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Fantasy Art and Studies 2: Cities and wonders/Villes et merveilles
Fantasy Art and Studies 2: Cities and wonders/Villes et merveilles
Fantasy Art and Studies 2: Cities and wonders/Villes et merveilles
Livre électronique166 pages2 heures

Fantasy Art and Studies 2: Cities and wonders/Villes et merveilles

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À propos de ce livre électronique

Ce deuxième numéro de Fantasy Art and Studies est consacré à la Fantasy urbaine. Retrouvez 6 nouvelles (dont une en anglais), des articles sur Neil Gaiman, Lauren Beukes, et sur le comics Fables et les séries Grimm et Once Upon a Time, ainsi qu'en bonus un entretien avec Léa Silhol, pionnière de la Fantasy urbaine en France.

This second issue of Fantasy Art and Studies deals with Urban Fantasy. Discover 6 short stories (including one in English), and papers dealing with Neil Gaiman's Neverwhere, Lauren Beukes's Zoo City, and the comics Fables and the TV series Grimm and Once Upon a Time. Bonus: an interview with Léa Silhol, pioneer of Urban Fantasy in France.
LangueFrançais
Date de sortie11 févr. 2019
ISBN9782901099079
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    Aperçu du livre

    Fantasy Art and Studies 2 - Les Têtes Imaginaires

    Sommaire

    EDITO

    LE GOÛT DU BITUME

    THE MULTILAYERED METROPOLIS AT THE CROSSROADS OF THE IMAGINARY AND THE URBAN: THE FANTASY JOHANNESBURG IN LAUREN BEUKES'S ZOO CITY

    LES DOGMES INVISIBLES

    RÉFUGIÉS

    NEVERWHERE OU LE POUVOIR DE LA FICTION : MYTHES ET MERVEILLES EN ANAMORPHOSE

    SOLILOQUIES POUR LA VILLE INSOMNIE

    HIC SUNT DRACONES

    URBAN FAIRY TALES AND FOLKLORIC NOSTALGIA: FABLES, GRIMM, AND ONCE UPON A TIME

    ON NE BOUGE PLUS

    ENTRETIEN AVEC LÉA SILHOL

    PROCHAIN NUMÉRO SCIENCE FANTASY

    EDITO

    ÀCEUX QUI CROIENT que la Fantasy se restreint aux univers médiévaux et ignore les réalités de notre monde moderne, la Fantasy urbaine montre que ce n'est pas nécessairement le cas. En effet, ici les histoires se déroulent dans des décors contemporains, et questionnent notre rapport au merveilleux et la place des fées et des anciens dieux dans une société qui les a oubliés. La magie est toujours là, visible seulement pour ceux qui sont familiers des secrets de la ville. Les récits de Fantasy urbaine s'intéressent aussi à des problèmes bien modernes tels que la pauvreté, la question des sans domicile fixe, et l'immigration à travers le prisme déformant de l'imaginaire.

    Ceci transparaît dans les différents articles et nouvelles de ce numéro. La ville moderne apparaît comme un véritable organisme avec ses globules blancs et ses anticorps (Jason Martin), un lieu où les anciennes divinités finissent par devenir de vagues silhouettes (Ange Beuque) ou un refuge pour des créatures magiques fuyant une guerre terrible (Sorane Begaro). Dans le même temps, la ville moderne est complètement réinventée et recomposée par la Fantasy, comme nous le montre Ewa Drab dans son analyse de Zoo City de Lauren Beukes. De même, Denis Moreau examine le Neverwhere de Neil Gaiman et sa manière d'entrelacer la réalité et les éléments surnaturels.

    Si les liens entre la Fantasy urbaine et la fiction gothique (sans oublier le Fantastique) sont évidents en raison de la confrontation entre la réalité communément admise et le merveilleux, la Fantasy urbaine lorgne aussi du côté de la Science-Fiction, et peut nous proposer des visions futuristes, comme le portrait d'une Hong Kong du futur habitée par les humains et les créatures magiques (Weggen). Ou nous dépeindre une société dystopique où les êtres humains peuvent se changer en monstres (Marie Démosthène). Réintroduire la magie dans le monde contemporain implique également le déplacement du personnel des contes de fées dans la ville moderne, aussi Lilas nous offre un joli conte sur un changeling à San Francisco, tandis qu'Emeline Morin analyse la nostalgie à l'œuvre dans le comics de Bill Willingham, Fables, et dans les séries Grimm et Once Upon a Time. Enfin Léa Silhol partage avec nous sa vision de la Fantasy urbaine.

    Les illustrations de Laureen Barré, Hosni Masarwa, Emmanuelle Ramberg et Julie Ramel agrémentent cette brève exploration de la Fantasy urbaine d'une touche visuelle.

    TO THOSE WHO THINK that Fantasy is only about medieval realms and that it ignores the realities of our modern world, Urban Fantasy shows that this is not necessarily true. indeed here stories take place in contemporary settings, thus questioning our relationship to the marvellous and the place of ancient gods and fairies in a society that has forgotten them. Magic is still there, hidden but for those who are acquainted with the secrets of the city. Urban Fantasy narratives also consider very modern issues such as poverty, homelessness, and immigration through the deforming prism of imagination.

    This is reflected in the different short stories and articles of this issue. The modern city appears as an actual organism with its white cells and antibodies (Jason Martin), a place where the old gods can dwindle so as to become vague figures (Ange Beuque) or a refuge for magical beings fleeing a terrible war (Sorane Begaro). Meanwhile the modern city is completely reinvented and recombined through Fantasy, as Ewa Drab shows us with her analysis of Lauren Beukes's Zoo City. Similarly, Denis Moreau examines Neil Gaiman's Neverwhere and his way of intertwining actual reality and supernatural elements.

    If the links between Urban Fantasy and Gothic fiction (not to mention the Fantastique in French criticism) are obvious because of the confrontation of the mundane and the magical, Urban Fantasy also hints at Science Fiction, and can bring us to futuristic visions such as a portray of a future Hong Kong inhabited by human and magical beings (Weggen). Or it can depict a dystopian society where human beings might turn into monsters (Marie Démosthène). The reintroduction of magic in the contemporary world also implies the displacement of fairy tale characters in the modern city, so Lilas offers us a lovely tale about a changeling in San Francisco, whereas Emeline Morin analyses the folkloric nostalgia at work in Bill willingham's comic books Fables and in TV series Grimm and Once Upon a Time. Finally French writer Léa Silhol shares her views on Urban Fantasy.

    Illustrations by Laureen Barré, Hosni Masarwa, Emmanuelle Ramberg and Julie Ramel add a visual touch to this brief exploration of Urban Fantasy.

    Viviane Bergue

    © Hosni Masarwa

    LE GOÛT DU BITUME

    Jason Martin

    Né en 1990 dans l'Ouest sauvage de la France, Jason Martin a été mordu très jeune par une étrange araignée radioactive, développant alors un goût prononcé pour l'encre et les pixels. Il dévore les romans, comics, films et séries télé comme un loup-garou les enfants un soir de pleine lune. En grande quantité, donc. Il écrit lentement, comme une bête rôdant autour de sa proie. On peut lire un de ses méfaits dans l'anthologie Moisson d'épouvante vol.1 chez Dreampress.com (disponible en numérique chez Bragelonne). Sinon, c'est un type charmant : il ne mord presque pas.

    Born in 1990 in wild western France, Jason Martin was bitten, when he was very young, by a strange radioactive spider, and thus developed a marked taste for ink and pixels. He devours novels, comics, movies and TV series, just like a werewolf eats children on full moon nights. A lot, then. He writes slowly, like a beast prowling around its prey. You can read one of his mischiefs in the anthology Moisson d'épouvante vol.1 at Dreampress.com (also available in digital format at Bragelonne). Otherwise, he is a nice guy: he rarely bites.

    L' odeur de goudron cuit par le soleil prend à la gorge dès le premier pas dehors. Elle agresse les muqueuses et laisse un goût amer dans la bouche. La peau étouffe sous une fine pellicule de sueur. Les pétarades des moteurs, la brusquerie des klaxons saturent les capteurs d'un corps en alerte, les nerfs à fleur de peau après avoir été réveillé ce matin par un échange de coups de feu à deux rues d'ici.

    La chaleur exacerbe les passions, et cet été, le quartier rôtit dans un four. Les esprits s'échauffent plus que de raison, les chairs entrent en contact. Le sang coule – ou un autre fluide. Les crimes grouillent, les cadavres bourgeonnent, mais dans un étrange équilibre karmique, autant de vies foisonnent neuf mois plus tard. Ce phénomène ne cesse de fasciner Tricky. Il connaît le quartier, le comprend jusque dans les fibres de ses pierres.

    Alors qu'il remonte une ruelle pour retrouver l'avenue principale, l'homme passe une main sur le mur d'une maison, caressant chaque grain de la roche comme un amant parcourt la peau de sa partenaire. Le grès rouge est chaud et moite sous sa paume, enfiévré. Tricky ne pourrait dire si le bâtiment est à l'image de ceux qui l'occupent, ou si ce sont les individus qui sont semblables à leur quartier, au point de ne plus savoir qui habite l'autre dans cette fantastique symbiose.

    L'ombre des immeubles délabrés le surplombant est lourde, oppressante. Par les fenêtres ouvertes ou cassées, des éclats de dispute s'échappent parfois, quand ce n'est pas une musique au volume poussé si fort qu'elle en devient inidentifiable. Les murs donnent l'impression de se resserrer, de se refermer sur Tricky pour le prendre au piège. Pas étonnant que les gens ici désespèrent.

    Quand il arrive enfin sur l'avenue, l'horizon s'ouvre soudain. La route s'est élargie, les trottoirs sont parsemés d'arbres rachitiques. Les brownstones rénovés, avec leur court escalier permettant d'accéder à la porte d'entrée, s'alignent tout du long, chatoyant sous le soleil dans leurs teintes ocre. Parmi les passants, des visages blancs sereins se distinguent, chose inconcevable il y a encore une poignée d'années. Au loin se devine le toit d'un centre commercial, où ne sont employés que d'anciens sans-abris. Des chantiers en construction, porteurs de promesses encourageantes, fleurissent. Autour de l'avenue principale, le quartier revit, irrigué à nouveau d'un sang riche. Inconsciemment, Tricky respire mieux, émerveillé par tant de beauté. Pourtant, il ne craint pas les secteurs pauvres : il en vient, a été façonné par eux, prêt à se donner corps et âme pour eux. Et, d'une certaine façon, c'est ce qu'il fait.

    Un homme sentant bon l'embourgeoisement le bouscule et l'éjecte de sa contemplation. « Restez pas planté là, abruti, vous gênez !

    – Mes excuses, monsieur. »

    Le sourire affable de Tricky disparaît dès que l'autre a le dos tourné. Il revient fugacement quand il jette un œil au contenu du portefeuille qu'il vient de subtiliser.

    « Ton avenir pour une pièce ! »

    Tricky ne prête pas attention aux diseuses de bonne aventure qui s'amassent devant le temple, coincé entre une laverie automatique et la devanture d'un barbier. La plupart ont véritablement le don, mais il ne voit pas l'intérêt de se gâcher la surprise. Déjà les notes de jazz diffusées dans le hall lui parviennent tandis qu'il grimpe les quelques marches. Tricky reconnaît l'artiste, une locale vue en concert il y a quelques années. Une pénombre apaisante se fait quand il est avalé par l'humble édifice, l'intérieur seulement éclairé par des cierges, et la musique y gagne en texture. L'homme devine plus qu'il ne voit les poèmes ou extraits de discours sur l'égalité des droits gravés à même les murs, les peintures orner les colonnes. Tous réalisés ou prononcés par des gens qui ont habité le quartier à un moment ou un autre. Ici aussi on n'oublie pas d'où on vient.

    Ces ajouts sont relativement récents – quarante ans tout au plus. À l'origine, le temple avait été bâti afin d'apaiser la ville alors qu'une épidémie faisait rage il y a deux siècles de cela. Selon la légende, celle-ci fut enrayée le jour où la construction fut achevée. Seul vestige de cette époque, le plafond en relief représentant la cité en vue aérienne. Personne n'y a jamais touché, il change de lui-même selon les évolutions d'une ville en pleine effervescence, croissant comme un organisme vivant, s'étendant chaque jour plus loin. Plus on se concentre sur les saillies et proéminences, plus on a l'impression de contempler la ville du ciel. L'effet de vertige est saisissant, au point de se sentir obligé de s'agripper à quelque chose pour ne pas y tomber. Mais peut-être est-ce dû aux volutes d'encens qui flottent et stagnent en spirales dans l'air. Pourtant, l'odeur qui y règne tient plus de l'organique, de l'intime.

    Tricky s'arrache tant bien que mal à sa contemplation pour acheter un bâton d'encens et une flasque pleine avec un billet qui n'est pas à lui, puis pénètre dans une alcôve un peu à l'écart. Récupérés dans sa poche, il dépose dans une coupelle huit globes oculaires jaunes aux pupilles fendues, verticales. Ils dégagent un parfum âcre, exsudent – ils ont été prélevés il y a plusieurs jours, peut-être des semaines.

    « La Dame-Araignée. Pas facile à traquer, celle-là. Et coriace. Surtout avec sa dernière ponte. Tu ne m'en voudras pas de ne pas t'avoir ramené en plus ceux des gosses. » Un effet de vertige le saisit, le plancher perd en densité, en substance, donne l'impression de sables mouvants. Quand ses yeux arrivent de nouveau à faire le point, les globes ont disparu. « Ne me remercie pas, surtout. »

    Comme le veut le rituel, il brûle l'encens et verse l'alcool par terre. Liquide et

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