La Fille du Vent.
Par Pascal Schmitt
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À propos de ce livre électronique
L'Ardèche, la Lozère, la Camargue leur tendaient leurs bras les attirant de leurs grands espaces. La petite bande s'arrêta séduits par une ancienne ferme à proximité des Causses du Larzac. Mais désillusions, rupture et découverte de la dure réalité de la campagne mirent fin à leur rêve utopique en communauté. Keit s'accroche à son métier de bergère, mais est obligée de vendre ses moutons, seule, abandonnée, elle s'accroche, et un jour, au loin, un mystérieux berger, son parallèle, qui est-il? L'ombre qui rôdait les nuits?
Pascal Schmitt
Lorsqu'on lui demande depuis quand il écrit, il répond que c'est depuis toujours. A 13 ans il écrivait ses premiers poèmes qu'il reprendra dans son premier recueil Rémanence, illustré avec ses photos, une passion découverte au même âge et qui ne le lâchera plus. Musicien sans pouvoir s'exprimer totalement, c'est naturellement vers l'écrit qu'il se tourne en partageant pleinement sa joie de vivre, son humanité et son amour pour le beau. Naturaliste engagé, photographe animalier, passionné d'architecture et des vieilles pierres, ancien délégué de la Fondation du Patrimoine c'est dans sa petite vallée en Ardèche qu'il écrit.
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Aperçu du livre
La Fille du Vent. - Pascal Schmitt
Ecrit en 1994 et pourtant toujours d’actualité…
Mai 68
Un soleil d'une pâleur maladive tentait vainement de déchirer les fumées des bombes lacrymogènes, la révolte faisait rage, le bruit des pierres retombant sur le pavé humide du quartier latin me terrorisait autant que les cris et hurlements anti CRS : l’effroi.
J’entendais : le quartier est à nous, vive la liberté, à bas le pouvoir !
Subitement le calme se fit, partis comme une volée de moineaux le paysage se désertifia.
J'étais serrée contre Max. Les yeux me piquaient, la rue n'était plus qu'un immense dépotoir, des bouteilles cassées, palettes, panneaux, poutrelles destinés à entraver la progression des forces de l'ordre traînaient. Un groupe de jeunes debout sur une voiture à demi calcinée, bigarrés, hirsutes, claironnaient leur victoire.
Un sentiment étrange, joie mêlée d'écœurement me prit à la gorge. Quel gâchis! Fallait-il cela ?
Etait-ce bien nécessaire de faire sauter la soupape avec une telle violence.
On ne soumet pas les jeunes, on essaye de les comprendre. Les vieux auraient-ils la mémoire courte, ou voulaient-ils nous faire subir ce qu'ils avaient subi avec une arrière-pensée revancharde sur le destin ?
Vu les événements, nos cours en fac étaient suspendus et ces vacances anticipées ne me satisfaisaient pas vraiment. Allait-on passer les examens, refaire une année ? Max pensait qu'après tous ces soulèvements, le gouvernement arriverait à faire respecter l'ordre et que l'on obtiendrait des compromis nous permettant de terminer notre année.
- Faudra bien que ça se termine. De toute façon ça ne peut pas continuer ainsi ! Le pays était paralysé, on était au bord de la guerre civile et le mot guerre n’était pas trop fort, à voir les rues.
La nuit suivante fut terrible. Nous nous étions joints à un groupe de cagoulés pour défendre notre quartier. Faute d’avoir payé nos loyers, les proprios nous avaient mis à la rue et ces bâtiments vétustes nous servaient à présent d'abri et de camp retranché. De toute façon pour les vieux qui nous logeaient, un étudiant n'était qu'un semeur de merde. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé avec Max dans un immeuble que l'on partageait avec d'autres étudiants qui avaient eux aussi quitté leurs piaules dans les mêmes conditions que nous.
Une amitié était née, un ciment nous unissait: la folle envie de changer ou de fuir cette société qui ne correspondait pas à nos aspirations: liberté et démocratie, loin du pouvoir, des patrons, du fric, des profs.
Ambiance bizarre, déstabilisation, la crainte des agressions nous avait poussés à nous rapprocher les uns des autres pour nous protéger.
Le danger ne venait pas seulement des CRS, les contacts directs étaient rares, mais plutôt des loubards prêts à vous dépouiller de vos économies, de vos affaires, les démons de la drogue, le manque, l'oisiveté animaient ces gens là.
L'appartement que nous avions squatté respirait le vieux, les murs étaient moisis et tout transpirait l'humidité. Les locataires avaient été expulsés, et l'immeuble était destiné à être démoli pour laisser la place à un de ces gratte-ciel qui vous grattent les paupières lorsque vous le regardez. Des cages à lapin pour smicards échappés de leur campagne pour travailler chez Renault. Les époques étaient différentes mais la forme identique, le pouvoir du fric leur donnait salaire et le reprenait à l'épicerie, au cinéma, par les impôts ou le loyer. Liberté, on te traîne dans la fange. Ces humbles travailleurs qui avaient habité cet appartement minable, où étaient-ils ? Les quelques vestiges laissés indiquaient qu'ils n'avaient certainement pas fuit pour rejoindre un de ces yachts contemplés avec Max les dernières vacances à St Tropez. Non, ils moisissaient certainement dans une de ces cages à Sarcelles. Sarcelles, quel nom, étendues bleues, les brises chaudes, la liberté, illusoire le nom de cette cité, poudre aux yeux et culot que de faire croire aux futurs habitants que les fenêtres d’un blockhaus inhumain donneraient sur la liberté, la liberté c'est autre chose. Mais lorsqu'on a le bruit d'une presse toute la journée dans les oreilles, on ne peut plus réfléchir, la tête est devenue une matrice et le temps un trépan qui crétinise. Mais, il faut vivre, et le travail ressemble parfois à une forme de prostitution, dont les macs sont les patrons.
Le soir tombait et nous regagnâmes notre taudis espérant retrouver la bande au complet.
Trois de nos copains étaient à l’hôpital, blessés par des pierres. On ne trouvait pas que des étudiants dans la cohorte de manifestants, mais aussi des casseurs, toxicos, anarchistes de tous poils qui s'étaient infiltrés dans nos rangs profitant de la pagaille pour se remplir les poches dans les magasins éventrés.
L'immeuble était calme, un vieil escalier en bois entouré d'une main courante en fer forgé début du siècle grinçait sous nos pas, on entendait des guitares jouer du folk à bien écouter cela venait de notre étage.
Hello ! Assise près de la porte, une blonde au regard vide roulait deux billes noires dans ses orbites. L’extase, l'herbe l'avait envoyée en l'air. Les autres assis en rond discutaient.
- Alors les chéris, une petite faim !
Ils avaient dévalisé une épicerie et une immense gamelle de pâtes fumait en dégageant de gros bouillons sur un butane posé au sol.
- Salut les babas cool. On est sorti voir le paysage dans la rue. Toute la bande est au complet ?
- Ne manque que Phil et Maude, frotti frotta, ils sont en train de se mélanger dans la pièce à côté, ne les dérangez pas.
- La journée a été bonne, on est allé du côté de la fac, le gouvernement est prêt à faire des concessions, on sent un léger fléchissement. A ce qui paraît les ouvriers auraient pris le relais. La grande poste est bouclée et les fonctionnaires font la grève. Ils ont soudé le portail d'entrée pour que les tire-au-cul ne puissent pas y rentrer. Un peu partout les mouvements de protestation se durcissent. Chez Renault, c'est le blocage, les transports urbains paralysés, dans les gares les trains sont immobilisés. C'est le ras-le-bol complet. Nous avons entendu qu'il y aura du nouveau pour nos exam, le recteur fera une déclaration, la semaine prochaine, alors, attendons.
- Moi, je m'en tape, dit Paul, je n'ai rien foutu cette année et je quitterai médecine sans regret, ce n’est pas fait pour moi. J'ai fait ça pour mon père. Tu sais, depuis qu'il a monté une entreprise de charcuterie industrielle, il se prend pour un bourge, alors un fils toubib, ça fait bien. De toute façon, si j'arrête les études, je sais où bosser entre la charcuterie et la chirurgie, il n'y a qu'un pas. D'abord je veux m'amuser, le reste on verra après.
- T’aime pas les risques, lui répondit Greta, une étudiante allemande !
Moi, je préfère être libre que de bosser avec les parents. Lorsque j'aurai ma licence, je rêve de me balader un peu partout dans le monde. Je n’ai pas envie de ressembler à mes vieux qui ne pensent qu'à regarder la télé, boire de la bière et faire le carnaval. Le monde est trop vaste pour que je moisisse sur un canapé. Marc s'était levé pour touiller les pâtes.
- Heureusement que je regarde, ça a failli passer par-dessus bord. Tu pourrais jeter un coup d'œil si ça ne te fatigue pas trop Sylvie, à la place de peloter Serge.
- Jaloux, va ! Pour l’apéritif un petit coup de gratte! Avait lancé Paul, en sortant sa guitare. Marie et Cécile avaient disposé quelques assiettes dont les motifs dépareillés ajoutaient une touche supplémentaire d'improvisation qui n'enlevait rien au côté utilitaire des choses, en fait l'important c'était le contenu, pas le contenant. Une boîte de sauce tomate, un peu de haché, pour une fois notre ventre grouilleraient un peu moins en faisant l'amour. Tant pis, tant mieux, le monde des batraciens écouté de près, l'oreille plaquée contre le ventre de Max avait un petit côté nature qui n'était pas étranger à ma spécialité scientifique.
On sentait la joie monter dans les ventres et dans les yeux qui ne savaient que pétiller devant une chérie ou un joint. Le ventre a aussi le droit de s'exprimer. La gratte, les spaghettis, le jaja, gros rouge qui tache chouré dans une épicerie, nous firent redécouvrir le côté chouette et chaleureux des choses. Le rêve prit le relais, Serge proposa à la bande de passer des vacances dans un coin sympa au bord du Tarn. Il expliqua que sa tante travaillait à Millau dans une ganterie et qu'il passait presque toutes ses vacances au près d'elle ou plutôt dans sa région. Il aimait ce petit coin de France. Après un cours de géographie, il nous donna envie d'y passer quelques vacances, histoire de calmer notre curiosité et proposa d'y passer l'été, tous ensemble dans un petit village abandonné qu'il connaissait. Il y avait déjà passé des vacances avec une petite parisienne en mal de découvrir à quoi pouvait ressembler une mouche, une sauterelle, un pâturage, une bouse et des grands fous rires en se rendant compte de l'effet d'une fourmi dans un sac de couchage.
Méfiant, Max voulut savoir s'il y avait l'eau, l'électricité.
Les sex-shops et les drugstores pourquoi pas, lui avait répondu Serge. T'as de l'eau, de quoi te baigner, boire et te laver, le reste R.A.B !
- T'as de bonnes idées, faut voir, de toute façon pour moi les vacances, c'est encore loin, je suis en dernière année, je ne compte pas queuter, ça me ferait suer de recommencer, je veux vivre comme je l'entends.
- Comme tu l'entends, avait repris Marc, on ne dirige pas tout, on subit beaucoup!
- Je me comprends, les S'il vous plaît, Monsieur, pour aller faire pipi
y en a marre.
- OK! J'ai capté.
- En tous cas vivement que ça se termine, j'y fous le paquet et je largue tout après, avait dit Keit. Je veux m'éclater et vivre un peu autrement que les vieux. Une idée de ras le bol et une envie de liberté se dégageaient en fait l'idée de Serge ne me paraissait pas si saugrenue que ça.
Après la guitare, les pâtes, le jaja, Max m'attira près de lui, je n’eus qu'une envie : me coucher pour lui faire l'amour et oublier cette violence, ce désordre.
Démolir pour le plaisir, apogée des plaisirs primaires, du primate homo erectus citadin un peu secoué.
Je rêvais de grands horizons, des ciels pleins d'étoiles, qui vous en mettent plein les yeux. Je rêvais de calme, de silence, loin des emmerdeurs, rapaces démago, sado, politico, nullards, pantins télévisés, se masturbant intellectuellement en galvaudant Verlaine, Baudelaire, bourgeoisie bouillonnante flairant l'argent, le pouvoir.
Début juin, nous étions devenus plus studieux, et nos soirées étaient entièrement consacrées aux études. Max avait déniché trois vieilles tables dans l'arrière cour, on aurait dit des tables de couturier courtes sur pattes comme un basset, peu importe, nos sièges de camping récupérés dans les poubelles s'y accommodaient bien.
La fin de l'année arrivait à grands pas, l'université s'était remise en route comme une vieille loco qui perdait un peu sa pression par les fissures que le temps et l'usure lui avaient fait subir. Nous on sentait notre délivrance proche, les examens salvateurs allaient nous ouvrir les portes de la vie professionnelle qu'on entendait déjà grincer sur leurs gonds. J'avais hâte d'en finir.
Ce n'était pas le cas de tout le monde. Pour Serge et Sylvie l'amour était leur seul but, ils ne se posaient pas d'autre question. Marc travaillait dur, Marie aussi, Cécile peignait, sculptait, pour elle, il ne fallait pas avoir d'étude pour s'exprimer dans l'art, elle était contente d'avoir acquis les bases, après, comme elle disait, lorsqu'on t'a enlevé les roulettes de ton petit vélo, il suffit de pédaler et de tenir ton guidon pour aller droit, droit vers là où t'as décidé.
Greta parlait dans son coin, elle était en dernière année de langue et se concentrait sur ses textes.
Paul jouait de la guitare. Après moi le déluge, aimait-il dire !
Les jours s'égrenaient, on a beau rêver, le temps passe et nous voilà arrivés à la période des examens. Il faisait bon dans cet appartement de fortune, les rayons du soleil l’avaient séché, un grand calme se répandait le soir dans le quartier, la révolte avait changé d'arrondissement.
Un beau matin un homme se pointa bleu de travail et casque orange sur la tête.
- On démolit le tout dans quinze jours, faudra ripper!
- Cool, l'ami, avait dit Paul.
T'attendra huit jours de plus, quand on aura terminé nos examens. Si tu nous fais chier, on s'attache aux radiateurs.
- Ne le prenez pas comme ça, on ne démarre pas par le vôtre, ça vous laisse un peu de temps.
- T’inquiète, on débarrassera le plancher la dernière semaine de juin.
- Ca me va.
Il tourna les talons et on ne le vit plus.
Examens, interros, commissions, résultats, notations, zut, flûte, le tableau noir, il y en a marre, chouette les vacances. Nous avions tous décroché nos examens, un peu
