SVHS : En deux décennies, la paléogénétique a bouleversé notre compréhension des origines humaines. Sommesnous aux prémices de cette révolution ?
La paléogénétique apporte un éclairage puissant sur la complexité de l’évolution humaine et elle a déjà résolu certaines questions lancinantes : le développement d’ ne peut plus être pensé comme l’ascension irrésistible d’une espèce qui conquiert la Terre en remplaçant, voire en anéantissant toutes les autres sur son passage. Il faut désormais tenir compte de ses multiples métissages biologiques et culturels avec d’autres formes du genre Homo. L’extraction et le séquençage de l’ADN des hominines fossiles concernent essentiellement des vestiges appartenant aux périodes les plus récentes du Paléolithique et à des régions favorables à la conservation de ces traces biologiques. On peut certes rêver de trouver encore de l’ADN d’autres espèces d’hominines plus anciennes, mais nous n’avons certainement pas fini d’explorer ce qu’il y a à trouver chez Néandertal et Denisova. Ces espèces ont vécu entre 300 000 et 400 000 ans dans une aire eurasienne très vaste et dans une période comprenant de nombreux bouleversements dans les frontières biogéographiques, ne serait-ce que parce qu’elle comprend trois cycles d’alternance glaciaire-postglaciaire. Avec les techniques d’extraction d’ADN environnemental, on pourrait espérer reconstruire l’histoire génétique et géographique entière de l’une de ces espèces,