vers la fenêtre. Dehors, le ciel étoilé brillait de mille feux et la lune argentée éclairait Paris d’une lueur magique. Rose monta sur le toit en pente, tenant encore fermement sa sœur dans ses bras. Elles s’assirent sur la bordure, jambes pendant dans le vide, et purent enfin parler sans réveiller les enfants dormant dans la chambre.

    — Rose ! s’exclama Adélie. Tu es revenue !

    La jeune fille ne pouvait pas visiter sa frangine le jour, car madame Porcia la harcelait jusqu’à tard le soir. Mais à cette heure, sa patronne s’était finalement endormie et ronflait comme un cochon.

    — Tu m’as manquée, souffla Rose en baisant tendrement le front de sa sœur.

    Elle se souvint d’un élément important.

    — Je t’ai apporté un cadeau ! chantonna-t-elle en sortant ce qu’elle cachait dans son tablier.

    — Un livre de contes ! couina Adélie.

    — Veux-tu que je t’en fasse la lecture ?

    — Oui, s’il te plaît !

    Rose ouvrit le livre et le feuilleta rapidement.

    — Hansel et Gretel ? proposa-t-elle.

    Adélie hocha la tête. Alors que sa grande sœur entamait la lecture du conte, elle resta pendue à ses lèvres. Rose essaya de changer de voix en jouant le rôle des différents personnages, ce qui fit bien rire sa petite sœur. Celle-ci garda les yeux grands ouverts jusqu’à ce qu’elle ait terminé de lui lire la dernière page.

    — La fin, souffla Rose en refermant le livre doucement.

    Contrairement à la plupart des enfants, Adélie ne s’endormait jamais au milieu d’une histoire, car elle ne voulait pas manquer sa partie préférée, la fin heureuse.

    — Crois-tu que maman et papa vont nous retrouver comme avec Hansel et Gretel ? demanda la petite fille avec espoir.

    Leurs parents les avaient abandonnées à l’orphelinat de madame Martin alors que la plus jeune n’était qu’un bébé. Elles y étaient restées jusqu’au moment où Rose eut atteint ses 14 ans. À cet âge, elle était devenue trop vieille pour rester chez la nourrice et avait automatiquement hérité de la responsabilité de sa sœur Adélie. Pour s’en sortir, elle n’avait pas eu le choix de trouver un travail chez madame Porcia. La jeune fille et sa sœur vivotaient de son salaire depuis maintenant une année entière. Leurs parents allaient-ils revenir ? Non, Rose ne le croyait pas du tout.

    — Bien sûr, mentit-elle d’un ton qu’elle espérait convaincant.

    La jeune fille ne voulait pas blesser sa sœur en lui avouant la dure vérité. Elle la ramena à l’intérieur pour la déposer doucement dans son lit. Soudainement, les yeux d’Adélie brillèrent alors qu’elle se remémorait la surprise qu’elle lui avait préparée. Excitée comme une puce, elle fouilla sous son oreiller pour en ressortir un mince ruban rose qu’elle tendit fièrement à sa sœur. Le bracelet rassemblait des petits boutons à coudre de diverses tailles et couleurs. Rose se souvenait de lui avoir donné ces boutons subtilisés au salon de couture, un à un, après de longues journées de travail. Elle savait aussi que sa petite sœur les amassait et en faisait une collection gardée précieusement dans un coffret caché sous son lit. Le ruban qu’elle venait de donner à Rose retenait les plus belles pièces de son trésor.

    — Merci beaucoup, murmura la jeune fille, émue.

    Elle attacha le bijou improvisé autour de son poignet. Aucun bracelet d’or ou de pierres précieuses ne pouvait rivaliser avec la beauté de ce présent.

    — Et j’ai choisi le ruban de ta couleur préférée, fit remarquer Adélie fièrement.

    — Rose ! gloussa la grande sœur.

    De la même couleur que ceux qu’elle attachait autour des emballages de ses créations. Sa signature. Rose se désola à penser que le seul cadeau qu’elle pouvait offrir à sa sœur en retour était un livre volé de la librairie. Elle prit Adélie dans ses bras et la serra avec vigueur.

    — Un jour, commença-t-elle en la regardant dans les yeux, je nous trouverai une belle maison où tu auras tous les jouets dont tu rêves et une grande cour où tu pourras jouer.

    — Tant que tu restes avec moi, souffla la petite en la serrant plus fort.

    Dans son regard suppliant, Rose vit que sa sœur avait compris. Peut-être était-elle encore trop jeune pour l’accepter, mais elle savait que leurs parents n’allaient jamais revenir, et que sa grande sœur était tout ce qui lui restait comme famille. Rose soupira, puis laissa une larme, une seule, couler.

    — Je dois partir maintenant, dit-elle en se dégageant délicatement de sa sœur. Je reviendrai te voir demain soir.

    Adélie lui donna une dernière étreinte et Rose sortit

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