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L'oubli de Gaston
L'oubli de Gaston
L'oubli de Gaston
Livre électronique123 pages1 heure

L'oubli de Gaston

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À propos de ce livre électronique

   Gaston se réveille au Réel après avoir croisé le regard de Valeria. Il s’était oublié, mais à partir de ce regard, et après avoir failli mourir à cause de l’impact de cet instant qui l’exposa nu devant l’Éternité, il commence à refaire le chemin du Souvenir.

   Juan cherche, on ne peut pas dire qu’il sait ce qu’il cherche, mais nous pouvons témoigner de l’Espoir de Juan dans l’Art de Chercher.

   Valeria, pendant ce temps, regarde le monde et regarde Juan et Gaston. En elle cohabitent deux réalités. L’une, celle de tous les jours, avec un fiancé officiel et des amies et les choses habituelles d’une jeune femme de son âge. L’autre, qui est comme un souvenir, une rhapsodie bohème de cigales raconte le poète, ou une voix dans sa tête qui parfois l’indispose et d’autres fois la transporte vers la matière Essentielle de l’Âme.

  Une place étrange dans une ville banale, une tante aveugle et les fourmis. Et les chiens qui prennent la ville dans une Révolution de puces et d’odeur de chien. Un anniversaire et d’autres paradigmes de l’éphémère remis en question par cette histoire d’Amour Véritable, au-delà du Temps et de l’Espace.

LangueFrançais
Date de sortie5 déc. 2018
ISBN9781547522552
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    Aperçu du livre

    L'oubli de Gaston - Juan Pedropablo

    L’oubli de Gaston

    Magie pour des retrouvailles

    Juan Pedropablo

    Car il en Fut ainsi, Est et Sera

    ––––––––

    Dédié à tous ceux qui à un moment de leur vie ont expérimenté le miracle de la Communion Sacrée dans le regard reflet

    Et un jour, les éléphants se réuniront pour oublier...tous, sauf un

    _Rafael Courtoisie_

    Si moi, Socrate, je m’oublie moi-même, c’est que je ne Suis pas

    _Platon_

    Guidé par cette piste de fourmis, Gaston arrive à des égouts où des clochards, aux bouches malodorantes et sans dents, le reçoivent avec la courtoisie dédaigneuse avec laquelle ils traitent leurs semblables quand ils ne les connaissent pas. Mais en quelques minutes, ils flairent que le nouveau venu n’est pas un clochard ordinaire, par un semblant d’arrogance évanouie. Ils testent, de leurs questions, le mendiant inconnu, comment s’est passée sa collecte de cartons? Est-il vrai que dans l’hospice, on va ouvrir un réfectoire pour les indigents? Sait-il quelque chose de ce collègue, qui avait trouvé dans un tas d’ordures un foetus de six mois, qu’il mangea avec des patates, des oignons et de la citrouille, après l’avoir fait bouillir? Et Gaston les écoute avec attention, mais il ne peut que hausser les épaules ou à y enfoncer sa tête, ce qui revient au même, comme pour dire, je ne sais pas, avec son corps, et maintenant il le dit avec sa voix, je ne sais pas, je ne sais rien, je n’en ai pas la moindre idée. Alors les clochards se regardent entre eux, ruminant leur colère et surtout leur mépris, juste avant de lui lancer une salve d’insultes et de crachats. Mais s’il est quelque chose que Gaston connaît bien, c’est le rejet, il n’a donc pas trop de mal à surmonter ce mauvais moment et à retrouver le parcours sinueux des fourmis, qu’il suit maintenant à quatre pattes comme un bébé. Et marchant à quatre pattes et bavant, il s’introduit dans une galerie d’art qui expose des peintures de l’avant-garde locale, sans être vu par le gardien qui regarde droit vers l’horizon et ne baisse jamais les yeux. Et ceux qui sont là, non seulement ne baissent pas les yeux, mais eux regardent plus haut que l’horizon, ventilant avec leurs nez pincés l’air des hauteurs d’un art fait pour très peu. Pendant un moment, Gaston passe inaperçu, au ras du sol, allant et venant de-ci de-là derrière les fourmis, jusqu’à ce que le capricieux choix de celles-ci détermine une envie de courbes et l’incruste dans l’espace ambigu et intime sous la jupe d’une dame. Le cri cassé d’indignation résonne dans le minimalisme de la salle, perturbant l’attitude du gardien qui, ankylosé à force de regarder l’horizon, ne peut attraper Gaston, qui s’échappe.

    ––––––––

    Il se remet rapidement de la poussée d’adrénaline due à la course et reprend son obstinée poursuite. Il escalade alors avec beaucoup d’efforts, la façade d’une vieille construction, se cramponnant aux moulures et aux corniches, jusqu’à ce qu’il réussisse à atteindre la balustrade, sur laquelle il redresse son corps dans un équilibre incertain. Et il aurait continué comme un chat sûr de lui marchant sur la rouille du toit en zinc, puisque les fourmis noires passaient par là, si son attention n’avait pas été attirée par d’autres fourmis. La fourmilière des gens, pense Gaston, pendant qu’il regarde de la hauteur la perspective d’une avenue bondée de personnes, Juan me l’avait dit, la fourmilière du monde conclut-il dans sa tête. Pendant ce temps, en bas, parmi la foule, quatre ou cinq personnes, arrêtées sur le trottoir d'en face, se tiennent déjà la tête, lui demandant de ne pas sauter. Ne saute pas, frère, s’il te plaît, tu vas obtenir un travail, car il y a un remède à tout dans ce monde, à tout, sauf à la mort, crient-ils, consternés, et ils propagent l’angoisse à des centaines et des centaines de personnes qui maintenant se regroupent sur place, excitées par les sirènes de la police et des pompiers. Mais Gaston les ignore, et déçoit l’excitation de la foule avec un demi-tour désinvolte et, marchant négligemment, traverse le toit en zinc rouillé, se plantant dans le pied une saillie qui perfore la semelle usée de sa chaussure. Mais il ne fait pas attention à la douleur, et saute dans un terrain vague où il cherche dans les herbages le chemin des fourmis, dédaignant les arbustes et épines qui s’accrochent à la toile de son pardessus. Il évite ensuite le dernier obstacle, un monticule de mousse, qu’il franchit sans difficulté, pour ensuite traverser en marchant tranquillement l’allée des peupliers et arriver au centre d’une place où, sous un banc rongé par l’humidité, se trouve la fourmilière. Satisfait, il se laisse aller sur le bois. Il ferme les yeux. Il pique du nez deux ou trois fois, et, quand tout laisse penser que le sommeil va le gagner, il baille à s’en décrocher la mâchoire et prête attention aux sculptures qui peuplent la place. À quelques mètres de lui, une blonde le dévisage négligemment, et Gaston se sent nu, désemparé.

    ––––––––

    Valeria est blonde, grande, ses yeux bleus sont soutenus par un nez droit hautain, et une légère asymétrie dans la composition de son visage accentue une moue, qu’à première vue Gaston prend pour du mépris. Elle travaille dans un service de l’état qui distribue aux pauvres l’aumône du pouvoir. Elle est sur le point d’obtenir sa Licence d’Affaires sociales, et depuis toute petite, quand, dans le jardin de sa maison de village elle protégeait l’oscillation délicate des fleurs balancées par le vent, s’interposant avec son âme et sa petite robe à fleurs aux coups de poing précis de ses cousins qui pratiquaient la boxe, que son côté était le gauche, et quand ses parents divorcèrent et qu’elle partit vivre en ville  avec son chien batuque et sa tante aveugle, dans un appartement avec deux chambres, au huitième étage, elle comprit que son niveau était le gazon, et encore aujourd’hui, elle protège les grillons des pas précis que sa tante aveugle distribue avec une rigueur indécise aux soldats de la place où elles ont l’habitude de se promener à l’heure de la sieste, se tenant par le bras en ressassant des nostalgies, elle arrive à se convaincre que sa couleur n’est pas le gris, car en ville tout est peint en gris, ma tante,tout en gris, malgré les canopées fluorescentes, malgré le carnaval des gestes et des couleurs sur les façades, car en ville on oublie, ma tante, et c’est comme la grisaille, et c’est alors que dans la poitrine de Valeria remontent à la surface les couleurs et l’arôme du terroir natal, de notre village, ma tante, où l’on m’appelait Valeria, au soleil dans les cheveux et aux yeux clairs comme de l’eau.

    ––––––––

    Mais dans tes yeux se trouvait ton empire, ton bruissement de lumière froide et inéluctable, et l’ombre de la nostalgie brisait la glace dans ton regard. Et ce fut un vide de te regarder, Valeria, un vide inversé, car quand tu me remarquas je me sentis nu, désemparé. Et tu semblais sans défense Gaston, exposé là, jeté comme un tas d’os sur ce banc de la place, avec l’expression perdue dans un regard vide, un regard qui semblait être celui d’un aveugle, car tu regardais bien plus loin que ce monde que tu ne voyais pas. Car tu me regardas comme si tu demandais de l’aide. Car je t’ai regardé et j’ai su que j’étais à ta merci. Car tu m’as regardé et sans le vouloir, je te vis. Car tu attiras l’attention de Gaston, et j’eus l’impression qu’il te connaissait. Car je voulus savoir qui tu étais, Valeria, et savoir qui je suis. Et tu avais l’air ivre ou malade, avec ce pardessus ridicule élimé aux coudes, aux poches décousues, et si sale, que s’en était répugnant, sur le banc de cette place où passaient des centaines d’étudiants de l’université, qui s’arrêtaient pour se moquer de ce vieux pardessus, la mode dernier cri, peut-être, ce qui se porte, disaient-ils, des pardessus de grand-père, disaient-ils en riant. Mais tu étais aveugle à tout et à tous. Et tu ne remarquas même pas les deux dames qui approchèrent leur visage du tien en murmurant que tu avais l’air drogué, et que peut-être quelqu’un devrait avertir la police, car le pauvre, il a l’air drogué. Mais il suffit que tu essuies avec ta manche la bave qui coulait de ta bouche et que tu tires la langue comme un bébé, balbutiant quelque chose, pour que leurs bonnes intentions se changent en indignation, pendant qu’elles s’éloignaient horrifiées en criant que tu étais un dégénéré, et à quel point la jeunesse était perdue, car tu bavais Gaston, tu bavais, parlant tout seul, aveugle à tout, jusqu’à ce que tu me regardas. Et ce fut comme une pitié sans pitié, un mélange de tendresse de mère et quelque chose en plus. Et si j’avais su Gaston, je te jure que je t’aurais craché dessus ou donné des coups de pied, ou peut-être t’aurais je embrassé, Gaston, je t’aurais embrassé.

    ––––––––

    Ça va?

    Oui, et toi?

    Moi? – Valeria sourit – Je vais bien. Mais toi, je ne sais pas, j’ai pensé que tu n’allais pas bien.

    Je regardais seulement les sculptures.

    Ah bon? super, moi j’adore peindre – dit Valeria avec un enthousiasme un peu feint – parfois, je fais aussi des choses en argile, de petits objets, et

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